Devant une vingtaine d’ambassadeurs convoqués à Kinshasa, le Président Joseph Kabila décrète la renonciation à tout appui de la Monusco dans la traque des Fdlr… « La RDC ne veut aucune ingérence dans ses affaires », a lancé Kabila aux diplomates accrédités à Kinshasa tenant à leur faire ‘une mise au point’ indiscutable.
« Les Commandants supérieurs de l’armée collaborent avec les Fdlr. Comment dans cette situation ils peuvent les pourchasser ? », s’est posé la question au micro de RFI ce dimanche 15 février un commerçant de Goma qui ne tient pas à décliner son nom.

Entretemps, Kinshasa pourchasse les éléments favorables au M23 à Goma et dans d’autres villes de la RDC. Un communiqué de la direction en exil ugandais du M23 montre une situation alarmante avec l’enlèvement d’un certain Philo par les forces de renseignement congolais.

« Sur 37 cas répertoriés, nos services ont réussi à documenter avec force détails l’enlèvement du Monsieur Nzitonda Philémon, alias Philo. Il a été appréhendé le mardi 10 février 2015 entre 16h30 et 17h00 au poste frontalier de Goma communément appelé Grande-Barrière lorsqu’il tentait de se rendre dans la ville voisine de Gisenyi.

(Il a été) conduit au petit poste de l’ANR derrière le bâtiment de la Direction Générale des Migrations pour ensuite l’acheminer nuitamment à bord d’une Jeep des FARDC au bureau de renseignement militaire dénommé T2 où il a passé deux nuits sous sévices corporels soutenus lui administrés par le capitaine Blaise.

Il nous est rapporté que les Officiers ABOUBACAR et Blaise (qui l’ont arrêté) agissaient sur instruction directe du Général Delphin KAYIMBI, patron des renseignements militaires en RDC.

Ce jeudi 12 février 2015 à 13h30, par un vol régulier de la compagnie CAA, Monsieur Philémon Nzitonda a été acheminé à Kinshasa sous bonne escorte des agents des services de renseignement militaire », lit-on dans le communiqué signé par le Président du M23 Bertrand Bisimwa montrant que cette animosité accompagne un manque de bonne volonté du Gouvernement de Kinshasa à poursuivre le rapatriement des M23 et leurs parents disséminés au Burundi, en Uganda et au Rwanda.

Le communiqué montre des citoyens congolais indésirables par le Clan Kabila. Toutes les démarches de répression sont inventées afin de décourager tout retour à la paix dans la région.

« Les investigations se poursuivent pour retrouver les traces de 36 autres personnes enlevées dont les familles restent toujours sans nouvelles.

Pareilles initiatives violent les droits fondamentaux des citoyens, sont contraires aux déclarations signées à Nairobi par le Gouvernement de la RDC et le Mouvement du 23 Mars et préjudicient gravement le processus de paix issu du Dialogue de
Kampala.

Elles découragent tout mouvement de retour au pays des cadres, membres et sympathisants de notre Mouvement et risquent d’expédier à l’exile des nouvelles familles… »

Kigali suit les nouveaux retournements de la situation. Pour lui, tout était prévisible. Kabila veut-il compliquer la situation en refusant toute gestion conjointe avec la Monusco des opérations militaires contre les Fdlr ?

 

Parfaitement, « il a promis aux Fdlr de les aider à rentrer chez eux pour reprendre le pouvoir à Kigali en échange de quoi, ces Fdlr devaient le satisfaire dans ses basses besognes comme le torpillage des élections en sa faveur, la sécurisation et une grande productivité de ses mines d’or, de coltan dans l’Est … », confie un analyste de la région des Grands Lacs.

Un autre observateur de la région en vient à l’idée que ni Kabila ni ses amis de la SADC encore moins les Occidentaux, personne ne veut un Congo puissant et organisé que réclament les mouvements rebelles qui ont pris naissance dans sa partie Est ; le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), le CNDP (Congrès National Démocratique du Peuple Congolais de Laurent Nkunda ou ce finissant M23.

 

Eléments du M23 peu avant leur cuisante défaite par les forces internationales coalisées avec les FARDC et les Fdlr. Comment ces FARDC pourront-elles défaire ce mouvement rwandais qui a montré sa supériorité dans les combats contre les M23

Cet observateur circonscrit son analyse dans un cadre un peu plus grand. Il montre un Kabila qui tient à sa promesse faite aux Fdlr pour les prestations qu’elles lui ont rendues. Il montre ensuite Kabila ayant de fortes affinités avec les Sud-Africains et Tanzaniens.

Pour lui, si les Sud Africains ont montré peu d’empressement à pourchasser les Fdlr à l’annonce de la fin de la date d’ultimatum donné à ces derniers pour un désarmement pacifique, « Zuma et les Sud Africains ont des relations très restreintes avec les Fdlr au vu des intérêts économiques que poursuivent les Sud africains en RDC », a-t-il confié avant d’ajouter :

« Par contre, si on observe les intérêts des Sud Africains avec Kabila, tout vœu de Kabila peut être exaucé ou pris pour une obligation à faire par les Sud Africains. Tenez, les Sud Africains exploitent le Barrage Hydroélectrique d’Inga, les Mines du Katanga et celles du Kasai (Miba). Ils lorgnent également sur le pétrole du Lac Albert, à l’Est. Toutes ces activités, c’est essentiellement la famille Zuma qui les mènent.

Par sa position de ne pas attaquer les Fdlr, on voit bien que Zuma le Sud Africain veut se positionner et faire sentir son influence économique et politique dans la région de l’Afrique centrale. Cependant, dans tout ceci, il est encouragé par la Tanzanie et la France qui ont des intérêts certains dans cette situation ambivalente dans cette région. Sinon, l’Afrique du Sud n’a rien d’attachement avec ces Fdlr », a-t-il dit.

 

La France au cœur de l’imbroglio congolais

D’autres observateurs de la région s’étonnent de voir comment la Monusco soudain durcit le ton à cause de deux généraux congolais appelés à superviser les opérations militaires contre Fdlr unilatéralement convoquées par le Gouvernement de Kinshasa.

 

Un Instructeur français en exercice avec les Interahamwe avant 1994 au Rwanda

« Il doit y avoir une certaine supercherie entre le Gouvernement de la RDC et les responsables de la Monusco au haut niveau. Les généraux récusés par la Monusco n’ont jamais été cités pour des exactions quelconques ou des crimes contre l’humanité que ce soit.

Pourquoi la RDC subitement annonce-t-elle entreprendre des opérations contre les Fdlr pour un plan dont la conception a été menée conjointement avec la Monusco ?

Pourquoi, la Monusco se propose-t-elle de soutenir logistiquement ces opérations à la condition que les généraux nommés aux commandes de l’opération soient dégommés car, avant les responsables de la Monusco, ces derniers sont cités dans les exactions relevées par l’ONG HRW (Human Right Watch).Ne s’agirait-il pas d’un petit complot compris entre les deux parties pour justifier la non poursuite sérieuse contre les Fdlr et sauver ainsi la face ? », se demande un analyste politique Deo Ntarugera dirigeant la fondation Rufari International.

Pour cet observateur politique, la RDC étant dans la zone d’influence française, tout se fait de façon qu’une grande pression française est exercée sur Joseph Kabila afin qu’il assure une grande protection de ces Fdlr qui restent une pièce essentielle dans l’équilibre de forces, la seule force pouvant contrer toute possible aventure de l’influence rwandaise qui attaque les intérêts géostratégiques français à Kinshasa, Brazzaville, Bangui, Libreville, lomé …

« La Monuc puis la Monusco, qu’est-ce cela peut-il signifier d’autre si ce n’est le fait d’être un Cheval de Troie placé aux portes ouest de Kigali pour neutraliser Kigali ou pour le décourager et le forcer à ne plus penser à tenter une aventure comme celle de Kinshasa quand il accompagnait les AFDL (Alliance des Forces de Libération du Congo) en 1996 ? La France a vu en cette année 1996 que le FPR rwandais (Front Patriotique Rwandais) de même que le NRM (National Résistance Movement) ugandais aux velléités indépendantistes affichées, sont capables de répandre leur influence dans le pré carré français de l’AEF (Afrique Equatoriale Française) », a-t-il ajouté.

La Monusco peut-elle se dédouaner ?

« La Monusco doit prouver qu’elle n’est pas dans la conjuration du silence autour des Fdlr. Comment au moment d’opérations cruciales contre les Fdlr, communément fichées comme éléments de déstabilisation de la région, la Monusco s’excuse aux yeux du monde pour avoir relevé quelques défauts des hauts gradés congolais ? Avouez qu’il y a anguille sous roche », confie un autre analyste qui a requis l’anonymat.

Ainsi, l’opinion publique de la région trouve que l’annonce unilatérale congolaise de non collaboration avec la Monusco obéit à un agenda caché compris en sous main par les deux parties avec un acquiescement entendu de la France par le biais du Français Ladsous, le Secrétaire Général adjoint de l’ONU au maintien de la Paix qui tient toujours au maintien des Fdlr jouant la parité et l’équilibre des forces et des influences anglo-françaises dans cette Afrique-ci.

 

Fdlr en briefing dans les forêts congolaises

Mais cela a des répercussions indénombrables. Comment une France des droits de l’homme et démocratique de l’après-Mitterrand peut-elle pactiser avec un mouvement armé coiffé de commandants et autres dirigeants présumés criminels de génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 ?

Une telle France ne devrait pas violer les règles universelles d’éthique humaine tout autant qu’elle devrait entreprendre une campagne de sensibilisation à l’endroit des exilés rwandais sur le territoire rwandais afin de tempérer leurs idéologies ethnocentristes qui torpillent dangereusement les valeurs démocratiques universelles.

 

Training de force paramilitaire Interahamwe à l’approche d’Avril 1994 avec des instructeurs français : épreuve d’endurance.

Publié le 16-02-2015 par Jovin Ndayishimiye

http://fr.igihe.com/politique/le-congolais-joseph-kabila-machiavelique.html

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