Ce Samedi 9 mai 2015, une commémoration du génocide perpétré contre les Batutsi du Rwanda de 1994 a été organisée à l’université de Louvain-La-Neuve où la parole était donnée aux jeunes.
Dans ce cadre, des descendants de rescapés ont voulu délivrer un message tout comme Julien André, Président de l’Association Belge Souviens-Toi Le 7 Avril !, qui a prononcé un discours fort et engagé sur la Grand-Place de Louve-La-Neuve devant une centaine de personnes.
Il a commencé par rappeler que : « les meurtres systématiques et sciemment programmés pour exterminer, une partie de population, sa culture, son passé, son futur et ce pour des motifs ethniques » ne représentent pas des faits innommables mais portent bien le nom de Génocide.
Réquisitoire contre les négationnistes
Il a ensuite prononcé un véritable réquisitoire contre les négationnistes et révisionnistes.
« …vingt-un ans ont passé. Et depuis, la reconstruction du Rwanda est impressionnante (…) mais, malgré cela, la communauté rwandaise doit encore combattre des démons présents sur un territoire dépassant majoritairement ses propres frontières ».
« Que ce soit en France, en Belgique ou même à un niveau supra national, les révisionnistes et les négationnistes du génocide perpétré contre les Batutsi du Rwanda ont le champ libre de tenir leurs propos sans aucune répression »
(…) « C’est pourquoi, je suis ravi de me joindre, humblement, à l’appel, lancé par l’ambassade de la République du Rwanda en Belgique qui, comme notre association l’avait fait en 2014, a demandé aux mandataires de prendre les dispositions nécessaires pour prohiber le négationnisme et le révisionnisme ».
Mais comment ? Pour répondre à cette question, Julien André a repris les mots qu’il avait prononcés en 2014.
« Nous pourrions étendre la loi du 23 mars 1995 prohibant le génocide des juifs durant la seconde guerre mondiale au cas du Rwanda, soit en renvoyant cette loi à une disposition générique qui ne nommerait aucun génocide mais qui référait à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des nations Unies de 1948.
De cette manière, les thèses révisionnistes et négationnistes pourraient être punies, ce qui soulagerait un peu plus la souffrance des rescapés et montrerait que la Belgique partage, elle aussi, l’idée simple et puissante d’un « PLUS JAMAIS CA ». »
Il a continué en expliquant que, depuis l’appel relancé par l’ambassade de la République du Rwanda en Belgique, le 7 avril dernier, cette idée avait reçu un écho différent.
« Nous pouvons, en effet, accueillir avec beaucoup d’enthousiasme et d’optimisme la mise à l’agenda de la chambre des représentants, sous proposition des fédéralistes démocrates francophones, de l’étude d’une éventuelle extension de cette loi à l’ensemble des génocides.
Cependant, il faut prendre cette proposition avec réalisme et avec les précautions nécessaires quant nous savons que ce n’est qu’une des premières étapes du processus décisionnel. » Néanmoins, « il faut être optimiste » a-t-il conclu à ce sujet.
« Le négationnisme et le révisionnisme ne sont en rien, l’expression d’une pseudo liberté d’expression »
Il a poursuivi en s’adressant directement aux négationnistes et révisionnistes :
« Que ce soit clair, le négationnisme et le révisionnisme ne sont en rien, l’expression d’une pseudo liberté d’expression mais plutôt certaines des pires insultes à la dignité intellectuelle et morale. En effet, il importe de savoir qu’un droit n’est pas absolu et qu’il existe des abus de liberté d’expression quand ils nuisent à autrui. Alors, j’ose le dire aux négationnistes, vous n’arriverez pas à changer la vérité du génocide qui vaincra car elle sera encore portée par les passeurs de la vraie mémoire ! ».
« le Burundi est entrain de sombrer dans le même scénario connu jadis au Rwanda… Ne répétez donc pas les erreurs ! »
Avant de rendre la parole, Julien André a tenu à lancer un appel de vigilance et de mobilisation quant aux événements se déroulant au Burundi.
« Les génocides dans l’histoire ont assez fait de victime… Et ce serait une insulte supplémentaire à leur mort si ce passé, et notamment l’exemple du génocide perpétré contre les Batutsi du Rwanda, n’avait pas servi à la communauté internationale à se remettre profondément en question et à s’interroger sur les raisons profondes qui conduisent certains hommes à cette inconcevable appel du sang ! »
« Il est donc grand temps, et je le dis avec modestie et toutes les précautions nécessaires, chère communauté internationale, de se mobiliser mais surtout d’agir car le Burundi est entrain de sombrer dans le même scénario connu jadis au Rwanda : distribution d’armes aux miliciens, rédaction de listes de personnes à éliminer, déploiement de groupes de tueurs au service des extrémistes… Tant de choses qui rappellent le génocide perpétré contre les Batutsi du Rwanda. » a-t-il poursuivi avant de conclure.
« Ne répétez donc pas les erreurs commises en 1994 où votre indifférence, vos doutes, vos hésitations et votre manque d’action avaient rendu le génocide possible condamnant ainsi des milliers de femmes , d’hommes et d’enfants à une mort certaine et plus que violente. »
Le 10-05-2015 – par Karirima A. Ngarambe
http://fr.igihe.com/droits-humains/21eme-commemoration-du-genocide-des-tutsi-a.html
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