Selon Mme Mukabalisa, ces demandes affluent depuis plusieurs mois au parlement sous la forme de pétitions spontanées. Elles émanent d’individus, de groupes d’individus ou d’associations qui envoient des lettres ou se présentent en personne, a expliqué Mme Mukabalisa.
Ce sont les gens qui prennent cette initiative, (…) ils ne sont pas du tout forcés, a poursuivi Mme Mukabalisa. Lorsqu’ils expriment leurs souhaits, on voit qu’ils le font du fond du coeur. Ce n’est pas quelque chose que l’on dicte à la population, a-t-elle assuré. Si l’on regarde où le pays était en 1994 et maintenant, les développements sont spectaculaires, a-t-elle souligné.
Les deux chambres composant le parlement – toutes deux dominées par le parti au pouvoir FPR (Front patriotique rwandais) – se prononceront sur les suites à donner à ces pétitions en séance plénière entre le 5 juin et le 4 août, a précisé la présidente de la chambre des députés.
La Constitution rwandaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit donc en l’état à Paul Kagame, élu en 2003 et en 2010, de se présenter une troisième fois.
M. Kagame est au pouvoir depuis que sa rébellion du FPR a mis fin au génocide de 1994 qui, selon l’ONU, a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Vice-président et ministre de la Défense après le génocide, il tenait déjà alors les rênes du pays, avant d’être élu président en 2003 avec 95% des voix, et réélu tout aussi triomphalement (93%) en 2010. Il est crédité des nombreuses avancées du Rwanda depuis le génocide, mais dirige son pays d’une main de fer.
En vertu de la Constitution rwandaise actuelle, adoptée en 2003, le président est élu pour un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, et en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels (article 101).
Toujours selon le texte fondamental, l’initiative de la révision constitutionnelle appartient concurremment au président de la République après délibération du Conseil des ministres, et à chaque chambre du parlement sur vote à la majorité des deux tiers de (leurs) membres.
Cette révision ne pourra ensuite être adoptée qu’après un vote à la majorité des trois quarts des membres du Sénat et de l’Assemblée nationale, suivi d’un référendum populaire.
L’annonce de cette possible réforme constitutionnelle pour permettre un nouveau mandat présidentiel de M. Kagame est un sujet brûlant sur le continent africain.
Au Burundi voisin, un vaste mouvement de contestation populaire secoue le pays depuis que le président Pierre Nkurunziza est officiellement candidat à un troisième mandat à la présidentielle en juin prochain.
Au Burkina Faso, la population a chassé Blaise Campaoré du pouvoir en octobre après qu’il eut annoncé son intention de modifier la Constitution pour se représenter. Plusieurs autres chefs d’État africains, comme celui de République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, ou du Congo Denis Sassou Nguesso, sont soupçonnés de vouloir modifier la Constitution de leur pays afin de se maintenir au pouvoir.
(©AFP / 27 mai 2015
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