Un journaliste rwandais, travaillant pour des médias de son pays, a été arrêté et inculpé d’espionnage au Burundi, faute d’accréditation, a annoncé vendredi le procureur de la province de Muyinga (nord-est), frontalière du Rwanda et de la Tanzanie, où il a été interpellé.
Les autorités burundaises ont durci le ton contre la presse locale et étrangère depuis le début, fin avril, du mouvement de contestation contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un nouveau mandat. Étienne Besabesa Mivumbu – travaillant selon l’Agence rwandaise de presse (RNA, privée) pour la radio Ibuza et le site Igihe.com – a été arrêté lundi, en compagnie d’un taxi-moto rwandais qui le transportait, dans la commune de Giteranyi, a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Muyinga, Ernest Nduwimana, joint par téléphone depuis Bujumbura. Il avait sur lui un enregistreur, une caméra et des pièces (d’identité) qui montrent qu’il est journaliste, a poursuivi le procureur. Nous l’avons inculpé d’espionnage parce c’était un journaliste qui cherchait des informations sans avoir d’accréditation, mais les enquêtes continuent pour confirmer ou infirmer ce chef, a-t-il expliqué, précisant qu’il avait été écroué à la prison centrale de Muyinga. Selon le correspondant provincial de l’Association de protection des droits de l’Homme et des personnes détenues (APRODH), Adam Ruhamiriza, M. Besabesa Mivumbu a expliqué aux enquêteurs qu’il effectuait un reportage sur l’agriculture au Burundi et le commerce transfrontalier. Le Burundi a, à plusieurs reprises récemment, accusé la presse, notamment étrangère, d’encourager le mouvement de contestation qui agite Bujumbura et – dans une moindre mesure – plusieurs localités de province depuis fin avril. Au beau fixe ces dernières années, les relations se sont tendues depuis plusieurs mois entre Kigali et Bujumbura, notamment depuis que la justice burundaise a affirmé fin 2014 que des cadavres retrouvés ligotés ou empaquetés sur le lac Rweru qui sépare les deux pays provenaient du Rwanda. La brouille s’est encore accentuée quand le président rwandais Paul Kagame a récemment suggéré à son homologue burundais de renoncer à un troisième mandat. Certains cadres du pouvoir burundais soupçonnent également le Rwanda d’être impliqué dans la tentative de coup d’Etat de militaires qui ont essayé sans succès de renverser M. Nkurunziza les 13 et 14 mai. Richard Gimarahoro, président du Conseil national de la Communication (CNC), l’organe de régulation des médias au Burundi, a indiqué à l’AFP avoir rendu visite jeudi au journaliste et à son compagnon. Le CNC a demandé au procureur d’accélérer les enquêtes pour que le journaliste soit blanchi ou qu’il soit définitivement (…) traduit en justice, a-t-il déclaré, assurant que les deux hommes lui avaient dit être bien traités depuis qu’ils sont dans la prison. Mais le correspondant de l’APRODH, qui les a également rencontrés, a dit avoir constaté qu’ils portaient des traces de coups sur le derrière et sur le dos. Ils ont dit qu’après leur arrestation par un agent de la +Documentation+ (services de renseignement), ils ont été interrogés et frappés à coups de bâton sur le dos, le derrière et la plante des pieds, a expliqué le défenseur des droits de l’Homme, ils nous ont dit qu’on leur demandait de révéler les endroits où il y avait des camps d’entraînement pour des rebelles burundais au Rwanda. (©AFP / 12 juin 2015
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