L’Afrique serait-elle le nouvel îlot de prospérité du monde ? Certains pays du continent semblent en faire la preuve. Parmi eux, le Rwanda .Ce pays de l’Afrique de l’Est connaît une croissance économique que d’aucuns qualifient de miracle, surtout quand ils se plongent dans la mémoire de ce peuple martyrisé 20 ans plus tôt par un génocide.Qu’est-ce qui explique la fulgurante croissance économique du « nouveau Singapour Africain ? »
La croissance économique du Rwanda se mesure désormais à l’aune du nouveau visage de la capitale Kigali. Ronds-points bien entretenus, propreté extrême, feux de signalisation équipés de décomptes de temps, sécurité maximale. C’est l’aspect qu’offrent les rues de la capitale. A ce décor s’ajoutent les hôtels, les banques et les centres de conférences qui poussent dans toute la ville. Pour comprendre cette mutation de Kigali, il faut s’attarder sur quelques statistiques. Ces cinq dernières années, le Rwanda a affiché un taux de croissance annuelle moyenne de 8,4%. Des statistiques qui ne sont pas portées par la providence de la baguette magique. Plusieurs secteurs d’activité contribuent à ce boom économique
Au commencement était la RDB
Le pays des mille collines doit sa croissance à une politique gouvernementale dynamique qui favorise la création et la gestion d’entreprises à travers la RDB plus connue sous l’appellation de l’Agence nationale en charge de la promotion des investissements. La RDB est une fusion des différents services consacrés à la création d’entreprises dans le pays ainsi qu’à la promotion des investissements et des exportations. Elle a été mise en place en 2009 par l’Etat et a contribué de façon remarquable à l’allègement des formalités inhérentes à la création d’entreprises. En 2005, par exemple, il fallait remplir neuf formalités pour lancer une entreprise alors qu’aujourd’hui, il n’y a que deux démarches à mener et ceci en trois jours, selon la Banque mondiale. Les sociétés peuvent même s’enregistrer en ligne et gratuitement. Cet allègement des démarches administratives a exercé un attrait remarquable sur les investisseurs étrangers.
Entre 2005 et 2009, les flux d’investissements étrangers directs vers le Rwanda sont passés de 8 à 118,5 millions de dollars selon les statistiques de la Banque Mondiale. Les chiffres de 2014 parlent de 500 millions de dollars d’investissements étrangers dans le pays. Le gouvernement ambitionne de doubler ce chiffre en 2015 .Par ailleurs, l’exécutif rwandais a en projet de construire des zones économiques spéciales (ZES) dans tout le pays à l’image de la KSEZ (zone économique spéciale) de Kigali située dans le district de Gasabo. L’objectif est de mettre à la disposition des investisseurs, des terrains industriels et commerciaux avec une couverture électrique et un bon système de transport afin qu’ils explorent les potentiels inexploités du pays. Ce climat favorable à l’investissement étranger, dans le pays, se matérialise par les tours administratives, les malls, les nombreux hôtels et les unités de transformations agroalimentaires en cours de construction à travers tout le pays. L’autre pôle de croissance du pays est l’innovation technologique.
Mille collines de technologie
Le gouvernement rwandais a décidé de faire du pays un carrefour de l’innovation technologique en Afrique. Une ambition qui se traduit déjà par de nombreuses initiatives à commencer par l’accès au wi-fi. En effet, les autorités ont signé un contrat avec KT Corps, le premier opérateur télécoms de Corée du Sud pour permettre à 95% de la population rwandaise d’être connectée à la 4 G dans les trois années à venir. Néanmoins, le pays dispose d’une bonne connexion wi-fi grâce aux télécentres reliés au réseau de fibres optiques que le gouvernement a installé dans les 30 districts du pays. Kigali, la capitale, s’est déjà dotée de plusieurs spots wi-fi qui garantissent un accès convenable à internet aux habitants de la ville. Par ailleurs, le pays vient de recevoir l’avis favorable de l’entreprise VISA pour qu’elle y déploie un nouveau système de paiement mobile qui va se substituer à l’argent liquide.
L’objectif est de relier les habitants des zones rurales qui n’ont pas l’habitude des services bancaires. Kigali abrite aussi des incubateurs de start-up comme le K-lab, un espace collaboratif où les jeunes entrepreneurs et autres ingénieurs viennent se mesurer lors de hackathons ou participer à des ateliers et à des conférences. Le K-lab héberge aujourd’hui 11 start-up qui ont déjà conçu des applications utilitaires à l’image de Foyo qui envoie des conseils quotidiens d’hygiène et de diététique à ses utilisateurs ou même TorQue qui dispose d’un système d’inventaire dans le Cloud. L’une des plus grandes réussites du K-lab est GiralCT, une entreprise qui fabrique des tablettes et des smartphones accessibles aux plus démunis grâce à un système de paiement mensuel. L’espace collaboratif travaille en participation avec l’Université Carnegie Mellon, un campus de recherche installé dans le même immeuble que le sien. Le pays contribue aussi au projet One Laptop per Child dont l’objectif est de mettre à disposition des jeunes les plus pauvres de la planète des ordinateurs à moindre coût. Le projet a déjà distribué plus de 200.000 ordinateurs portables dans plus de 400 écoles réparties sur toutes les mille collines.
Les innovations technologiques touchent aujourd’hui le quotidien de tous les Rwandais. Elle va de l’informatisation des titres de transport aux services d’opérations bancaires par téléphone mobile. L’opérateur de téléphonie mobile MTN s’est par exemple associé à la banque commerciale du Rwanda pour lancer un service d’opération bancaire par téléphone qui permet à des milliers d’abonnés de virer de l’argent d’un compte à l’autre, de payer leurs factures d’électricité, de télévision et de retirer de l’argent au moyen d’un simple SMS. L’agriculture non plus n’est pas épargnée par cette effervescence technologique. Grâce au programme e-Soko, les agriculteurs peuvent recevoir les dernières informations sur le cours des produits agricoles à partir d’un SMS. Dans le secteur de la santé, le gouvernement distribue des milliers de téléphones cellulaires aux agents de santé communautaires pour leur permettre de suivre l’état de santé des femmes enceintes et d’alerter sur les situations d’urgence. D’un autre point de vue, le pays de Kagamé doit aussi sa croissance à une administration moins corrompue.
Corruption et absence de résultat: deux erreurs à ne pas commettre sur les mille collines
Selon la Banque mondiale, le Rwanda est le premier pays le moins corrompu de l’Afrique de centrale, ce qui le hisse au 49° rang mondial. L’obligation de résultat aussi explique le miracle économique du pays. Depuis 2006, chaque fonctionnaire signe un contrat fixant des objectifs précis qui, s’ils ne sont pas atteints, autorisent le renvoi de ce fonctionnaire.
Le pays s’est aussi doté d’un système de santé efficace qui a permis de couvrir une grande partie de la population en décentralisant totalement les services de soins. Du fait de cette réforme, l’espérance de vie est passée, en quelques années, de 45 ans à 63 ans, la mortalité maternelle est en baisse de 40% et le taux d’accouchement dans les hôpitaux a doublé. Le recours à la contraception a triplé en 10 ans et l’immunisation des enfants est chose effective.
Une assurance maladie pour tous
98% des Rwandais bénéficient d’une assurance maladie publique. Le régime d’assurance maladie rwandais se divise en trois catégories. La première englobe les employés de l’Etat et les agents du gouvernement qui sont pris en compte par la Rwandaise d’Assurance maladie et le MMI, deux sociétés d’assurance maladie publiques. La seconde concerne les employés des secteurs formels qui ne sont pas des fonctionnaires. Ils sont pris en charge par des sociétés d’assurance privées. La dernière cible est la population qui évolue dans le secteur informel, c’est-à-dire 95% de la population. Cette catégorie est couverte par la CBHI (Community Base Health Insurance). Elle offre une approche toute nouvelle dans l’assurance maladie en Afrique. Dans ce système, le territoire est organisé en fonction d’une délimitation de districts et de secteurs précis .Il est fait obligation à chaque centre de santé de comporter une section de CBHI. Aussi, l’élection des représentants en charge d’administrer les CBHI dans chaque village est-elle laissée aux soins des populations en relation avec le personnel du ministère de la santé. Par ailleurs, le développement rapide des CBHI a failli mettre en péril la pérennité du modèle parce qu’ils n’arrivaient pas à couvrir les populations les plus défavorisées. Mais le gouvernement rwandais, dès 2011, a réformé le système en introduisant une certaine progressivité dans le paiement des prises en charge. Mieux, il a mis en œuvre un système managérial d’allocation de subventions aux CBHI qui ont réalisé les meilleures performances. Cette stratégie a permis d’améliorer les soins prénataux et pédiatriques.
En outre, l’offre d’énergie dans le pays devrait progresser à moyen terme. Le gouvernement a déjà eu l’accord de principe de plusieurs investisseurs étrangers pour l’installation des centrales hydroélectriques et des fermes solaires dont on attend une puissance supplémentaire d’au moins 150 MW, dans les années à venir. L’Etat envisage aussi d’étendre le réseau ferroviaire. Il sera construit, d’ici la fin de la décennie, un chemin de fer est-africain d’un investissement total de 5 milliards de dollars US. Une infrastructure qui va considérablement réduire le coût et la durée des transports dans le pays. Avec ces différents progrès, le pays des mille collines semble s’être définitivement lancé dans le rallye du développement.
Par Rufin Patinvoh
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Posté le 29/10/2015 par rwandaises.com