« Nous ne soutenons pas ceux qui, à des postes de pouvoir, changent les constitutions uniquement pour leurs propres intérêts politiques» ne cessent de scander «les amis» occidentaux de l’Afrique, l’Amérique de B. OBAMA en tête. «Touche pas à “ma” constitution!» semblent-ils dire. Comme si c’était la leur. Ou comme si la constitution était intouchable.
Mais ce qui est le plus inacceptable dans les injonctions, c’est qu’elles sont à géométrie variable. Seule l’Afrique (noire) en fait l’objet. Comme pour les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale. Et pourtant, la souveraineté des peuples et des Etats, de tous les peuples et tous les Etats est inscrite au cœur des relations entre les nations et, à ce titre, elle figure en bonne place dans la Charte de l’organisation Nations- Unies: «l’organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres.»(article1, paragraphe1).
Sollicitée par les journalistes, la Ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a été obligée de rappeler, à maintes reprises, notamment lors du Sommet de la Francophonie de Dakar ou plus récemment à Brazzaville, des évidences:
«Nos pays ne sont pas tombés du
ciel; ce sont des pays avec une histoire, un passé. Nous avons des ambitions pour nous-mêmes et nos peuples d’une part, et d’autre part, nous respectons et sommes prêts à écouter nos partenaires qu’ils soient de l’Occident ou d’ailleurs. Mais, ce qui est clair, en ce qui concerne mon pays, le Rwanda, certaines décisions qui sont souveraines et importantes n’auront des réponses qu’avec des nationaux par le vote et leur choix politique…». Et d’ajouter: «On ne peut pas donner des injonctions aux adultes qui existent à travers des systèmes rodés. Je pense que pour le Rwanda, tout comme pour le Congo, des systèmes politiques sont le résultat de lutte politique dans un dynamisme réfléchi. Surtout, pas d’injonctions.» (Agence d’information d’Afrique centrale, 13 septembre 2015)
Malgré ces rappels, les donneurs de leçon maintiennent leurs injonctions. De quel droit? Le droit d’ingérence que les pays occidentaux se sont octroyé, au nom de leurs valeurs communes qu’ils se représentent et présentent comme supérieures et qu’ils confondent avec les valeurs «universelles». Depuis plus de 500 ans, depuis les «Grandes découvertes» dès la fin du XVème siècle (européen) et uniquement «pour leurs propres intérêts politiques» et économiques.
Et seule l’Afrique est considérée par l’Occident comme un enfant que les parents tiennent par la main pour l’amener à la grande école en espérant la faire entrer, un jour, dans la cour de l’Histoire des grandes nations «civilisées».
Mais avec la fin de la Guerre froide et du monde bipolaire, l’Afrique, partagée et désunie à la Conférence de Berlin à la fin du 19ème siècle(européen), a aujourd’hui compris qu’il faut absolument tourner la page de la colonisation en tournant le dos au modèle de gouvernement et de démocratie « libérale» imposé par l’Occident. Les pays africains cherchent à renouer avec leurs racines et mettre en place des solutions «endogènes». Sous la houlette d’une nouvelle génération de leaders visionnaires et charismatiques comme Paul Kagame .
Le Rwanda est le meilleur exemple de ce réveil et de cette Renaissance du continent noir. En 1994, il avait touché le fond. Et le premier responsable de son Malheur est l’Occident. Par son ingérence coloniale, c’est lui qui a désuni une des plus anciens Etats-Nation d’Afrique noire. Il a été au moins complice passif pour n’avoir rien fait pour éviter ou à arrêter ÇA et, aujourd’hui, il a l’outrecuidance de chercher à lui imposer ses recettes.
Aujourd’hui, le Rwanda est le pays de la démocratie (à dominante) participative, modèle de gouvernement «du peuple, pour le peuple et par le peuple» plus conforme à sa tradition. Celle de l’Ubuntu et (donc) du partage. Un pays où le dialogue social est généralisé et permanent. Parce qu’il n’est pas le monopole des «partenaires sociaux» et des syndicats dits «représentatifs» mais le fait des populations concernées et à tous les niveaux: local (du Village au District) avec l’Ubudehe mais aussi au niveau national avec l’Umushyikirano ou dialogue national (annuel).
Les 3.7 millions de signatures qu’a réunies la pétition pour un troisième mandat de Paul Kagame sont le résultat de ce type de dialogue, qui n’existe nulle part ailleurs. Même en Suisse, avec ses nombreuses votations populaires (près d’une vingtaine depuis 2010). Pratique éminemment démocratique que personne ne critique en Occident: ce serait «une insulte aux électeurs suisses qui sont sages et bien informés». Contrairement aux 3.7 millions de Rwandais qui auraient signé la pétition pro Paul Kagame, contraints et forcés, «manipulés». Encore du deux poids deux mesures inacceptable.
TWAHIRWA André
Posté le 09/11/2015 par rwandaises.com