Le moment est venu de se poser la question de l’avenir des peuples d’Afrique des Grands Lacs (Rwanda-Burundi-RDC) secoués par des drames impardonnables. 200.000 tutsi génocidés au Burundi en 1993 et plus de 500 jeunes au cours de cette année qui s’écoule. Plus d’un million de Tutsi du Rwanda en 1994.

En 1996, tentant de les ramener dans un corridor de retour vers le Rwanda, un nombre de réfugiés rwandais campant sur les bords du Kivu ou de la rivière Ruzizi sont transformés en véritables boucliers humains par les Interahamwe et ex-FAR dans leur fuite dans les forêts congolaises poursuivis par les troupes de libération du Congo AFDL/ Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du Congo en route vers Kinshasa.

Tous ces drames qui se sont abattus sur la région sont très récents au point qu’à eux seuls, ils font fuir toute flamme de culture démocratique. L’Occident juge-t-il la culture démocratique par ses baromètres dont l’alternance démocratique au pouvoir ? C’est une bonne chose. Mais que faire pour des sociétés fragiles comme celles du Rwanda, du Burundi ou de la RDC ?

La question criante revient à celle-ci : faut-il vivre une démocratie de confrontation dans la misère et l’insécurité ou une démocratie contrôlée, disciplinée obéissant aux dures lois du capitalisme de monopole ?

La presse occidentale continue à appliquer les schémas de gouvernance démocratique occidentale à l’Afrique. Collette Braeckman parlant de la crise burundaise et des difficiles voies de sortie trouve que le principal médiateur dans le problème burundi, le Président Ugandais Joël Museveni au pouvoir depuis 1986, « n’est pas le mieux placé pour mener une telle négociation ». Elle sous-entend que ce président à vie n’a pas de leçon à donner au Burundais Pierre Nkurunziza qui ne souffre que pour un autre mandat, le troisième, illégal.

Ces occidentaux de ce troisième millénaire oublient vite le quotidien des guerres de succession et des monarques à vie qui dirigeaient l’Europe du 18 et 19èmes siècles. Ils ne comprennent pas que dans l’Afrique actuelle autant que l’Europe de ces temps-là, certains hommes d’Etat, despotes éclairés, sont indispensables, s’ils quittent très tôt le pouvoir, les pays retournent à la case-départ du développement.

« Museveni, l’Ugandais et Kagame, le Rwandais, sont des leaders issus de leurs longues guérillas dites ‘Protracted wars’. Ils sont parfaitement conscients qu’ils ont combattu des régimes sanguinaires. En tant que militaires visionnaires, ils ont du mal à lâcher les rênes du pouvoir pour, au nom de l’alternance au pouvoir, donner le fauteuil à un quidam n’ayant ni l’étoffe ni une certaine vision de ses responsabilités. Ces deux hommes d’Etat sont également pragmatiques, mieux, des dialecticiens. Pour eux, démocratie rime avec la création des richesses et le changement de mentalités. Ils sont loin de Nkurunziza qui passe deux mandats au fauteuil avec un seul bilan : la prière et jouer au football », a confié un analyste économiste sous le sceau de l’anonymat.

« Il va de soit que ces deux leaders ont des tâches difficiles. L’Occident les tolère mais voudrait les voir partir vite car ils tentent des révolutions de mentalités dans leurs pays, avec pour le Rwandais Paul Kagame un élan bien affiché de volonté d’autodétermination et autosuffisance économique », a-t-il ajouté.

Tendances burundaises calquées sur les deux pays frères

« Pensez-vous bien ! Pour sûr le Rwanda a aidé matériellement et financièrement la rébellion du CNDD-FDD. Il l’a fait trouvant qu’une fois au pouvoir, le CNDD-FDD allait adopter des stratégies profondes pour les changements sociaux. Il n’a pas su que les jeunes leaders de ce mouvement allaient attiser des sentiments ethnicistes au lieu de s’atteler à a lutte contre le diable dit ‘Pauvreté’ », a confié un grand fonctionnaire du Gouvernement entre deux séances du 13ème Dialogue National UMUSHYIKIRANO qui vient de se dérouler à Kigali cours de ce mois de décembre 2015 écoulé ajoutant que le même Rwanda s’est proposé de payer les arriérés de cotisation du Burundi de Pierre Nkurunziza dans la Communauté Economique des Pays de l’Afrique de l’Est.

C’est ici que l’œil des journalistes occidentaux ne comprend pas les enjeux dans la région des Grands Lacs.

Kagame (Rwanda) et Museveni (Uganda) ont la rage de voir leurs pays désenclavés par des structures plus grandes comme la EAC avec des infrastructures économiques avantageuses (libre mouvement des personnes et des biens dans l’ensemble) et routières (chemin de fer sillonnant Mombasa-Nairobi-Kampala-Kigali-Bujumbura-Goma-Kisangani) ou touristiques ou des pipelines- terminaux pétroliers à Kampala ou Kigali. Or cela ne peut le faire quand les dirigeants des pays épousent une même philosophie de gouvernance.

Cet état de fait, à lui seul, ne peut décider la presse occidentale à rediriger leurs flèches vers des enjeux rationnels quitte à jeter un regard inquisiteur sur le fait qu’ils valent réellement le prix ces dirigeants qui veulent prolonger leur séjour au pouvoir dans des pays encore fragiles, fragiles dans la mesure où seules les classes sociales bien formées dans des sociétés données dirigent les institutions. Bah ! Collette tient toujours au modèle de démocratie occidentale qu’elle tente d’appliquer aveuglement dans cette Afrique en transe :

« Pourquoi une telle opposition au Burundi, alors que dans la région, d’autres présidents changent la Constitution pour rester au pouvoir ?

Paradoxalement, le Burundi est peut-être victime du fait que dans ce pays, les progrès démocratiques avaient été plus évidents qu’ailleurs : la presse était plus libre, les partis d’opposition existaient, la société civile se montrait active…

Au Rwanda, tous ceux qui oseraient s’opposer à une prolongation du pouvoir du président Kagame risqueraient une arrestation immédiate. Qui peut croire que tous ceux qui ont répondu « oui » au récent referendum constitutionnel au Rwanda n’étaient pas, aussi, poussés par la peur ? », ainsi se questionne Braeckman.

Elle est atteinte de cécité celle-là. Elle ne sait pas qu’au Rwanda la seule classe sociale consistante au Rwanda est celle des paysans. Or celle-ci est entièrement gagnée par le régime de droite du FPR (Front Patriotique Rwandais) et spécialement par son chairman Paul Kagame.

« Les Rwandais sont vraiment sincères dans leur choix pour Paul Kagame. Outre qu’ils l’adulent par sa façon de leur rendre justice immédiatement au cours de ses incessantes visites chez eux dans leurs villages, outre qu’il démet immédiatement un dirigeant pris en flagrant délit de prise de libertés et droits de ses gouvernés, les citoyens de la base communautaire savent que sans lui, ils subiraient de mauvais traitement de la part des hauts gradés de l’armée. Seul Kagame sait discipliner tout le monde », dit Vénuste Karambizi, enseignant universitaire et politologue. Il voulait insister sur le fait que les chancelleries occidentales ou la Communauté internationale ont vu juste en n’envoyant pas leurs observateurs électoraux dans le référendum sur la Constitution révisée. Cette communauté internationale doit avoir suivi avec intérêt ce mouvement populaire des pétitions.

FOREBU- Une nouvelle rébellion au Burundi vient-elle redresser les choses ?

Le FOREBU (Forces Républicaines Burundaises), cette nouvelle rébellion burundaise se déclare dans un environnement de massacres que l’actuel gouvernement Nkurunziza veut rendre ethnique. N’a-t-il pas commandé de l’Est de la RDC un nombre de FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) qui tuent sauvagement les centaines de jeunes burundais à la méthode génocidaire dont elles sont habituées ?

« Les craintes d’une guerre civile, voire d’un nouveau génocide, sont-elles fondées ?
La population n’a certainement pas envie de s’engager dans une telle violence, personne n’en veut. Le régime tente d’ethniciser le conflit, d’opposer Hutu et Tutsi mais jusqu’à présent cela ne marche pas », écrit Collette Braeckman dans son Carnet ne voyant pas que la vision actuelle des pays de la région consiste à se doter de leader dépassant les bassesses ethnicistes ou régionalistes pour afficher une réelle volonté de politiques socio économiques promouvant toutes les couches sociales de la population qui entreront toutes dans l’économie de marché de Mombasa sur le littoral en passant par Nairobi, Naivasha au Kenya, Kampala, Mbarara en Uganda, Kigali, Muhanga, Huye au Rwanda pour Kayanza et Bujumbura au Burundi.

Des analystes tentent de comprendre cette rébellion burundaise et trouve qu’elle enfantera un leader qui participera au redressement des erreurs commis par l’actuel régime burundais ; que ce leader participera activement à la relance des activités de l’East African Community qui désenclavera les trois pays Burundi-Rwanda-Uganda pour faire éclore une industrialisation vivace dans les trois pays.
Publié le 1er-01-2016 par Jovin Ndayishimiye

http://fr.igihe.com/politique/les-grands-lacs-en-transe-pain-et-stabilite-d.html

Posté le 02/01/2016 par rwandaises.com