Les rwandais qui vivent à l’étranger restent attachés à leur pays d’origine

Ils n’hésitent pas à y investir leurs fonds propre et contribuer ainsi à son développement
Patrick Allain NDENGERA, un rwandais vivant au Canada, s’est associé à d’autres rwandais pour venir investir dans leur pays d’origine, la somme de 7 millions de dollars qu’ils possèdent personnellement.

Au cours du 13ème Dialogue National qui s’est tenu à Kigali du 21 au 22 décembre dernier, NDENGERA a présenté son projet immobilier, ce qui a suscité des applaudissements nourris : « Nous sommes à l’étranger, mais nous sommes restés attachés à notre pays d’origine. Nous voulons construire des appartements dans la ville de Kigali ». Ensuite, il a expliqué que les rwandais vivant au Canada ont déjà investi dans plusieurs secteurs par le biais des marchés des capitaux, mais que lui personnellement est persuadé que l’investissement dans l’immobilier contribuera à combler le déficit qui existe au Rwanda, en nombre de logements modestes.

Selon le « Housing Authority du Rwanda », le pays devra combler, d’ici 2018, une demande en logements modestes et inférieurs de l’ordre de 560.000 unités. Dans la seule ville de Kigali, pas moins de 345.000 logements seront nécessaires pour répondre à la demande toujours croissante.

Les rwandais vivant à l’étranger se sentent concernés par tous les programmes nationaux et estiment que leurs investissements devraient, autant que possible, revenir dans leur pays d’origine.

Juste avant que NDENGERA ne prenne la parole, Louise MUSHIKIWABO, Ministre des Affaires Étrangères était intervenue publiquement. Elle a notamment souligné l’importance du lien qui lie la diaspora avec le pays d’origine : « Avant de nommer une Ambassade pour représenter le Rwanda à l’étranger, nous nous assurons que cette Ambassade devienne une maison pour tous les rwandais expatriés dans le pays en question. Nous ne nous demandons plus ce que notre pays doit faire pour nous, au contraire, nous voulons savoir ce que nous pourrions faire pour notre pays ».

Chaque année depuis 2003, le Dialogue National donne l’occasion à tous les rwandais d’apprécier les progrès du pays, tout en leur permettant de poser des questions et de proposer certaines solutions aux problèmes soulevés.

Durant les fêtes de fin d’année, certains rwandais vivent concrètement la solidarité

La veille de Noël, Régis RWIRANGIRA et son épouse, sont partis dans un orphelinat avec la belle intention de faire une surprise à un jeune garçon orphelin de huit ans (Thierry NTWARI). « Nous voulons donner à l’enfant une ambiance familiale, car Noël est essentiellement une fête que l’on vit en famille », a déclaré Régis RWIRANGIRA. Il a ensuite expliqué qu’il était difficile pour eux de profiter pleinement de cette période de fêtes, alors que beaucoup d’autres enfants étaient tristes et solitaires. Avec la venue de Thierry NTWARI, la dernière fête de Noël a pris une tout autre dimension.

La famille RWIRANGIRA s’est empressée d’aller faire un peu de shopping afin d’acheter à l’enfant quelques vêtements bien utiles. Ils étaient nombreux pendant la période de Noël, à prendre cette initiative et d’apporter un peu de bonheur à ces enfants défavorisés.

Cette expérience de partage dure une semaine, durant laquelle les enfants de l’orphelinat partagent une véritable vie de famille. Le Directeur du Centre Cyprien explique : « Ce cadeau de Noël, nous l’avons annoncé aux enfants une semaine avant Noël. Nous leur avons expliqué qu’ils allaient vivre sept jours dans une famille qui avait accepté de partager ces fêtes avec eux ». La réaction des enfants était indescriptible tellement ils étaient incapables de cacher leur joie.

Ces enfants, comme beaucoup d’autres au Rwanda, ont perdu leurs parents ou ont été pris en charge alors qu’ils étaient des « enfants des rues ». Suite à de conflits familiaux ou à la pauvreté certains enfants sont laissés à l’abandon avec tous les risques que cela peut comporter. Selon Comes Sinayitutse, Responsable en charge de la Réadaptation et la Réinsertion des « enfants des rues » au Conseil National pour l’enfance, explique qu’il existe au pays 23 centres qui s’occupent d’environ 800 anciens « enfants des rues ».

Ces centres ont été créés par le Gouvernement ainsi que par d’autres associations philanthropiques. Ces enfants sont tellement blessés qu’ils ne peuvent pas réintégrer une éventuelle famille d’accueil sans une adaptation et un soutien personnel permanant émanant des différents centres.

Pour sa part, le Gouvernement réserve un budget pour aider ces centres à organiser certains divertissements comme la veillée de Noël ou la Saint-Sylvestre pour les enfants qui n’ont pas la chance d’être adopté temporairement par une famille d’accueil. Les autorités ne manquent pas d’encourager davantage les familles rwandaises à adopter ces enfants abandonnés. Actuellement, plus de 2000 enfants ont été adoptés par une famille.

Les personnes reconnues coupables d’implication dans le génocide perpétré contre les Tutsi, doivent indemniser les survivants

Tous les ans, dans le mois de décembre a lieu le « Umushyikirano » (dialogue national) qui rassemble plus de 3000 délégués dont les habitants, la diaspora et les étrangers. L’événement est présidé par le Chef d’État, Paul KAGAME. Pour la première fois, ce rassemblement, tenu du 21 au 22 décembre 2015, ne s’est pas déroulée pas dans les bâtiments parlementaires mais bien dans de nouvelles installations, là où le Sommet du Groupe de la Banque Africaine de Développement a eu lieu en 2014.

Il avait été demandé, dans la résolution 17 de l’édition 2014, que tout soit fait pour accélérer l’exécution des arrêts rendus par les Tribunaux traditionnels « Gacaca », qui portaient sur les biens endommagés lors de ce génocide. En effet, il avait été décidé que les personnes ayant participé au génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, soient dans l’obligation d’indemniser les survivants.

Les Tribunaux traditionnels « Gacaca » (se prononce « gatchatcha ») permettaient par le passé, de régler des différends de voisinage. Il s’agissait d’une assemblée villageoise, composée de personnes élues pour leur bonne réputation et présidée par des anciens. Ce sont ces Tribunaux traditionnels qui ont été réactivés afin d’accélérer le procès de plusieurs centaines de milliers de personnes accusées d’avoir participé au génocide. Sans l’aide de ces Tribunaux « Gacaca », on estime qu’il aurait fallu 200 ans à la Justice rwandaise pour pouvoir traiter les 535.000 affaires qui ont été jugées.

Selon le rapport présenté lors de cette édition 2015 par le Premier Ministre Anastase MUREKEZI, 17.718 cas d’indemnisation ont pu être ainsi résolus pour un total d’indemnisations chiffré à 657.271.051 RWF (880.000 USD).

Les délégués de la 12ème Umushyikirano (en décembre 2014) ont été surpris et attristés par la situation toujours précaire et inquiétante de certains survivants, alors que leurs bourreaux jouissent aujourd’hui d’une totale liberté. Plusieurs dizaines de milliers de cas traités par les Tribunaux « Gacaca » concernaient également en partie, les pillages et les destructions de biens. Les compensations ont cependant été très lentes.

Le Premier Ministre a également confirmé que la numérisation des archives concernant les Tribunaux Gacaca est en bonne voie et sera achevée d’ici deux ans.

Photo : Une femme rwandaise vivant aux Etats-Unis prenant la parole lors du dernier « Umushyikirano »

http://www.newspress.fr/Communique_FR_293607_6304.aspx

Posté le 13/1/2016 par rwandaises.com