Afficher l'image d'origine
 Il faut avant toutes choses comprendre l’énoncé du problème pour tenter de la résoudre. S’impose donc à nous la nécessité d’un éclaircissement sémantique de cet intitulé. Qu’entendez-vous donc par une presse véritable ? C’est croyons nous, celle qui est conforme à l’idée que l’on s’en fait, autrement dit qui mérite son nom et sa réputation. L’adjectif véritable placé avant le nom presse qu’il qualifie revêt un sens fort. Le contraire serait donc une presse fausse, qui n’est une presse que son nom parce que artificiellement, dans les caractères et qualités requis, et pour tout dire, indigne de crédibilité et de confiance. Or, tout le monde sait qu’il ne peut y avoir l’information de qualité sans une relation de confiance avec le public qui la reçoit. C’est du reste cette relation de confiance qui suscite chez les journalistes la mise en œuvre de tous les moyens qui permettent aux citoyens (les lecteurs) de contribuer et de participer à la qualité de cette information ;
                   Les journalistes organisent à cette fin un dialogue transparent sur la qualité éditoriale à travers les courriers des lecteurs, les formations, et les séminaires etc. Mieux encore, la garantie est assurée d’obtenir une rectification  publique quand la relation des faits est altérée. Ainsi une telle presse, qui se serait véritablement digne de porter ce nom serait à réconcilier c’est -à-dire de réunir, remettre en harmonie de construire c’est-à-dire d’imaginer, de forger, d’édifier, de conduire au développement et au progrès. L’histoire récente de la presse au Rwanda, ce pays de l’Afrique centrale (Région des Grands Lacs) nous a révélé la part importante qu’a prise une presse passionnée, en délire et irresponsable parmi les causes de la perpétration d’un génocide des Batutsi annoncé, de l’ampleur inimaginable ! Et l’on peut, sans exagérer comparer le comportement des professionnels des médias rwandais d’alors avec celui du redoutable et exalté communicateur du régime nazi que fut Joseph Goebbels.
Tout le monde sait le rôle désastreux que ce tribun hors pair joua dans les années qui précédaient la deuxième guerre mondiale qui fut déclenchée par les hauts dignitaires du 3éme Reich ; ne furent pas les propos incendiaires et les déclarations enflammées de cet homme exalté- du reste essentiellement fondés sur l’imposture et la falsification –qui surexcitèrent Hitler et peuple allemand, les entraînant à accomplir les pogroms contre les Juifs et autres crimes contre l’humanité ? Devons-nous conclure, suite au génocide des Batutsi  au Rwanda de 1994- à peine une cinquante d’années après le tribunal de Nuremberg _ que la nature humaine est irrémédiablement à l’amender ?
Dans la négative, notamment pour le cas du Rwanda qui nous préoccupe de contribuer à la réalisation d’une véritable presse réconciliatrice et constructive. Tel est notre préoccupation pour bâtir le Rwanda de demain.
Les médias  d’avant génocide  ont joué un rôle très important, de catalyseur de la haine ethnique et sociale. La question qu’on peut se poser est celle-ci : si les médias rwandais ont contribué de manière si décisive au déclenchement et à l’orchestration du génocide des Batutsi, pourquoi ne pourraient-ils pas, dans le sens contraire, contribuer efficacement à promouvoir la réconciliation et le développement durable du peuple rwandais 
Qu’en est-il les médias rwandais ?  Il est surprenant de constater que certains journalistes rwandais, au lieu de s’évertuer à restaurer des messages d’unité et de réconciliation, continuent de propager de plus bel des nouvelles provocatrices qui sont de nature à ramener les situations conflictuelles au sein de cette société traumatisée
Compte tenu de la société traumatisée et qui sort du génocide, les dits messages risquent de continuer de semer la haine entre les composantes de la société rwandaise. Au lieu d’aider la société à sortir du traumatisme et des séquelles du génocide où les médias de haine l’ont plongée certains journalistes continuent de souffler sur la braise. De ce fait, à la sortie de la deuxième guerre mondiale en 1946, Albert Camus ; écrivain et philosophe français collaborait au quotidien le Combat. Il y conseillait déjà le sens de la mesure et de l’intérêt général: « Le journaliste devrait privilégier l’intérêt général. A ce titre, c’est l’ensemble des journalistes qui devraient concerner le processus de sortie de crise, ce pourra être l’occasion d’exorciser le vieux démon de la haine et de la division. L’enjeu des affrontements pour le pouvoir qui avaient trouvé refuge et des questions identitaires un taureau doit substituer à des discours de paix et de réconciliation. La tâche de chacun de nous est bien de penser qu’il se propose de dire, de modeler peu à peu l’esprit du journal qui est le sien, d’écrire attentivement et de ne jamais perdre de vue cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pas sa voix profonde. Si nous faisons que cette voix demeure celle de l’énergie plus que de la  haine, de la fierté objective et non rhétorique, de l’humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup seront sauvés et nous n’aurons pas de mérite
Traditionnellement, les Rwandais possèdent en eux des valeurs culturelles d’esprit de réserve. D’habitude, ils n’aiment pas tout dire selon le dicton, « akarenze umunwa karushya ihamagara » pour dire que ce qui est sorti de la bouche de l’homme est difficile à contrôler. Ceci veut dire qu’il faut tourner six fois sa langue avant de parler. Les Rwandais attachent une grande importance aux paroles. Pour eux, la parole coûte énormément cher. Il ne faut pas dire pour dire; ce qui sort de la bouche doit avoir un sens aux auditeurs. Il est conseillé de parler des bonnes choses car la société à laquelle nous appartenons peut interpréter autrement, surtout du côté négatif. C’est à ce cadre que toute vérité n’est pas bonne à dire. Les journalistes rwandais doivent s’abstenir de publier certaines informations même si elles sont véridiques. Il est prié de trier dans leur panier les nouvelles intéressantes avant de diffuser ces informations à la société rwandaise qui reste une société traumatisée. C’est ainsi que les enquêtés ont soutenu que le journaliste rwandais professionnel devrait divulguer la vérité mais en tenant compte du contexte dans lequel le peuple rwandais se trouve. Elle sort du génocide et possède toujours des séquelles. Ils souhaitent que les journalistes fassent attention aux informations qui peuvent porter atteinte à la sécurité de la nation ainsi qu’à la vie privée des individus.
Par M.Rukaba
Publié le 02/05/2016 par rwandaises.com