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La bonne nouvelle, c’est que d’ici 2030 sinon avant, le Sida pourrait cesser de représenter une menace pour la santé publique. Grâce à la distribution massive et bon marché d’anti rétroviraux, grâce à d’immenses efforts en matière de santé publique et surtout grâce à une mobilisation citoyenne sans précédent, le fléau est en passe d’être endigué. Aujourd’hui déjà, des pays comme la Thaïlande

peuvent déclarer, non sans fierté, que le processus de transmission du fléau de la mère à l ’enfant a pu être stoppé.
A l’avant-garde de la lutte, on retrouve l’agence Onusida, une organisation dirigée par le Malien Michel Sidibe, qui a succédé à l’épidémiologiste belge Peter Piot. M. Sidibe vient d’être reçu par le ministre de la Coopération Alexander de Croo qui a alloué 4 millions d’euros à l’agence, en saluant l’excellence de son travail.. En effet, Onusida fonde son action sur une extraordinaire mobilisation sociale, où l’on voit le mouvement de lutte contre le sida être porté par des personnes atteintes par le virus, luttant en faveur d’une meilleure prévention. Grâce à des fonds massifs, réunis entre autres par le Fonds Mondial, soutenu par les Etats Unis, grâce à des actions citoyennes, grâce aux combats menés pour que les personnes atteintes du VIH ne soient pas ostracisées, des succès remarquables ont été engrangés. Du 8 au 10 juin, une réunion de haut niveau, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU s’est tenue à New York, afin d’évaluer la stratégie mise en œuvre et surtout d’éviter une reprise de l’épidémie.
Car il y a aussi une mauvaise nouvelle : les urgences qui se multiplient pourraient mettre en péril les succès engrangés sinon inverser la tendance. Ces urgences sont nombreuses : les migrants qui fuient les pays en conflit ou tentent le voyage vers l’Europe sont, par la force des choses, menacés par la contamination, ou privés d’accès aux soins médicaux, aux traitements qui permettraient de contenir l’épidémie. En outre, les foyers de violence se multiplient, de la Syrie à l’Irak, sans oublier les guerres qui ravagent l’Afrique sud saharienne.
Invitée à la rencontre de New York, l’ancienne présidente de Centrafrique, Mme Catherine Samba Panza qui dirigea son pays durant la période de transition, a souligné l’impact de la guerre sur le système sanitaire de son pays : « avant la guerre civile la prévalence du VIH/sida était de 4,9% chez les adultes de 15 à 49 ans, les femmes étant deux fois plus touchées que les hommes et la prévalence de l’infection chez les jeunes de 14 à 24 ans était de 2,8%, avec un ratio de six filles pour un garçon.
De janvier à octobre 2015, la crise a réduit dramatiquement l’offre de services de prévention, de soins, de traitement, plus d’un tiers de l’infrastructure sanitaire ayant été détruit ou pillé.
Avec pour résultat le fait que 4130 personnes qui étaient sous antirétroviraux ont été perdues de vue, si elles n’ont pas physiquement disparu… »
Soulignant que durant cette guerre fratricide on avait recensé 17.374 cas d’agression sexuelle dont 12 366 cas de viols Mme Samba Panza a précisé que la guerre avait réduit à néant tous les efforts déjà déployés : « mon pays compte 2,5 millions de réfugiés internes et 600.000 réfugiés dans les pays voisins….
Secrétaire général de la Fédération des sociétés de Croix Rouge et de Croissant rouge, El Hadj As Sy tire lui aussi la sonnette d’alarme : « la violence sexuelle accroît le risque de contracter le Sida, surtout parmi les enfants. En Afrique australe, un tiers de la population est prise dans le cercle vicieux « violence sexuelle et contamination… »
Fondatrice d’un centre de lutte contre les violences sexuelles à Mogadiscio, la Somalienne Ilwad Elman, comme en écho à Catherine Samba Panza, relève un autre aspect des dangers de contamination : « le déploiement de troupes chargées du maintien de la paix, qu’il s’agisse de Casques bleus ou de soldats relevant de l’Union africaine, augmente considérablement les risques. » Mme Ilman relève que dans son propre pays, la Somalie, l’Union africaine a déployé des hommes provenant de cinq pays différents, dont l’Ouganda, l’Ethiopie, le Burundi, le Kenya, des pays qui connaissent une forte incidence du Sida et que leur comportement représente souvent un danger supplémentaire pour la population somalienne…
A la suite des révélations concernant le comportement des troupes françaises en Centrafrique, relevant de l’opération Sangaris et aussi des troupes congolaises engagées sous la bannière des Nations Unies et qui ont fini par être rappelées, le département des opérations de la paix de l’ONU, dirigé par le Français Hervé Ladsous se trouve sous le feu des critiques. En effet, l’ONU ne dispose pas de tribunaux militaires ou de Cour martiale susceptible de juger ses propres hommes en cas de mauvaise conduite : les Casques bleus défaillants sont simplement rappelés et confiés à la justice de leurs pays respectifs. Les abus commis par ces « soldats de la paix » a suscité plusieurs rapports internes, mais qui ne sont jamais sortis des circuits onusiens et surtout n’ont donné lieu à aucune sanction…. A huit mois de l’élection d’un nouveau secrétaire général de l’ONU et du remplacement du chef des opérations de paix, le sida pourrait s’inviter dans le débat politique…

New York le 24/06/2016

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Posté le 27/06/2016 par rwandaises.com