Le Rwanda peut atteindre l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2018, et pourra songer à l’exportation. Le train de la croissance du pays, en marche depuis près d’une décennie, ne s’arrêtera pas ! Par Anadolu Agence
Les « stations », « génocide » et « guerre civile », sont désormais reléguées au rang de fâcheux souvenir, et le paysage économique qui défile sous nos yeux déjà marqué par le succès, promet un avenir encore plus radieux, assurent les économistes.
La recette du pays des mille collines ? La volonté ! Quelle soit politique ou individuelle, chacun a voulu voir ce petit pays enclavé, de 12 millions d’habitants, s’en sortir. Et ça marche, puisque cette année encore, la croissance devrait atteindre 6,8%, après 6,9 en 2015 et 7% en 2014.
Des performances rendues possibles notamment grâce au secteur de services et au secteur agricole.
Selon des données officielles «sur les cinq dernières années, la pénétration de la téléphonie mobile est passée d’à peine 8% à 60%, et le réseau de fibre optique dépasse aujourd’hui les 2 503 kilomètres», note le magazine économique sénégalais «Réussir Business» dans une publication datée du 4 août.
Une innovation technologique qui a pu transformer le secteur agricole et le doper l’activité. «Aujourd’hui, les agriculteurs peuvent aussi recevoir les dernières informations sur le cours des produits agricoles qu’ils cultivent grâce au programme ‘e-marché’ accessible par SMS, qui élimine les intermédiaires et permet donc aux professionnels d’augmenter leur marge», précise le magazine.
Le secteur agricole a aussitôt vu sa croissance bondir ces dix dernières années. En 2015, ce secteur a enregistré une croissance réelle de +5%, contribuant à hauteur de 1,5 point au taux de croissance enregistré la même année.
Aujourd’hui, l’agriculture contribue à hauteur de 33% au Produit Intérieur Brut (PIB) du Rwanda, selon la Banque mondiale. Un succès qui résulte donc en grande partie de la gestion instaurée par les autorités rwandaises qui n’ont de cesse de réformer l’agriculture rwandaise depuis 2006.
«Mécanisation, introduction de nouvelles techniques culturales, multiplication des semences améliorées pour les distribuer aux paysans, aménagement des marais pour les mettre gratuitement à la disposition des agriculteurs et les inciter à se regrouper davantage en coopératives… sont autant d’innovations qui marchent », confient les agriculteurs interrogés par Anadolu.
«Nos autorités ont fait beaucoup pour nous. Le paysan a pu trouver une véritable place dans la société. Aujourd’hui on peut construire nos maisons, scolariser et soigner nos enfants, et c’est une avancée remarquable !» confie à Anadolu Théogène Uwizeye, président de 11 coopératives de riziculteurs.
«Les réformes de l’Etat ont été salutaires. Il fallait du courage et une vision pour prendre ces décisions qui petit à petit sont en train de révolutionner notre agriculture» renchérit Léoncie Bucyensenge, agronome.
Et l’investissement rapporte ! Preuve en est, les deux grands produits d’exportation du Rwanda: le thé et le café.
Le premier a triplé ses recettes dans le premier trimestre de 2016 en permettant à l’Etat d’engranger 18,8 millions de dollars contre 7,1 millions durant la même période en 2015, selon les dernières statistiques.
Si le café de son côté a vu ses recettes baisser (de 64 millions USD pour juin 2014-juin 2015 à 60 millions USD entre juin 2015 et juin 2016), sa production a tout de même augmenté de 18% (soit plus de 20 millions de kilos entre juin 2015 et le même mois de 2016.
A quand le marché international ?
Hormis le thé et le café produits traditionnels d’exportation, les autres cultures n’ont toutefois pas encore engendré une production suffisante pour défier réellement le marché régional, continental et international, souligne Naphtal Nyandwi, économiste rwandais.
«Par exemple, le pays produit chaque année 50 mille tonnes de riz et en importe 100 mille. Même constat au niveau du maïs, du manioc ou encore de la banane qui font partie des dix cultures prioritaires depuis 2007» précise-t-il.
«On peut envisager toutefois d’atteindre l’autosuffisance alimentaire de ces cultures prioritaires à l’horizon 2018, ensuite on pourra songer à l’exportation», ajoute l’économiste.
Pour mieux profiter de ces futures exportations, préconise Nyandwi, il faudra penser à la nécessité de transformer ces produits afin de leur donner une valeur ajoutée pour mieux profiter des exportations.
«Aujourd’hui, à part la pomme de terre dont nous sommes 3ème producteur en Afrique qui est transformée en chips et commercialisée, les autres produits souffrent d’un manque important d’usines. Il y a aussi le fait que seulement 6% des agriculteurs ou paysans ont accès aux crédits agricoles, et à un taux élevé qui varie entre 17 et 24%, cela n’est pas encourageant pour ce secteur vital de notre économie » a-t-il estimé.
Du côté du gouvernement, on envisage de poursuivre l’amélioration du secteur.
Lors de la 7ème rencontre inter-africaine de l’Association Africaine du Crédit Agricole et Rural tenue du 1er au 03 août 2016 à Kigali, la ministre rwandaise de l’agriculture Géraldine Mukeshimana avait annoncé que le Rwanda vient d’adopter une nouvelle loi d’exonération d’impôts des services d’assurance agricole.
Une mesure qui pourra, selon elle, désormais inciter les institutions financières à travailler en toute quiétude avec le monde rural.
La banque de développement du Rwanda qui a octroyé 120 milliards de francs rwandais (240 millions USD) dont 40 milliards de francs (80 millions) destinés aux crédits agricoles et d’élevage, compte atteindre, pour ce dernier, les 80 milliards de francs (160 millions de dollars) d’ici à quatre ans.

http://rwandapodium.sobutex.com/index.php/actualites/economie/120-rwanda-la-croissance-succes-agricole-et-des-services

Posté le 17/08/2016 par rwandaises.com