Depuis longtemps pressé de s’exprimer, le président Kabila s’est enfin résolu à parler. Longuement. Solennellement. Il s’est livré à unesorte de plaidoyer pro domo, rappelant les acquis des quinze dernières années, les avancées multiples qui ne peuvent être mises en péril. Refusant de se prononcer sur ses intentions personnelles, il n’a cependant pas répondu à la seule question qui importait.
En dépit des promesses réitérées de respecter la Constitution, force est de constater que l’une des dispositions du texte fondamental, au lieu d’être prise en compte, sera bel et bien transgressée : alors qu’il devrait être démissionnaire et préparer l’arrivée d’un successeur démocratiquement élu, le président sortant sera toujours en poste lorsque s’achèvera son mandat! Certes, le processus électoral pris du retard, mais qui blâmer d’autre que le pouvoir en place ? La date du 19 décembre, celle de l’expiration du mandat présidentiel, n’était-elle pas aussi prévisible que la fête de Noël elle-même ? Pourquoi la majorité présidentielle n’a-t-elle pas prévu en temps utile une succession pacifique et rassurante ?
Au lieu de respecter des règles simples (même si elles sont financièrement coûteuses) on a préféré, une fois de plus, les grandes manœuvres politiques, celles d’un accord conclu avec une partie de l’opposition qui, demain, sera peut-être rejointe par d’autres candidats aux avantages du pouvoir… La population se retrouvera-t-elle dans ces arrangements entre amis et ex-adversaires ? Y verra-t-elle le gage d’une meilleure gestion de la chose publique. Rien n’est moins sûr…
Certes, la porte reste en principe ouverte et, s’ils le souhaitent ou le jugent profitable, les derniers irréductibles pourront toujours rejoindre l’équipe associant désormais majorité et opposition. Mais d’être plus largement partagé, le gâteau n’en deviendra pas plus grand pour autant…S’il était cautionné par l’Union africaine, par les puissances occidentales soudain bien attentives au devenir du Congo (les Etats Unis entre autres), par des voisins comme l’Angola très soucieux de la stabilité régionale, l’accord pourrait réussir. Mais il faudrait pour cela que les protagonistes donnent les preuves de leur indépendance d’esprit, la composition du futur gouvernement représentant à cet égard un indicateur utile.
Mais on n’en est pas encore là, et dans son adresse le président a subtilement renversé les rôles. Il a dénoncé « ceux qui tenteraient de s’emparer du pouvoir par la force », mais n’a rien dit de ceux qui essayent d’y rester, en ayant la force de leur côté…

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Posté le 26/11/2016 par rwandaises.com