C’est un poème un peu tragique qui pleure sur le génocide des Batutsi du Rwanda
Mon cœur en saigne
Les sables du monde
N’assument plus les larmes
La larme mesquine
Du serpent
Ressemble au plus ardent amour
Un rêve de neige
Aspire au ciel sans effort
Tiède comme le sang
Secret qui souffle entre les os
Une seule goutte
Sur le blé nubile
A la lenteur d’une rose qui s’achève
Sa face violacée
A la merci de la transparence
Jamais la mer ne confondra son écume
Avec les plus hautes ramures
Cette peau détachée
Comme plume
Dans le lait répandu
Sur la rouille
Des songes
Du naufrage
Les noyés coulent
Des jours d’herbe apaisée
Et un visage qui avait des cheveux
Des joues
Et un corps d’herbe
Qui se sent embrassé
Par la lune acérée
Qui sépare en deux
Les vivants
Coupez les grands arbres
Rugissant dans la forêt
Des oiseaux embrasés
D’une foudre lointaine
Les messagers aux plumes de rubis
Kigali
C’est le Noël de la machette
Des pantins disloqués
Qui se vident
Les cafards
Restez sur vos gardes
Surveillez vos voisins
Dans une sciure rouge
Des bras de chiffon
Se lèvent
On voit le destin
De lents coraux
Se dessiner
Les frontières
Entre l’âme
Et le corps
S’effacent
Quand les deux rangées de dents
N’existent plus
Le temps s’écrase
Comme la noix
D’un crâne
Ne respire pas mon ombre
Ne respire plus
Le temps
Est un vaisseau de nacre
Porté par les mains
D’un dieu
Qui caresse
Le ventre indécent
Gonflé
Ouvert
Découpé
Par le verre
Ne respire pas mon ombre
Ne respire plus
Le froid demeure
Et l’abîme vorace
Kigwa le dieu naît d’un cœur de vache
Couché dans l’herbe pure
Un ouragan mêle
Dans ses cheveux
Des oiseaux qui chantent
La lumière sans la mort
Publié par Durand Delphine
Posté le 15/04/2017 par rwandaises.com