Hervé Berville, jeune candidat du parti d’Emmanuel Macron aux législatives.

« Une bouffée d’air frais ! » En ce jour de marché à Pléneuf-Val-André, petit port de l’ouest de France, l’accueil est bienveillant pour Hervé Berville, jeune candidat du parti d’Emmanuel Macron aux législatives de dimanche et symbole du renouvellement prôné par le nouveau président.

A deux pas d’un étal d’échalotes, son affiche de campagne expose sur fond bleu ciel le visage tout sourire de ce jeune économiste noir d’origine rwandaise juxtaposé à celui – solennel – du chef de l’Etat français, avec le logo de son parti, la République en Marche (REM).

Barbe de trois jours et fine moustache, silhouette longiligne, le jeune homme de 27 ans entame la conversation avec Tanguy Lagadeuc, patron-pêcheur qui dépiaute une queue de lotte. « Moi je suis plutôt cochon », plaisante le candidat avant de se présenter brièvement: « j’ai été adopté à quatre ans par une famille de Pluduno », à 20 km à l’intérieur des terres, « je suis engagé avec Emmanuel Macron depuis 2015 ».

« Il a une bonne tête », glisse Tanguy Lagadeuc, 47 ans, après son départ. « Mais est-ce qu’il ne va pas se faire bouffer par tous ces requins ? »

La jeunesse d’Hervé Berville détone mais ne le dessert pas forcément, dans un pays qui vient d’élire le plus jeune président de son histoire.

« Ça bouscule un peu tout, c’est bien », estime Thierry Roux, un promoteur immobilier de 64 ans, « mais il faut balancer entre l’expérience et la jeunesse ». Lui qui a voté à droite au premier tour de la présidentielle, s’apprête à soutenir le parti centriste d’Emmanuel Macron « pour lui donner une majorité ».

Avec 30% des intentions de vote, le parti REM caracole dans les sondages, devant le parti de droite Les Républicains (20%) et le Front national (extrême droite, 18%). Il pourrait rafler 385 à 415 sièges sur 577, bien au delà de la majorité absolue, selon les projections.

– ‘Le p’tit Macron’ –

De ses origines – peu commentées par des Bretons taiseux de caractère – , Hervé Berville ne veut pas « faire un sujet », même s’il est conscient de son parcours hors norme d’orphelin tutsi évacué aux premiers jours du génocide rwandais, désigné candidat il y a moins d’un mois.

Comme d’autres, il a été choisi car il incarne le renouvellement promis par Emmanuel Macron pour rompre avec « l’ancien monde » politique: la moitié des candidats REM n’ont jamais été députés et sont issus de la société civile: enseignants, militants associatifs, avocats, cadres du secteur privé, agriculteurs…

Diplômé en sciences politiques, passé par la prestigieuse London School of Economics, membre des « Jeunes avec Macron », économiste pendant trois ans au Mozambique puis au Kenya, Hervé Berville cochait toutes les cases.

« Quand on l’a vu, on s’est dit on tient le bon », raconte Denis Warisse, un des piliers du comité REM de Dinan, principale ville de la circonscription, avec ses 11.000 habitants. « Entre nous, on l’appelle +le p’tit Macron+. Pour son aisance, son agilité d’esprit », ajoute ce fonctionnaire retraité âgé de 60 ans.

Pour se faire connaître, Hervé Berville s’est lancé dans une campagne marathon. « On passe de la côte, plus touristique, aux terres d’élevage de porcs et de vaches laitières », résume-t-il avant de foncer vers une « réunion citoyenne » dans la campagne, à l’intérieur des terres.

Devant une vingtaine de personnes, il défend son credo: réduire la « fracture » grandissante entre métropoles et zones rurales. Et cite les médecins qui se font rares, les services publics qui ferment, les réseaux téléphoniques et numériques défaillants.

Chez ses adversaires, l’irruption de ce prétendant sans expérience politique agace.

« Il y a un mois, personne ne le connaissait », souligne le candidat républicain, Didier Déru, un avocat qui siège depuis 2008 au conseil municipal de Dinan et se présente pour la première fois aux législatives. « On a besoin de renouvellement mais il faut aussi faire confiance à des gens qui connaissent profondément leur territoire ».

S’ils sont élus, quelle autonomie auront ces nouveaux députés vis à vis d’un président auquel ils doivent leur existence politique, s’interrogent les politologues.

« On s’est engagé à mettre en œuvre un programme. Mais à nous de discuter des moyens », tranche Hervé Berville.

http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/en-bretagne-un-jeune-candidat-ne-au-rwanda-symbole-du-renouvellement_1915806.html

Posté le 09 juin 2017 par rwandaises.com