L’histoire du Rwanda et sa partie obscure sur le Génocide de 1994 perpétré contre les [Ba]Tutsi devraient être clairement expliquées aux jeunes dans le pays et à l’étranger afin d’éviter que ces derniers ne tombent dans le piège de la négation du Génocide contre les [Ba]Tutsi, ou de finir dans l’ignorance totale de ce qui s’est passé.
L’appel a été lancé hier par différents experts qui ont pris la parole lors d’une des séries du Café Littéraire organisée par la « Commission Nationale de Lutte contre le Génocide » (CNLG).
Le Café Littéraire, qui est une session où l’on discute des œuvres littéraires, est organisé par la Commission dans le cadre des efforts visant à éduquer la jeune génération sur le Génocide de 1994 contre les Tutsis, et sur les moyens de prévenir son déni.
Le spectacle de dimanche a eu lieu à l’auditorium du « Rwanda Revenue Authority » et a mis en vedette trois auteurs, dont Monsieur Jean Damascène Bizimana, Secrétaire Exécutif du CNLG, Monsieur Albert Toch l’auteur rwando-belge et Monsieur André Twahirwa, linguiste rwandais basé en France.
L’événement a été officié par la Première Dame Madame Jeannette Kagame, qui a déclaré en présentant les trois auteurs au public que les sessions du Café Littéraire sont essentielles pour élargir les connaissances et a encouragé le public à continuer à lire les différentes œuvres de l’histoire.
« Je suis fan de ces sessions du Café Littéraire qui élargissent nos horizons en tant que lecteurs, mais aussi parce que je trouve essentiel d’encourager les organisateurs à poursuivre cette activité qui enrichit la vie culturelle et intellectuelle de notre pays », a-t-elle déclaré.
Le thème de la session d’hier était axé sur la «Reconnaissance Internationale du Génocide commis contre les [Ba]Tutsi», avec des points forts incluant les réalisations et les défis pour le Rwanda, les autres États, les organisations internationales et les individus.
Les officiels du CNLG ont déclaré que les discussions sur le thème avaient pour but d’éduquer les jeunes et la communauté rwandaise au sujet du Génocide commis contre les [Ba]Tutsi.
Les participants à l’événement comprenaient principalement de jeunes professionnels et des jeunes de différentes universités de Kigali, des législateurs, ainsi que d’autres dignitaires.
Les panélistes ont félicité l’Assemblée Générale des Nations Unies pour une résolution adoptée en janvier 2018 qui a désigné le 7 avril comme «Journée internationale de Réflexion sur le Génocide de 1994 contre les [Ba]Tutsi au Rwanda».
La résolution corrigeait les inexactitudes qui existaient dans la résolution précédente, A / RES / 58/234, qui avait omis de nommer les [Ba]Tutsi comme groupe ciblé par l’extermination.
L’ONU avait précédemment décrit le Génocide de 1994 contre les [Ba]Tutsi comme «le Génocide de 1994 au Rwanda», ce qui laissait ceux qui savent que le massacre ciblait les [Ba]Tutsi avec une inquiétude de la distorsion des faits.
« Il est important de nommer les victimes. Il est important de nommer correctement ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 », a déclaré Monsieur Twahirwa, qui a salué la décision de l’ONU d’utiliser le terme correct.
Il a exhorté les Rwandais au pays et à l’étranger à être les premiers utilisateurs des termes appropriés en décrivant le « Génocide contre les Tutsis au Rwanda », expliquant que ceux qui nient le Génocide ne peuvent qu’être intéressés par l’ambiguïté.
« Il nous incombe d’utiliser les bons termes, car ceux qui nient le Génocide ont intérêt à utiliser les termes incorrects », a-t-il dit.
Monsieur Bizimana a déclaré que certaines personnes et gouvernements à travers le monde sont réticents à décrire correctement le Génocide contre les Tutsis parce qu’ils sont toujours dans le déni de ce qui s’est passé, et sont souvent toujours intéressés à promouvoir l’idéologie du Génocide.
« S’il y a une résistance à nommer correctement ce qui s’est passé, c’est d’abord et avant tout pour des raisons politiques. Il y a des acteurs qui ont introduit l’idéologie du Génocide au Rwanda et ils sont toujours actifs et ne veulent pas divorcer d’une idéologie qu’ils ont introduite », a-t-il dit.
Les experts ont appelé à une éducation continue des jeunes sur l’histoire du pays pour éviter une situation où les jeunes ignorent les faits sur le Génocide ou finissent par adopter des messages de négationnistes du Génocide
« Nous devons enseigner aux jeunes l’histoire rwandaise afin qu’ils puissent comprendre comment les différents régimes rwandais ont divisé les Rwandais et ont fini par commettre un Génocide contre une partie de la population qui avait été clairement identifiée au fil des ans », a déclaré Monsieur Bizimana.
Madame Yolande Mukagasana auteur rwandaise était d’accord avec lui, conseillant que la plupart des leçons sur le Génocide contre les [Ba]Tutsi se concentrent sur la façon dont il a été préparé, parce que ceux qui le nient ont tendance à dire que cela n’a jamais été planifié.
« Il semble que nous ne parlons pas assez de la planification du Génocide et je pense que c’est ce que les jeunes doivent savoir le plus pour qu’ils ne tombent pas dans le piège du déni », a-t-elle dit.
Organisées par le « CNLG », les sessions du Café Littéraire ont ciblé différents forums, en particulier les campus universitaires, dans le but d’enseigner aux jeunes l’histoire du Rwanda à travers des conférences publiques d’auteurs publiés et d’experts en histoire.