Le Rwanda fait lui aussi partie de la stratégie russe en Afrique centrale : début juin, le ministre des affaires étrangères russe Sergei Lavrov s’est longuement entretenu avec le président Kagame à Kigali. Il ne s’agissait pas seulement de consulter le président en exercice de l’Union africaine, mais aussi de discuter de diverses formes de partenariat : la Russie envisage de fournir à Kigali des systèmes de défense anti aérienne mais aussi de coopérer dans le secteur des mines, de l’agriculture, de la médecine.
Les deux pays partagent le point de vue selon lequel il faut trouver des « solutions africaines » aux crises qui éclatent sur le continent et par conséquent travailler en coopération avec les organisations régionales, comme l’Union africaine. Ils soutiennent aussi les projets de réforme du Conseil de sécurité, afin que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine y soient enfin représentés.
Ce rapprochement avec la Russie va de pair avec les tensions qui sont apparues entre le Rwanda et l’administration Trump depuis que Kigali a décidé d’interdire la vente de friperie, le président Kagame estimant qu’il était « honteux » que les Africains soient obligés de porter des vêtements de deuxième main venus d’Europe ou des Etats Unis et qu’il fallait plutôt promouvoir les productions locales. La revente de ballots de textiles usagés en Afrique représentant un important secteur d’exportation pour les Etats Unis, Washington a menacé de priver le Rwanda des avantages du « Growth and opportunity act » qui lui donnait des avantages sur le marché américain.
Lors de sa visite à Kigali, M. Lavrov a précisé que son pays entretenait déjà avec le Rwanda une coopération militaire et technique, fournissant aux forces de police et de sécurité des véhicules et des hélicoptères ainsi que des armes légères .
La Chine a également renforcé sa coopération militaire avec le Rwanda, fournissant entre autres un système de missiles aériens de moyenne portée, Sky Dragon 50.
Malgré la réactivation des liens entre la Russie, la RDC , le Rwanda et le Burundi (le président Pierre Nkurunziza, visé par les sanctions occidentales s’est tourné vers Moscou…) c’est le Soudan d’Omar el Béchir qui demeure le principal allié de la Russie dans la région et l’année dernière il a rencontré Vladimir Poutine à Sotchi. Comme la Chine, la Russie, au Conseil de sécurité, s’est à plusieurs reprises opposées aux sanctions contre le Soudan, qui a été le premier pays arabe à se voir fournir des avions de combat Su 35 de la quatrième génération. Au Sud Soudan également, le président Salva Kiir, frappé d’un embargo américain sur les armes, s’est tourné vers la Russie et la Chine.

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Posté le 28/06/2018 par rwandaises.com