L’ancien maire par intérim de la ville de Kigali, Parfait Busabizwa (à gauche) serre la main du maire nouvellement élu Marie-Chantal Rwakazina, à l’instar du président du Conseil consultatif Anastase Rutabingwa (2e à gauche) et de son adjoint Janvier Gasana.

À peine deux ans après le début de leur mandat de cinq ans, près d’un tiers des Maires ont depuis démissionné.

Au cours de la dernière semaine, les Maires et Vice-maires de Gicumbi et Bugesera ont jeté l’éponge.

Ils ont suivi les traces de leurs homologues de Rusizi et Nyabihu. Bien avant, Ruhango, Kamonyi, Nyamagabe et Rubavu avaient également vu leurs Maires démissionner. Dans certains cas, comme Gicumbi et Bugesera, le Maire et ses deux adjoints ont tous deux démissionné, tandis que dans quelques autres cas, comme Nyabihu, le Maire a démissionné avec l’un des Vice-maires.

Outre les Maires, il y a deux Vice-maires pour chaque district et la ville de Kigali.

Il y a plus d’un mois, le Maire de la ville de Kigali a également démissionné.

Alors que la quasi-totalité d’entre eux ont invoqué des «raisons personnelles» pour justifier leur démission, les experts disent que cette vague de démissions est plutôt le signe que les citoyens exigeaient de leurs dirigeants qu’ils rendent des comptes alors que ceux qui échouent sont poussés vers la porte de sortie.

En cas de démission, les Maires et leurs suppléants remettent des copies de leur lettre de démission à leurs conseils consultatifs respectifs.

À Gicumbi, le Conseil Consultatif de district, l’organe de décision le plus élevé au niveau du district, a renvoyé le Maire et ses adjoints, pour avoir retardé la mise en œuvre des projets de développement.

« Un audit a été mené sur différents projets dans le district et le rapport montrait la lenteur des progrès dans la mise en œuvre des projets de développement, ce qui nous a incités à demander des explications au Maire et à ses adjoints », a déclaré lundi Monsieur Dieudonné Kayombya à New Times. « Ils ont malheureusement échoué à donner des explications, alors nous avons décidé de les démettre. »

Certains des projets en question incluent le retard des activités de construction du Centre de Santé de Nyamiyaga et de la route de Rubaya, qui était également mal construite. Les retards ont été attribués à la direction du district.

En outre, la construction du marché Rubaya Gicumbi a été achevée, mais il n’a pas encore eu d’impact significatif sur la communauté et certains commerçants l’ont abandonné depuis.

Monsieur Ladislas Ngendahimana, Secrétaire Général de l’Association des Collectivités Locales du Rwanda (RALGA), a déclaré lundi à New Times que les Rwandais devraient considérer les démissions comme un signe de liberté, de démocratie, de service et de responsabilité.

« En fait, Nous devrions célébrer ceci au lieu de nous en plaindre. Avant de devenir des leaders, nous sommes des citoyens du Rwanda. Dans ce contexte, les dirigeants qui démissionnent exercent leur droit de servir ou de démissionner. En même temps, les citoyens peuvent à leur tour obtenir des dirigeants qui sont prêts à les servir », a-t-il déclaré.

Il a admis que le développement fait ressortir un défi sous-jacent que la RALGA doit résoudre « parce qu’il reflète la nécessité de renforcer les capacités des Collectivités Locales afin que les dirigeants locaux puissent remplir leurs obligations avec succès ».

Cependant, les démissions représentent également une opportunité car cela donne une chance à d’autres citoyens de diriger, dit-il.

Le député Théoneste Karenzi, membre du Comité Parlementaire des Comptes Publics (PAC) à la Chambre Basse, a déclaré que la tendance croissante à la démission des Maires était un signe que les Rwandais demandaient continuellement plus de résultats à leurs dirigeants.

« Il y a des devoirs pour lesquels les dirigeants sont élus et il n’y a rien de mal à démissionner lorsque l’on ne peut pas les remplir », a déclaré Monsieur Karenzi à New Times. « Les gens sont surpris parce qu’ils n’étaient pas habitués à de telles démissions, mais les gens devraient se rappeler que la reddition de comptes est un élément essentiel de la gouvernance ».

Pour sa part, Monsieur Jean Léonard Sekanyange, Président de la Plateforme de la Société Civile du Rwanda, a déclaré que les dirigeants qui démissionnaient ne devraient pas être autorisés à invoquer des «raisons personnelles», mais plutôt à fournir des explications claires à leur décision.

Il a dit que cela n’aidait à rien lorsque les dirigeants ne divulguaient pas les raisons de leur démission parce que cela laisse l’électorat et le public en général dans l’ignorance, alors que leurs successeurs ignorent également les questions essentielles à traiter.

« Quand quelqu’un est en service, il doit servir les citoyens et parfois, lorsqu’un fonctionnaire trouve que le travail ne répond pas à ses attentes, cela peut l’amener à la démission, mais ceux qui démissionnent doivent dire au public ce qui s’est passé, afin que les gens ne restent dans le noir », a déclaré hier Monsieur Sekanyange.

Il a précisé que cela pouvait créer un sentiment de peur et de suspicion lorsque les dirigeants démissionnaient sans explication, ajoutant que cela peut même décourager les gens qui avaient des ambitions de se présenter aux élections.

« Il faut être ouvert parce que cela clarifie les choses », a-t-il dit.

Le député Karenzi est d’accord avec Monsieur Sekanyange. « Ils devraient être disponibles et nous dire pourquoi ils démissionnent parce que « des raisons personnelles » ne constituent pas une raison », a-t-il dit.

Rwanda – Les démissions des Maires sont-elles un signe de citoyens plus éclairés ?

Posté le 05/06/2018 par rwandaises.com