L’article ci-dessous vient d’être publié par un quptidien Le Soir de Belgique. C’est une lettre ouverte aux dirigeants belges contre une montée de l’extrémisme hutu rwandais qui tente de se faire une légitimité électorale belge. Beaucoup d’organisations de droit belge viennent de signer cette pétition. Il s’agit du Collectif contre la présence de candidats négationnistes aux élections communales 2018 – Ibuka Mémoire et Justice Asbl– DRB Rugari, Diaspora Rwandaise de Belgique Rugari Asbl– CCOJB – Comité de coordination des organisations juives de Belgique– Collectif belge pour la préventiondes crimes de génocide et contre les négationnismes . Ci après le texte :

Lettre ouverte à Benoît Lutgen et Wouter Beke, présidents
du CDH et du CD&V, à propos de la présence de membres d’une organisation négationniste sur leurs listes

Messieurs les Présidents,

A l’approche des élections communales, nous voudrions attirer votre attention sur la présence de candidats membres d’une organisation négationniste du génocide perpétré contre les Tutsis du Rwanda, Jambo ASBL, sur les listes de vos partis. Plusieurs éléments nous mènent à penser que ces candidats se présentent aux élections communales pour relayer des idées en totale contradiction avec vos valeurs et celles de la Belgique.

Pour rappel, début septembre, le président de Jambo avait été écarté des listes Défi, dont il était tête de liste à Saint-Georges-sur-Meuse, par Olivier Maingain après une analyse attentive de son dossier. Depuis lors, Benjamin Dalle, directeur du Centre d’études du CD&V et Denis Grimberghs, tête de liste CDH-CD&V pour les élections communales à Schaerbeek, prennent la défense de leurs candidats, regrettant que Jambo soit victime d’une « campagne de diffamation » en raison de ses critiques acerbes contre le gouvernement rwandais. Soyez assurés qu’aucune des critiques adressées à ces candidats ne faisaient mention de leur activisme politique contre le Rwanda. C’est plutôt leur tentative de relayer des idées à la fois injustifiables et communautaristes, voire ethnicistes, dans le débat belge qui est, à nos yeux, inacceptable.

Un négationnisme avéré

Tout comme la négation de la Shoah, la négation du génocide perpétré contre les Batutsi ne consiste pas seulement à en nier la réalité mais plutôt en une révision aberrante de son contexte. Ainsi, si Jambo ASBL reconnaît de fait le génocide perpétré contre les Batutsi, elle remet tellement en question ses principaux fondements que l’on peut conclure qu’il ne s’agit que d’une reconnaissance de façade.

Dans plusieurs articles, Jambo ASBL exprime des doutes sur la planification du génocide et la responsabilité du gouvernement rwandais de l’époque. Jambo ASBL évoque également un second génocide, commis contre les Bahutu, qui n’est reconnu par aucun expert, historien ou juriste, là où le génocide des Batutsi fait partie des trois génocides reconnus sur le plan juridique par l’ONU, avec le génocide des Arméniens et des Juifs et des Tsiganes.

En bref, Jambo ASBL minimise le poids du projet génocidaire. Accepteriez-vous sur vos listes des personnes admettant que la Shoah a eu lieu, tout en dédouanant les nazis et en affirmant qu’elle n’était pas planifiée ? La position de Jambo ASBL est donc un scandale et une insulte pour les victimes et les survivants du génocide perpétré contre les Batutsi.

Manipulation communautariste
Jambo ASBL, dont les membres se présentent comme des activistes et des défenseurs des droits de l’homme, est connue pour ses réflexes communautaristes. L’ASBL a publié et défendu une étude à caractère ethnique se concentrant sur la diaspora hutu en Belgique, un positionnement reflétant une idéologie contraire au vivre-ensemble. Rappelons qu’il est impossible de retracer l’ethnicité sur le territoire belge et que cette étude était basée sur les distinctions ethniques du Rwanda d’avant 1994 et qui ont permis l’exécution du génocide.

En mars 2018, Jambo ASBL avait déjà tenté d’influencer le débat belge en affichant son opposition farouche à une proposition de loi poussée par le député Gilles Foret, visant à sanctionner la négation du génocide perpétré contre les Batutsi du Rwanda, sous prétexte qu’une telle loi brimerait leur liberté d’expression. Ce qui, en plus d’être inexact, est révélateur. En réalité, Jambo ASBL s’inquiétait qu’une partie de sa propagande ne soit considérée comme négationniste et ne tombe donc sous le coup de la loi belge. Le débat sur le projet de loi que Jambo ASBL avait tenté d’organiser au Parlement fédéral avait d’ailleurs finalement été annulé par la conférence des Présidents, à la Chambre des députés.

Par ailleurs, dans une vidéo datant de février 2018, l’actuel président de Jambo ASBL évoquait (en kinyarwanda) la nécessité pour l’association de trouver des alliés politiques et des personnes de confiance pour leur cause. Il est regrettable de constater qu’ils aient pensé que vos partis pouvaient leur apporter ce soutien.

Nous ne pouvons que déplorer le fait que des membres d’une association propageant des contenus ouvertement négationnistes puissent figurer sur les listes des partis démocratiques belges, d’autant plus que l’affaire Schild & Vrienden a rappelé l’écart béant qui pouvait exister entre l’image d’une organisation et ses véritables activités.

Continuer à être gardiens de valeurs démocratiques
Monsieur Lutgen, en 2015, vous aviez écarté du CDH Mahinur Özdemir une députée régionale d’origine turque, pour avoir refusé de reconnaître sans ambiguïté le génocide des Arméniens. Cette décision vous honore et honore votre parti.

Messieurs les Présidents, face aux éléments exposés ci-dessus, nous vous demandons de prendre vous-mêmes les mesures nécessaires pour éviter que le monde politique belge ne soit infiltré par des individus dont l’idéologie est en totale contradiction avec les valeurs de la Belgique et celles de vos partis

http://fr.igihe.com/politique/du-negationnisme-des-rwandais-aux-communales.html

Posté le 12 /09/2018 par rwandaises.com