M. César, un lecteur zélé de igihe.com a réagi à l’article recensant une oeuvre ‘Homegrown solutions : A Legacy to Generations in Africa’ réalisée par plusieurs chercheurs rwandais sous la coordination de deux sociologues émérites, les professeurs Déo Mbonyinkebe et Tharcisse Gatwa. L’article portait titre : Deux chercheurs rwandais publient un livre louant l’originalité de la gouvernance du Rwanda. La réaction de César ne s’est pas fait attendre.
Pour lui,«
« la prétendue bonne gouvernance sui generis de Kagame en Afrique n’est en réalité qu’un slogan colporté à grande échelle par certains Rwandais dont ces deux professeurs. C’est pitoyable et lamentable de leur part.
Un professeur au surplus d’université a pour mission de former et d’orienter objectivement et utilement le gouvernement dans l’élaboration et prise de décision relativement à la gestion du pays. Un professeur d’université a des opinions politiques. Il n’a pas de partis politiques dans ses écrits professés. Au vu de l’ensemble de leurs écrits, ces deux professeurs entendent, comme d’autres oligarques kreptocrates du régime Kagame, apporter leur contribution à l’apologie du régime celui-ci. Le problème dont souffre notre pays n’est pas un problème lié à la situation économique et sociale des Rwandais. C’est celui des soi-disant intellectuels dont ces deux professeurs d’université . Comme des centaines d’autres dits intellectuels, ils sont frappés d’un dysfonctionnement intellectuel manifeste qui a gravement altéré leur sens d’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire… » »
La réaction de César est très étendue. Mais elle est sur toute sa longueur construite sur des schémas stéréotypés faits de critiques venues de l’Occident où il séjourne depuis plusieurs décades.
Mais ses critiques montrent que les Rwandais de l’intérieur et certains de la diaspora ne communiquent pas. Ou s’ils communiquent et dialoguent, l’une partie et l’autre campent sur leurs positions parfois diamétralement opposées.
Considérations platement sentimentales
Je crains que M. Cesar s’égare dans beaucoup de considérations
politiquement sentimentales. Mais c’est parfaitement son droit de
réfléchir comme il veut. Il réfléchit et critique acerbement ce régime
pour avoir instauré une école publique promotionnelle qu’il qualifie de
poubelle. Pour lui, les jets du Président Paul Kagame qui l’aident à
sillonner le monde, vendre l’image du Rwanda, attirer les
investisseurs ; c’est un crime qu’il les possède et qu’ils ne sont pas
immatriculés au Rwanda. Il n’est pas nécessaire de battre cet argument
en brèche car avion ou véhicule ou lap top ou bêtement la houe ; tout
n’est qu’outil de travail permettant d’atteindre une qualité et quantité
de la production souhaitée.
César prêche une politique de l’austérité quand le Rwanda actuel vise très haut
Mais que sait-il de la gestion sécuritaire de ce président rwandais qui
est tout le temps en avion mais qui a le temps d’être présent à Gisenyi
ou Ngororero, à Byumba ou Nyagatare, à Nyungwe ou dans les Volcans, à
Rusizi ou à Nyamagabe ? Que reproche-t-il à ce travailleur infatigable
qui se tient à la gestion des contentieux de ses citoyens comme dans
les anciens temps demonarques rwandais, et tranche régulièrement des
palabres incompris ou occultés par ses quelques faibles fonctionnaires
de la base communautaire toutes les fois qu’il va à la rencontre des
citoyens dans leurs patelins.
M. Cesar, si Rwandais vous êtes, réfugié ou belgo rwandais, soyez intellectuel honnête et avouez que de votre mémoire de Rwandais vous n’avez jamais vu un président aussi impulsif, téméraire, révolté et susceptible il est vrai mais aussi visionnaire. Vous parlez de la baisse de la qualité de l’enseignement, mais vous vous voilez la face, monsieur, ou vous voulez la voiler à vos lecteurs. Ce n’est qu’une question idéologique Enseignement de masse vs Enseignement élitiste.
Ne plus abêtir les citoyens, tous à l’école pour plus de créativité et d.humanité
M. Cesar, êtes-vous sûr, Hutu que vous êtes nécessairement et foncièrement négationniste du génocide des Batutsi, que vous avez un coeur aimant pour la masse des jeunes Bahutu que les Interahamwe ont vite instrumentalisé et animalisé pour qu’ils tuent indistinctement toute personne d’ethnie de Batutsi ou apparentée en 1994 ?
Et ce projet criminel innommable n’a été possible parce que vous avez eu la chance d’être élu, entré dans un très petit groupe privilégié des élites sortis de l’enseignement élitiste de ce temps-là pour avoir réussi le test extrêmement sélectif d’entrer à l’école secondaire de votre temps des années 90-80 et bien avant. Ainsi vous êtes devenu un leader d’opinion à la sortie de vos universités pour régner sur un royaume d’aveugles paysans.
Et vous voulez que ce régime Kagame qui roule sur des principes du matérialisme dialectique suive vos schémas et vision manichéens ? Elites=pouvoir, incultes paysans= aveugles gouvernés.
Le régime actuel rwandais a beau suivre interminablement la méthodologie de l’ « Essais et Erreurs » mais il sait là oû il veut tendre. Et vous le grand intellectuel d’antan ne voulez pas l’accompagner dans sa quête de faire du Rwanda de 2050 un pays à une économie de revenu intermédiaire avec 12.000 $ de PNB/H. Est-ce parce que Kagame s’achète des jets privés ? Mais qu’est qu’il en fait, Monsieur Oscar ? Produisent-ils plus pour lui ou pour son régime et son peuple ? Monsieur Oscar, des raisonnements étriqués ne devraient pas être à votre hauteur. Ils sont si bas eu égard à votre stature.
Vous dites que Kagame , lors d’une rencontre avec les universitaires aurait dénigré leur ou votre intellectualisme, ne le prouvez-vous pas donc dans votre réaction à l’article d’Igihe.com intitulé » Deux chercheurs rwandais publient un livre louant l’originalité de la gouvernance du Rwanda » ? (Cliquez sur le link : http://fr.igihe.com/livres/deux-che…).
Je crains que toute société d’hommes et femmes est faite d’ambitieux politiques et autres à la quête d’opportunités économiques rêvant d’être à la tête d’empires financiers. Le monde capitaliste est ainsi fait. Mais comme Oscar l’a constaté dans ce lointain Occident, tous ces deux mondes se consultent, composent et dialoguent sans toutefois se fondre en un seul bloc. Voilà ce qui manque à l’Afrique. Le régnant, le chef politique suprême cherche à s’approprier du monde de la finance. Le Schéma hitlérien règne sur l’actuelle Afrique. Les deux mondes ne savent pas se respecter et se compléter pour cohabiter en toute intelligence et complicité.
M. César, voilà la seule critique qui pourrait être acceptable sur toute l’Afrique y compris dans ton Rwanda. Le seul combat sur lequel focaliser aurait dû être celui-là. Et puis, là encore, il ne doit pas être mené dans une confrontation frontale dans le sens de « OTE-TOI DE LA QUE JE M’Y METTE ». Je suis au regret de vous dire que votre long séjour en Occident ne vous a pas donné une leçon de tolérance, de volonté de compréhension mutuelle.
Ecole publique universelle jusqu’à fin humanités ; plus question d’élitisme
Parlez-vous de l’école publique de base jusqu’à la fin des Humanités
générales ou techniques ? Monsieur Oscar, ramenez-vous au Rwanda et
atterrissez rapidement à votre village natal. Ne demandez à personne
ceci ou cela. Observez-vous même le changement de mentalité dû au fait
que dans votre temps où vous êtiez reçu à l’école secondaire seul parmi
la centaine de finalistes de l’école primaire, maintenant ce sont
plusieurs centaines de finalistes des écoles primaires du coin
(effectivement elles sont plus nombreuses qu’avant) qui sont tous reçus.
Le type de produit de cette nouvelle école laisse à désirer ? Attendez
M. César.Le plus important est à venir. Plusieurs milliers de profils
aux savoir faire variés selon les besoins de l’industrialisation du
pays.
Mais ce qui change l’environnement scolaire actuel par rapport à nos anciens temps, c’est que l’école secondaire à fréquenter par le (la) jeune adolescent (e) est maintenant à côté de lui contrairement aux dizaines de kilomètres que nous faisions pour arriver à l’école primaire que nous fréquentions.
Conséquence ?
Les parents qui voient leurs enfants rentrer chaque jour de leurs écoles
secondaires apprennent à changer de philosophie de vivre. Aucun parent
rural de notre temps n’a jamais vu au moins deux enfants fréquenter leur
école secondaire. Actuellement, une telle famille qui n’a pas un enfant
ayant terminé ou en passe de terminer ses universités est
inconfortable.
Comme vous ne devez pas être au Rwanda, vous avez du mal à comprendre le
nouvel environnement familial dans les ménages actuels de Rwandais qui
sont, pour la plupart, extrêmement jeunes et donc créatifs et pleins
d’initiatives à cause de ces enfants qui vivent au quotidien avec leurs
jeunes parents et qui leur infusent ces savoirs et savoir-faire qu’ils
apprennent à leurs écoles.
César, merci d’oublier vos élucubrations et sentiments sur les écarts criants de revenus. Ils existent et ils sont affreux. Nous le remarquons. Mais il manque des intellectuels révolutionnaires, sociologues, linguistes, planificateurs de l’enseignement, psychosociologues, socioéconomistes et autres anthropologues, politologues pour entreprendre de rares et osés travaux scientifiques sur les phénomènes et défis actuels que vit ce Rwanda en pleine mutation.
Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 8 août 2019
http://fr.igihe.com
Posté le 08/08/2019 par rwandaises.com