Interrogé au sujet des récents propos du président béninois Patrice Talon au sujet du franc cfa, le Prof. Mamadou Koulibaly, économiste et candidat de LIDER à l’élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, a fourni la réponse suivante :
1. Le président Talon ne parle pas des réserves du seul Benin, mais de l’ensemble des pays de l’Umoa.
2. Il fait bien préciser qu’il s’agit d’une décision des autorités françaises à laquelle adhèrent les chefs d’État africains membres du franc cfa.
3. Il s’agit d’une réformette qui ne dit pas ce qu’il va advenir des comptes d’opérations, une réformette qui arrive avec d’autres projets de même nature.
4. Cette façon de faire rappelle celle du premier ministre Balladur qui, en août 1992, avait surpris les autorités politiques et monétaires africaines de la zone franc, en leur annonçant que son pays suspendait de façon unilatérale, le principe du rachat des billets qui lui étaient présentés par les places financières hors de France, alors que conformément aux accords monétaires, la France devait assurer la libre convertibilité du franc cfa à tiroir ouvert (garantie et découvert illimité accordés aux comptes d’opérations).
5. Cela rappelle aussi le précédent de la dévaluation du franc cfa qui, en décembre 1993, a été brutalement annoncé aux chefs d’État africains qui n’en voulaient pas et qui souhaitaient voir Paris respecter ses engagements du découvert illimité que les accords de coopération accordaient aux Banques centrales africaines membres du fcfa.
Les autorités françaises font remarquer qu’elles paient 0,75% de taux d’intérêt sur les réserves de change de la Bceao, ce qui, disent-elles, est cher payer pour elles, au moment où les obligations d’Etat disponibles sont liquidées à profusion, auprès de la Bce, à des taux d’intérêt nuls ou négatifs, dans la ligne de la grande politique de Mario Draghi que Christine Lagarde annonce qu’elle poursuivra.
Les autorités monétaires françaises ont besoin d’économiser sur ces versements d’intérêt, et ce sont elles qui prennent l’initiative de déplacer ces réserves vers d’autres horizons. Et c’est tant mieux, même si la destination finale reste encore confuse. Il est annoncé par certains que ces réserves de change seront placées auprès de la Banque des Règlements Internationaux à Bâle en Suisse. D’autres disent qu’elles seront dispersées auprès de plusieurs places financières. D’autres encore supposent qu’elles pourraient être remises à la Bceao et à la Beac.
Il est quand même curieux de constater que le président Talon fait préciser que l’initiative vient des autorités françaises.
Des réformettes confuses que la France impose, tout en martelant qu’elle reste ouverte à toutes les propositions dont l’initiative, selon elle, appartiendrait exclusivement aux pays africains (https://news.abidjan.net/h/665669.html), dont les chefs d’État ne cessent de nous répéter que tout va bien dans le meilleur de leur monde du franc cfa.
En réalité, la France a-t-elle encore un intérêt à assurer la garantie des dépôts bancaires au moment où la plus grosse banque européenne (Deutsche Bank) du pays le plus puissant de l’Euro (Allemagne), est au bord de l’effondrement?
Selon la presse spécialisée, les pertes nettes des 2e et 3e trimestres 2019 de Deutsche Bank font près de 4 milliards d’euros, et elle est considérée comme «la première pièce d’un domino financier extrêmement instable en Europe. Quand il s’effondrera complètement, cela déclenchera une réaction en chaîne que personne ne pourra arrêter… Elle commencera en Allemagne et pourrait provoquer la désintégration financière de l’Europe toute entière», selon businessbourse.com
Cette perspective a conduit l’Allemagne a proposé à ses partenaires européens une mutualisation des risques sur les dépôts bancaires et est en attente de la réponse, étant donné que si Deutsche Bank plonge, le système bancaire européen plongerait avec, ce qui pourrait provoquer un véritable chaos financier mondial.
Les partenaires de l’Allemagne interprètent cela comme le désir des Allemands de faire payer à tous la facture des risques encourus par les grandes banques allemandes.
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