Sur l’aéroport de Kigali, Bernard Kouchner a eu la surprise, mercredi soir, d’être accueilli par une Rose Kabuye tout sourire. Un symbole qui n’a échappé à personne. La directrice du protocole rwandais avait été au cœur de la brouille entre Paris et Kigali. Visée, ainsi que d’autres hauts responsables rwandais, par un mandat d’arrêt émis par le juge Jean-Louis Bruguière pour son rôle supposé dans l’attentat contre l’ex-président Juvénal Habyarimana, événement déclencheur du génocide, Rose Kabuye avait été arrêtée en Allemagne en 2008 et livrée à la France. Elle avait alors été mise en examen avant d’être lavée de tout soupçon.

L’épisode, qui avait marqué le pic de trois ans de brouille franco-rwandaise, est officiellement oublié. L’heure est à la détente. Le 29 novembre, les deux pays avaient annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques. Le cas de Rose Kabuye a servi à ce réchauffement, montrant que la justice française ne faisait plus grand cas du très décrié rapport du juge Bruguière. Le successeur de ce dernier, Marc Trévidic, pourrait d’ailleurs se rendre prochainement à Kigali.

Comme en écho, des magistrats rwandais ont publié jeudi un rapport qui conclut à la responsabilité d’extrémistes hutus dans l’attaque contre Habyarimana. Le texte est silencieux sur une responsabilité française dans le génocide, accusation longtemps courante à Kigali. Les menaces de poursuites rwandaises pour complicité de génocide contre Alain Juppé, Dominique de Villepin ou Édouard Balladur semblent s’éloigner.

Visite de Sarkozy

La visite de Bernard Kouchner scelle cette réconciliation qui pourrait être parachevée dès février par une visite de Nicolas Sarkozy. «Nous allons reprendre des relations normales», a assuré Bernard Kouchner. Selon le ministre, ami de longue date du président rwandais, Paul Kagame, pour les «heures sombres, il nous faudra demander aux historiens de travailler ensemble pour que nos pays sachent ce qui s’est passé».

La reprise des relations n’est pas pour autant qu’une histoire de passif soldé. Kigali, en froid avec Washington et Londres depuis un an en raison des troubles dans l’est de la République démocratique du Congo, cherche à multiplier les alliés. La France, qui entend jouer un rôle dans la riche région des Grands Lacs, a, elle aussi, besoin de Kigali. Des besoins communs qui n’empêchent pas les relations franco-rwandaises d’être définitivement altérées. Signe de défiance : l’anglais remplace depuis septembre le français dans les écoles primaires.T. B.

T. B.

Source:  Le Figaro

Posté par rwandaises.com