Le Nigeria et cinq autres pays de la CEDEAO ont condamné la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de renommer « unilatéralement » le franc CFA en ECO. Par Agence Ecofin
Réunis
à Abuja le jeudi 16 janvier, dans le cadre de la Zone monétaire
ouest-africaine (ZMAO), le Nigeria et cinq autres pays de la CEDEAO ont
condamné la décision de l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA) de renommer « unilatéralement » le franc CFA en ECO.
Dans un communiqué, les gouverneurs de banques centrales et ministres des Finances des cinq pays anglophones de la CEDEAO (Nigeria, Ghana, Liberia, Sierra Leone, Gambie) plus la Guinée ont déclaré avoir « noté avec préoccupation » la déclaration visant à renommer le FCFA en ECO d’ici 2020. Pour ces pays, cette action « n’est pas conforme » aux décisions de la CEDEAO visant à adopter une monnaie unique pour tous les 15 pays de la région.
Cette nouvelle déclaration intervient alors que l’annonce faite en décembre dernier par le président ivoirien, Alassane Ouattara, aux côtés de son homologue français, Emmanuel Macron, pour passer du FCFA à l’ECO cette année, a été vivement critiquée par une grande partie de population ouest-africaine. Pour de nombreux observateurs, il s’agit juste d’une manœuvre pour perpétuer le FCFA et pour l’étendre à l’ECO. La nouvelle annonce contraste d’ailleurs avec celle faite, il y a quelques semaines, par le président ghanéen Nana Akufo-Addo, selon laquelle son pays était prêt à rejoindre « rapidement » l’ECO.
Sur la table des négociations de la CEDEAO depuis près de 30 ans, le projet de la monnaie unique ECO qui sonnait théoriquement le glas du très contesté FCFA en Afrique de l’Ouest, avait été maintes fois reporté, devenant un véritable « serpent de mer ». Les pressions populaires de ces dernières années avaient entre autres poussé les chefs d’Etat à prendre des décisions concrètes pour l’adoption de cette nouvelle monnaie, dès 2020.
Cependant plusieurs experts estiment que le non-respect des critères de convergence couplé à la réticence affichée par le géant nigérian qui représente à lui seul 70% du PIB de la région, devrait repousser encore une fois cette échéance.
Réitérant « l’importance pour tous les membres de la CEDEAO d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique », les ministres des Finances des cinq pays anglophones de la CEDEAO ont annoncé qu’un sommet était prochainement prévu pour discuter de la question.