Alors qu’Emmanuel Macron a « convoqué » les chefs d’Etat des pays du G5 Sahel ce lundi 13 janvier à Pau, convocation « vécue comme une humiliation de plus », un collectif de personnalités des pays sahéliens fustige la poursuite de l’opération Barkhane, dont le socle n’est autre que « la défense des intérêts économiques régionaux, les enjeux de puissance internationale de la France et l’obsession de la lutte contre les migrations ».
Des « héros tombés pour leur pays », selon Édouard Philippe, des soldats « morts pour la France », selon Emmanuel Macron : l’émotion patriotique qui a entouré l’accident d’hélicoptères du 25 novembre au Mali, dans lequel sont morts 13 soldats français, devrait empêcher toute critique de l’opération Barkhane en France comme en Afrique. C’est ce qu’a assumé Emmanuel Macron en annonçant, le 5 décembre, un sommet des chefs d’État du G5 Sahel afin qu’ils clarifient et formalisent « leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale ».
Le choix du lieu, Pau, est lourd de symbole puisque plusieurs des soldats français tués venaient d’un régiment de cette ville : un président français demande ainsi à des chefs d’Etats de venir honorer la mémoire de ces soldats, alors que dans leurs pays « protégés » par l’armée française, les morts se comptent par centaines. Outré par les critiques croissantes contre la présence militaire française dans les pays du Sahel, le président français exige l’engagement de leurs gouvernants dans la croisade menée par la France et les somme de se justifier de la montée d’un sentiment anti-français : « Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit à l’heure même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements antifrançais, parfois portée par des responsables politiques ». En plein tollé provoqué par cette convocation aux relents coloniaux, la mort de 71 militaires nigériens le 10 décembre est venue rappeler aux Français que c’est chaque semaine que les populations sahéliennes sont frappées par différents groupes armés, qu’une absurde « guerre contre le terrorisme » ne parvient nullement à faire reculer ni même à contenir.