Des opposants burundais lors des négociations d’Entebbe le 28 décembre 2015 (Image/Archives)
Le président élu en mai dernier, Evariste Ndayishimiye, doit attendre avant de prendre ses fonctions. Avec la disparition de Pierre Nkurunziza, des opposants espèrent une amélioration du climat politique au Burundi. Par DW
Le changement peut-il arriver au Burundi avec la disparition de Pierre Nkurunziza et l’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye, le président élu en mai dernier et qui se prépare à prendre ses fonctions ?
Le président Pierre Nkurunziza le 16 mai 2020 lors d’un meeting de la campagne présidentielle de son parti, CNDD-FDD (AFP)
Sans trop se faire d’illusions, les opposants burundais veulent croire à un changement de cap dans la politique menée depuis une dizaine d’années par le CNDD-FDD, le parti au pouvoir.
Janvier Bigirimana avocat burundais et militant des droits de l’homme : « Je pense que le fait que Nkurunziza ne soit plus, cela donne plus de marge de manœuvre au nouveau président pour changer les choses s’il était animé d’une telle intention. Mais que ce soit Nkurunziza ou Ndayishimiye, ils agissent dans un système qui est dominé par des généraux qui ne respectent ni la loi ni les règles d’une démocratie. »
Un pays politiquement divisé
Pierre Nkurunziza laisse un pays politiquement très divisé et économiquement asphyxié, selon Marie-Louise Baricako, présidente de l’Association des femmes et filles pour la paix et la sécurité au Burundi. Pour la militante des droits de l’homme qui vit en exil au Rwanda, les défis à relever sont nombreux.
« Les autorités doivent d’abord reconnaître qu’il existe de réels problèmes au Burundi. Ils ont toujours affirmé que la paix prévalait sur tout le pays alors que les gens mouraient tous les jours et les violations des droits de l’homme étaient monnaie courante. Nous avons de nombreux réfugiés hors du pays et il faut que ces réfugiés rentrent pour que nous construisions ensemble la paix. L’économie est à relever, il faut rassurer la population. Il y a beaucoup de choses à faire avant que le pays ne se remette vraiment à vivre. »
Le président a peut-être aujourd’hui plus de possibilités de se montrer indépendant » (Julia Grauvogel)
Pour Marie-Louise Baricako, les généraux qui tiennent le pouvoir ont le choix entre se servir et servir les Burundais. Un avis que partage Julia Grauvogel, chercheuse au centre Giga pour les études africaines, à Hambourg. La chercheuse allemande estime qu’il est aujourd’hui difficile de spéculer sur l’avenir politique du Burundi.
« Le président a peut-être aujourd’hui plus de possibilités de se montrer indépendant mais il y a aussi l’influence des généraux de l’ancienne guerre civile. C’est une situation d’opportunités mais aussi de risques. Personne ne peut vraiment définir le scénario des prochains jours. »
La prestation de serment du nouveau président élu, Evariste Ndayishimiye, est prévue le 20 août. Mais la disparition soudaine de Pierre Nkurunziza pourrait amener les autorités à anticiper cette prise de fonction.