La Banque mondiale vient d’apprécier pour la troisième année consécutive les performances du Rwanda en termes de gestion des affaires publiques, de salubrité économique et de dynamisme rationnel de tout son peuple pour le développement social. Le jecos.com dakarois qui rapporte la nouvelle dit que le Rwanda est cité par la Banque Mondiale en tête du classement dans son rapport sur l’évaluation des politiques et des institutions en Afrique (Cpia) avec une note 4.0 sur 6.0 faisant de lui un élève africain excellent dans la conception de cette institution financière internationale.

Il est intéressant de lire ce rapport et de comprendre le souci obsessionnel du gouvernement rwandais à s’autosuffire budgétairement et économiquement parlant quitte à contracter des emprunts remboursables si immenses soient-ils. Plus question d’aides au budget, signe de dépendance à l’étranger.

En produisant un tel index, la Banque Mondiale a « l’objectif est de renseigner les pouvoirs publics sur l’impact des efforts déployés pour soutenir la croissance et lutter contre la pauvreté. Les notes obtenues servent aussi à déterminer le volume des prêts concessionnels et des dons que la Banque mondiale accorde aux pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne. Le rapport 2019 porte sur 39 pays, soit un pays de plus par rapport à 2018, la Somalie ayant été admise pour la première fois depuis 30 ans à recevoir l’aide de l’IDA », rapporte le Jecos.com.

Mais si le Rwanda obtient cette note régulière, c’est au prix d’une discipline sans faille dans la gestion des affaires publiques et d’un calcul minutieux de fonds reçus pour tel projet précis.

C’est aussi et surtout la mise en chantier de sa politique de réduction de la pauvreté et de croissance économique en ses différentes phases jusqu’à l’an ci devant 2020.

Mais au delà de cette chasteté économique poursuivie de façon rigoureuse, le combat a été dur pour pouvoir changer les mentalités sociales et introduire la culture de la collecte systématique de la taxe et de l’impôt.

« Il fournit en outre un état des lieux des politiques et institutions nationales au commencement de la pandémie de Covid-19, en mettant en évidence la nécessité, pour les pays de la région, à agir pour renforcer leurs systèmes de santé, protéger leur capital humain, améliorer la gouvernance du secteur public et mettre en œuvre des réformes structurelles visant à stimuler la productivité », écrit Faye. Tant mieux ! Mais ce que cet écrivain ne dit pas ce sont les mentalités conservatrices qui sont sérieusement bousculées, chose qui a créé des remous et alimenté des critiques de la part des détracteurs du régime rwandais actuel.

Ainsi, tôt en 1994, après avoir arrêté le génocide des tutsi, les stratèges du régime qui se reconstruisait se sont dit que l’impôt personnel minimum est une tare impardonnable de l’Etat. Vite supprimé, il a été encouragé une production massive de biens et de services économiques dans le pays. Tout ce qui était produit se vendait au marché. Le gouvernement prélevait alors ses taxes. Un office y relatif est créé. C’est l’Office Rwandais des Recettes, la RRA/Rwanda Revenue Authority. Cet office voit ses pouvoirs renforcés. Avec une discipline de fer, la collecte de ces taxes et impôts atteint de grands sommets. Entretemps, il ne manquera pas, tôt dans les années 2000, une ONG américaine On The Frontiers qui, très écouté, suggérera aux stratèges économistes rwandais les secteurs très porteurs Café, Thé, Construction, Tourisme et ICT, qui peuvent renflouer rapidement les caisses de l’Etat rwandais sérieusement pillé et vandalisé en 1994.

Mais cet index montre une Banque Nondiale attirée et agréablement surprise par un dynamisme sans cesse montant aux zéniths accompagnée d’une répression impitoyable du phénomène Corruption. Mais ce qu’il passe sous silence c’est que cette économie capitaliste rwandaise par excellence ne peut scintiller sans les écarts par trop criants de distribution des revenus.

On ne s’étonnera pas assez de voir en quelque chose comme un quart de siècle, le Rwanda peut compter plusieurs milliers de milliardaires au moment où de frêles et chétives classes sociales pauvres faites de plusieurs milliers de petits enseignants et d’autres millions d’ agents des secteurs public et privé et de l’informel broient du noir avec en moyenne moins 51$ (50.000 Frw) par mois.
Au rythme où vont les choses, le système capitaliste rwandais peut-il rabattre ses tendances et renforcer le pouvoir d’achat de ces classes sociales pauvres ? Cette dextérité impactera sur la longévité multiséculaire du capitalisme rwandais loin de tous soubresauts politiques meurtriers périodiques.

Une rente pour les indigents

Il est à noter néanmoins que cet index de la Banque Mondiale a de quoi se dire agréablement surpris par le miracle économique rwandais. En effet, après avoir catégorisé les citoyens en personnes économiquement baroudeurs (très riches), financièrement stables (riches), au pouvoir d’achat pssablement désiquilibré (moyennement pauvres)… jusqu’aux démunis dits indigents, il a été procédé aux stratégies de lifting de ces deux dernières classes sociales pour qu’elles émergent au delà du seuil de pauvreté. La politique socio économique nationale dite HIMO (Haute Intensité de Main d’Oeuvre) créée dans les années 2000 a ciblé cette troisième catégorie de personnes encore actives mais qui ne savaient pas entrer dans la danse de la compétition économique. Les travaux de voirie, la distribution de bétail pour élevage… bref toute une gamme d’actions économiques concrètes ont été proposées à cette catégorie qui a pu passer le cap de la pauvreté et a pu payer de façon parfaitement indirecte des impôts et taxes et, partant, ont pu participer aux efforts de reconstruction de l’économie nationale.

Aux indigents, une rente régulière leur distribuée !
Les personnes vieilles et physiquement handicapées sont plutôt choyées. Les districts administratifs font le recensement de ces dernières et votent une enveloppe annuelle à leur égard inscrite dans le budget annuel. Bien plus, le Ministère rwandais de la Bonne Gouvernance en partenariat avec l’Armée de Réserve faite d’anciens militaires et autres groupes armés démobilisés, cible de telles personnes qui doivent bénéficier généreusement d’habitations décentes.

Electrification rurale au compte goûte
Tout ceci est couronné par la politique de l’électrification des ménages de Rwandais qui, d’après les souhaits du Gouvernement, verra en 2024, 100% de ménages rwandais connectés au réseau national électrique. Ce sera un travail de titans car à ce jour, USAID parle de 30% d’électrification générale de ménages rwandais dont seulement 12% d’habitations rurales quand REG/ la Société Nationale d’Electricité parle d’une électrification du Rwanda à 51%.

Dans tous les cas cette électrification partout où elle est pratiquée, révolutionne les mentalités conservatrices de la place. De nouvelles activités économiques naissent impactant sur le mode de vie et sur la psychologie de la consommation de biens et services économiques, bref l’économie de marché étend ses ailes sur toute l’étendue du territoire rwandais. Mais entretemps, un hiatus ! Certaines activités économiques restent accaparées par une certaine caste capitaliste urbaine. C’est le cas de la bourse des valeurs de kigali dite RSE/Rwanda Stock Exchange. Celle-ci accroît lentement l’épargne publique car elle n’est ouverte qu’à un petit cercle d’entités commerciales et industrielles de la place.

Heureusement que les pouvoirs publics pressent les grosses entreprises commerciales et industrielles à passer le cap et devoir adhérer au statut de sociétés anonymes se conformant aux principes universelles de la bourse des valeurs. Une campagne médiatique, appui soutenu à la création d’unités de transformation agroalimentaires dans le pays, favorisation périodique de milliers de brevêts d’invention… voilà la clé de la transformation du Rwanda en une société rêvée à revenus intermédiaires d’ici 2030.

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