Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé IBK, et son Premier ministre, Boubou Cissé, ont été arrêtés ce mardi 18 août en fin d’après-midi à Bamako par des militaires en révolte. Sources Média Fr
Le Colonel Sadio Camara est le chef des opérations, en congé de formation militaire en Russie, il est le chef de la mutinerie
« Nous avons pris le contrôle du président de la République et de son Premier ministre, a déclaré un chef de la mutinerie, rapporte notre correspondant sur place, Serge Daniel. Nous nous sommes rendus à son domicile où il était avec le Premier ministre. Nous lui avons demandé de nous suivre pour une discussion. Ils sont actuellement entre nos mains et nous montons à Kati ». Le président de la République n’est donc plus libre de ses mouvements. Il est entre les mains des chefs des mutins.
À la tête de cette fronde, on retrouve des officiers. Ces mutins ont pris les armes ce matin au camp « Soundiata Keïta » de Kati, à 15 kilomètres de Bamako, où se trouve une garnison militaire, l’une des plus importantes du pays. Selon des témoins, ils se sont mis à tirer en l’air et ils ont ensuite pris le contrôle de ce camp. « Nous avons entendu vers 7h30-8h, en heures locales, des premiers coups de feu qui ressemblaient à des tirs en l’air, ça venait du camp militaire », témoigne ainsi un habitant de Kati joint par Coralie Pierret du service Afrique de RFI.
Ensuite, ils sont descendus vers Bamako, au ministère de la Défense, pour arrêter des hauts gradés de l’armée, qui ont également été conduits à Kati. Les militaires frondeurs contrôlent non seulement le camp, mais aussi des routes qui mènent vers Bamako. Des personnalités civiles auraient également été arrêtées. La situation est plutôt confuse, surtout que les frondeurs n’expliquent pas pourquoi ils sont mécontents et quelles sont leurs intentions.
Après avoir procédé à l’arrestation de hauts gradé de l’armée, les mutins ont décidé de se rendre au domicile privé du président de la République. Ils sont arrivés sur les lieux à bord d’un convoi de véhicule, selon des témoins. La garde présidentielle n’a opposé aucune résistance, un peu comme si les choses étaient coordonnées. Le président Ibrahim Boubcar Kéita se trouvait avec son Premier ministre. Les mutins ont demandé à ce qu’il les suivent. Ni résistance, ni acte de violence n’ont été à signaler. IBK et Boubou Cissé sont monté dans des véhicules et le convoi dans lequel se trouvaient des véhicules avec beaucoup d’hommes armés a pris la direction de Kati.
Le Président IBK Annonce sa Démission Suite au Coup de Force Militaire
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi sa démission et la dissolution du Parlement suite à son arrestation plus tôt dans la journée par des soldats mutins. Par RFI
Le président Keïta, arrêté en compagnie de son Premier ministre Boubou Cissé en fin d’après-midi et emmené dans le camp militaire d’où était partie une mutinerie en début de journée, est apparu vers minuit sur la télévision publique ORTM, portant un masque sur la bouche.
S’adressant d’une voix grave aux citoyens maliens et aux militaires de tout rang, il a déclaré avoir œuvré depuis son élection en 2013 à redresser le pays et à « donner corps et vie » à l’armée malienne. Puis il a évoqué les « manifestations diverses » qui depuis plusieurs mois ont réclamé son départ, faisant des victimes, estimant que « le pire en a résulté ».
« Si aujourd’hui il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? M’y soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires », a-t-il dit.
Des membres des Forces armées du Mali sont acclamés par la foule suite à l’arrestation du président IBK et du Premier ministre, le 18 août 2020. STRINGER / AFP
« C’est pourquoi je voudrais à ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ces longues années et la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment », a déclaré le président IBK. « Et avec toutes les conséquences de droit: la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement », a-t-il ajouté.
Je ne veux pas que du sang soit versé pour mon maintien aux affaires. C’est pourquoi je voudrais à ce moment précis vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment.
Cette annonce intervient quelques heures après l’arrestation du président Keïta et de son Premier ministre Boubou Cissé, à l’issue d’une journée mouvementée. Tout a commencé avec la prise de contrôle par les mutins de l’importante garnison de Kati, à 15 km de Bamako, où des coups de feu ont été entendus tôt dans la matinée.
Les insurgés se sont ensuite rendus à Bamako pour effectuer une descente au ministère de la Défense afin d’y arrêter quasiment tout l’état-major de l’armée. D’autres arrestations ont été planifiées, notamment celles des ministres de la Sécurité et de la Défense.
Malgré l’appel au dialogue du gouvernement dans l’après-midi, les militaires ont finalement arrêté IBK et son Premier ministre en fin de journée, avant de les conduire au camp de Kati à bord de véhicules blindés.
La communauté internationale a unanimement condamné ce coup de force. Mais dans la nuit, IBK a fini par annoncer sa démission dans un message diffusé à la télévision nationale après 7 ans au pouvoir.