Charles Ndereyehe Ntahontuye, présumé génocidaire contre les Batutsi en 1994, pourrait être extradé de Hollande au Rwanda après son arrestation par le gouvernement néerlandais ce mardi. Source CNLG








« Le gouvernement néerlandais tente d’expulser un opposant rwandais Ndereyehe vers le Rwanda. Il est maintenant en état d’arrestation », selon Kayumba du FDU-INKINGI son partenaire.

Kayumba est membre fondateur du conseil d’administration des Forces démocratiques unifiées (FDU-INKINGI), une coalition du groupe d’opposition rwandais de la diaspora. Ndereyehe Charles est un membre très actif des FDU. Les autorités néerlandaises l’ont appréhendé et les procédures pour sa déportation vers le Rwanda ont commencées.

Ndereyehe membre fondateur de la Coalition pour la défense de la République {CDR)

Ndereyehe était au départ membre du parti présidentiel, le MRND. Mais en 1992, il a quitté le MRND et contribua à la création de ce parti radical hutu, « Coalition pour la Défense de la République (CDR) », dont le rôle dans le génocide commis contre les Batutsi en 1994 est crucial.

En 1992, avec des intellectuels extrémistes, comprenant Ferdinand Nahimana, Dr Rwamucyo Eugene, Dr Jean-Berchmas Nshimyumuremyi et autres, Ndereyehe a créé et dirigé un groupe criminel appelé Cercle des Républicains Progressistes qui a sensibilisé les étudiants pour préparer le génocide dans les campus universitaires de Nyakinama et Butare.

A l’ISAR, Ndereyehe a organisé le génocide

En 1993, Ndereyehe a été nommé directeur général de l’Institut Rwandais de Recherche Agronomique ( ISAR). À son arrivée, ce scientifique n’a pas perdu de temps à montrer son côté impitoyable de la vie. Dès son arrivée à l’ISAR en 1993 comme directeur général de cet Institut, Ndereyehe a élaboré un plan d’extermination des familles des agents Batutsi placés sous son autorité . Il a d’abord mis en place un comité de tueurs aussi bien à Rubona que dans ses sept succursales disséminées dans le pays.

Le 21 mars 1993, Ndereyehe adressa à Didace Mugemana, chef du personnel de l’ISAR, une lettre officielle dans laquelle il lui confiait les pleins pouvoirs, dont celui de prendre vis-à-vis du personnel toutes les décisions qu’il jugerait utiles. Tous les cadres de direction de l’ISAR reçurent copie de cette lettre.

Ainsi les archives de l’Institut de recherche indiquent que des agents non extrémistes de l’ISAR Rubona, furent chassés ou mutés. Ndereyehe a conservé aux postes de direction les seuls membres du personnel qui partageaient son extrémisme anti-tutsi et qui acceptaient de commettre le génocide.

Appliquant les ordres de Ndereyehe, Didace Mugemana, chef du personnel, créa et coordonna la mise en place des milices à l’ISAR.

Une fois ces milices recrutées, Ndereyehe en collaboration avec le capitaine Ildephonse Nizeyimana qui était comme lui originaire du nord du pays, organisait leur formation au maniement d’armes à l’Ecole des sous-officiers (ESSO) à Butare. Ceux qui terminaient la formation revenaient à Rubona et entrainaient à leur tour les autres milices dans les propriétés forestières de l’ISAR Rubona et Songa.

Ndereyehe recevait l’appui des gendarmes de Nyanza commandés par un autre officier extrémiste, le capitaine François-Xavier Bilikunzira, lui aussi impliqué dans la perpétration du génocide dans la ville de Nyanza et dans les communes avoisinantes.

En avril 1994, Ndereyehe a dirigé dans les bureaux de l’ISAR diverses réunions de préparation du génocide en mettant en place un plan d’extermination efficace destinée à ne laisser aucun survivant Tutsi dans l’ISAR et ses environs. Il a réquisitionné les véhicules de l’ISAR pour le transport des tueurs et prévue des récompenses financières à ceux qui s’illustreraient dans le génocide. Le grand massacre eut lieu le 26 avril 1994. Plus de 300 personnes furent tuées sous ses ordres, hommes, femmes, enfants, bébés.

Ndereyehe a financé la perpétration du génocide

Le 25/05/1994, en plein génocide, le Premier ministre Jean Kambanda envoya une directive à tous les préfets de poursuivre la chasse aux Batutsi et aux Bahutu qui étaient contre le génocide. Cette opération fut baptisée « Auto-défense civile ».

En application de cette directive, Ndereyehe adressa le même jour une lettre à tout le personnel de l’ISAR, ordonnant à chacun d’entre eux de céder 20% de son salaire du mois de mai 1994 à l’appui à cette opération qui était en réalité une incitation à accélérer le génocide. Dans cette lettre, Ndereyehe promit également de prendre sur le budget de l’ISAR, la somme d’un million de francs rwandais destinée à récompenser les tueurs.

La lettre fut cosignée par les 10 cadres de direction du siège de l’ISAR et de ses succursales et y fut distribuée. Ceux qui l’ont cosigné sont : Nyabyenda Pierre (Directeur scientifique), Shyirambere Jean Damascène (directeur financier), Rutunga Venant (Directeur du Centre régional du Plateau Central), Tegera Pierre (directeur du Centre régional des terres des laves), Sibomana Gaëtan (Directeur du Centre régional du Bugesera et Mayaga), Nkusi Jean Baptiste (directeur du Centre régional des hautes du Buberuka), Gahamanyi Anastase (directeur régional des hautes terres de la Crète Zaïre Nil), Musabyimana Thaddée (directeur du Centre régional du plateau de l’Est), Ndayizigiye Francois (directeur du centre régional du Bugarama et bordures du Lac Kivu) et deux chercheurs de l’ISAR Kavamahanga Francois et Kagenzi Pierre

Ndereyehe modèle des génocidaires

Ndereyehe était publiquement cité par le régime génocidaire comme un modèle dans l’incitation publique et directe à commettre le génocide

L’exemple criminel de Ndereyehe dans l’incitation au génocide a dépassait les limites de l’ISAR Rubona. Son engagement était cité comme modèle dans des réunions organisées par le gouvernement pour inciter la population à prendre part au génocide.

Ainsi, au cours d’une réunion dirigée par Nsabumugisha Basile, préfet de Ruhengeri, le 9 juin 1994, à laquelle participaient tous les bourgmestres de cette préfecture, le colonel Ntibitura Bonaventure, alors responsable de l’auto-défense civile à Ruhengeri, prit la parole en citant le bon exemple de Charles Ndereyehe pour réclamer une participation financière aux forces génocidaires : «Ndereyehe,  le Directeur de l’ISAR, en accord avec le Conseil d’administration de cet établissement, ont dégagé une participation financière de 1,000,000 Frw, de telle façon que toute personne qui aura désarmé un Inyenzi-Inkotanyi et ramené son arme, recevra une récompense de 10,000 Frw. » Ceci correspondait à l’encouragement direct et public à pourchasser et à tuer les Tutsi.

L’une des principales décisions de cette réunion a été celle de fournir l’essence aux tueurs pour qu’ils puissent se rendre sur tous les lieux de massacres, y compris en dehors de la préfecture de Ruhengeri. C’est de cette façon que les tueurs qui ont exterminé les Tutsi de Bisesero le 30 juin 1994, provenaient de différents endroits dont Cyangugu, Gisenyi, Ruhengeri et Kibuye.

Ndereyehe a commencé le projet du génocide avant d’être nommé à l’ISAR

Avant d’être envoyé à l’ISAR, Ndereyehe dirigeait le Projet de développement agricole de Gikongoro (PDAG). A cette époque, Ndereyehe a fait partie des responsables de l’État qui ont installé des milices Interahamwe à Gikongoro, en collaboration avec le capitaine Faustin Sebuhura, commandant adjoint de la gendarmerie de Gikongoro. Sebuhura était originaire de la commune Mukingo à Ruhengeri, même région que Ndereyehe.

Dans la mise en place des milices à Gikongoro, Ndereyehe collabora également avec les directeurs des projets agricoles situés dans Gikongoro, notamment Pierre Célestin Mutabaruka, chef du projet Crête Zaïre Nil, les directeurs des usines à thé de Mata (Denis Kamodoka) et Kitabi (Juvénal Ndabarinze), les divers cadres de la préfecture de Gikongoro, dont Justin Ayurugari, responsable de l’ELECTROGAZ et Celse Semigabo, Procureur de la République. Ils sont tous aujourd’hui poursuivis pour génocide.

Depuis son exil aux Pays Bas, Ndereyehe poursuit son projet génocidaire

Ndereyehe quitta le Rwanda en 1994 lorsque le Gouvernement génocidaire et son armée perdirent la guerre. Il fut parmi ceux qui, alors se refugièrent en RDC,  et qui ont créé le 3 avril 1995, un mouvement politico-militaire extrémiste, le RDR, basé sur l’idéologie du génocide. Ndereyehe est un des dirigeants du parti FDU-Inkingi considéré comme terroriste.

Dans de très nombreux communiqués du FDU-INKINGI qu’il publie, Ndereyehe nie farouchement le génocide commis contre les Tutsi, prêche le négationnisme et attaque la mémoire de ce génocide en la qualifiant de « fonds de commerce. »

Aux Pays Bas, Ndereyehe coordonne les activités d’autres groupes extrémistes regroupant d’exilés Rwandais radicaux, nostalgiques d’une idéologie ethniciste qui a conduit au génocide commis contre les Tutsi en 1994.

Parmi ces groupes figurent la FEDERMO (Fédération des Organisations Rwandaises aux pays Bas), CARP (Collectif des Associations Rwandaises aux Pays-Bas), RIFDP-NL (Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix), DEN HAAG, Pro Justitia, FFDR (Foundation for Freedom and Democracy in Rwanda).

Depuis le 20 avril 2010, Ndereyehe est visé par un mandat d’arrêt international établi par la justice rwandaise. Il est également sur la liste des personnes recherchées par Interpol. Ce qui ne l’empêche cependant pas de poursuivre tranquillement ses activités de propagande criminelle, en Europe et ailleurs, qu’il mène avec d’autres groupes animés par l’idéologie du génocide, dont RNC, FDLR et FDU-Inkingi.

Urgence de juger ou d’extrader

Conformément à la résolution 2150 (16 avril 2014) du Conseil de sécurité qui exige aux Etats « d’arrêter, de poursuivre ou d’extrader, en exécution de leurs obligations internationales en la matière, tous autres fugitifs accusés de génocide qui résident sur leur territoire, y compris les dirigeants des FDLR », la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide demande aux Pays Bas de juger Ndereyehe Charles Ntahontuye.

Faute de jugement, la justice hollandaise devrait extrader Ndereyehe au Rwanda comme cela a été fait pour Jean Claude Iyamuremye et Jean Baptiste Mugimba extradés au Rwanda le 12/11/2016.

Rappelons que la justice hollandaise a déjà jugé Joseph Mpambara qui a été condamné à perpétuité le 07 juillet 2011 pour des crimes qu’il a commis à Mugonero pendant le génocide. De même, Yvonne Basebya Ntacyobatabara a été jugée en Hollande et condamnée, le 1er mars 2013, à 6 ans et 8 mois de prison après avoir été reconnue coupable des crimes commis à Gikondo pendant le génocide.

Le 05 novembre 2008, Ndereyehe a été jugé par contumace par la juridiction Gacaca de Gikirambwa, et fut reconnu coupable et condamné à l’emprisonnement à perpétuité pour les actes du  génocide commis à l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) qu’il dirigeait.

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