Un journal en ligne Actualité.cd paraissant en RDC rapporte des préparatifs tout azimuts d’accueil des Chefs d’Etat de la Région M. Paul Kagame (Rwanda), M. Kaguta Museveni (Uganda), Evariste Ndayishimiye (Burundi) et Joao Lourenço (Angola), tous invités de marque du Président congolais Félix Antoine Tshisekedi. L’objet de l’invitation est simple et laconique : sécurité et développement.

La ville de Goma au Nord-Kivu s’apprête à accueillir d’ici quelques jours, le mini-sommet des Chefs d’Etats de la sous-région. La question a été évoquée au cours du conseil extraordinaire des ministres du Nord-Kivu, présidé ce mercredi 9 septembre 2020 à Goma par le gouverneur Carly Nzanzu Kasivita. Le gouvernement provincial appelle les habitants de la ville volcanique à la propreté dans leurs parcelles ainsi que sur les voies publiques, rapporte le journal pour qui,

 » les Chefs d’Etat vont aborder les questions relatives à la paix et la sécurité dans la région ; les relations diplomatiques et politiques entre ces Etats ; et la relance des activités économiques dans le contexte actuel de la lutte contre la Covid-19″.

On sent le journaliste qui rapporte la nouvelle mesurer ses mots.

Paix et sécurité, très souhaitées par les citoyens de la région des Grands Lacs

Le Président Félix Antoine Tschisekedi en est à sa deuxième tentative d’inviter les Etats de l’Est de la région à étudier pratiquement comment éradiquer l’insécurité dans ces deux provinces des Kivus devenues, depuis 1994, l’épicentre de cette insécurité pour la région Est, avec l’établissement des Interahamwe et autres ex-FAR rwandais.

Depuis lors, cette vaste bande où s’étendent d’infinies platebandes arborisées et incontrôlées, des mouvements armés illégaux tant étrangers que locaux y ont élu leurs quartiers généraux. Ils échappent parfaitement au contrôle des FARDC et de la Monusco à qui, cette dernière, échappe le vrai sens de son mandat onusien de stabilisation de la RDC .

Les chefs d’Etat souscriront-ils à la possible suggestion de gestion conjointe de Tshisekedi de ce déficit de sécurité ?

En 2019, A peine élu Président, Fatshi a suggéré la rencontre des Chefs des Etats majors des pays de l’Afrique des Grands lacs. Des voix influentes avaient diversement accueilli cette initiative qui sort de l’ordinaire. Quelle initiative ? Une gestion commune de cette crise de la sécurité de l’Est de la RDC qui impacte immédiatement sur les Etats voisins.
Une voix positive, celle de Me Omar Kavota, Président du Centre d’étude pour la promotion de la Paix, la démocratie et les droits de l’homme (CEPADHO) de la région de Beni, au grand nord de la Province du Nord Kivu :

« Aujourd’hui que l’on fait face à des mouvements comme les ADF/ Allied Democratic forces ugandaises, FDLR/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda , FNL/Forces Nationales de Libération burundaises, et autres, qui ont un caractère transfrontalier, il importe que les Etat, d’où viennent ces rebelles, soient mis à contribution pour qu’on arrive à bout de ces mouvements », rapporte le journal onusien Radio Okapi du 24 octobre 2019 citant Omar Kavota.

Le journal continuait plus loin annonçant que « Des documents attribués au chef d’Etat-major général des FARDC, qui circulent déjà sur internet et qui avaient déjà annoncé cette deuxième rencontre du 24 au 25 octobre, font état de l’ouverture, d’ici quelques semaines, à Goma, d’un Etat-major intégré, que formerons les armées de ces quatre pays avec l’objectif de traquer la dizaine de groupes armés locaux et étrangers actifs dans la partie de l’Est de la RDC ».
Cette rencontre aura lieu un mois plus tard. Les Commandants de la Monusco et de l’Africom américaine y soront conviés.

Cet Etat-major intégré sera combattu
Cette rencontre ne donnera pas la satisfaction. Il y a eu des parties qui n’ont pas adhéré entièrement à cette idée de formation d’un Etat-Major intégré des quatre pays.
Ce n’est pas compliqué de comprendre pourquoi cette idée était dissonante en cette année 2019 finissante. Les parties ugandaise et burundaise se croyaient fortes de venir à bout du Rwanda en renforçant leur soutien aux groupes armés rwandais qui devaient foudroyer le régime en place au Rwanda.

Le maintien du statu quo de l’Est de la RDC les arrangeait. Fatshi, lui, n’a rien compris. L’acheminement de l’aide militaire dans le grand secret était acheminé sur les hauts plateaux de l’Itombwe où des camps d’entrainement des FLN/Forces Nationales de Libération du Rwanda aile armée de la Coalition MRCD/Mouvement Rwandais pour les Changements Démocratiques de Paul Rusesabagina.

Cette rencontre de Goma est survenue au moment où l’Uganda de Museveni avait aussi offert son territoire pour une arrière base politique et de recrutement militaire des RNC/Rwanda National Congress qui était lui aussi sur pied de guerre prêt à en découdre avec le Régime de Paul Kagame. La réunion de Goma des Chefs des Etats Majors du Rwanda, Uganda , Burundi et RDC en 2019 en présence des observateurs de l’Africom/Commandement Africain de l’Armée Américaine et de la Monusco

La suite on la connaît, la supposée opération Sokola II faite de contingent des FARDC pour ratisser cet Est de la RDC a appliqué son balai dans ces montagnes inaccessibles pour, immédiatement, détruire ces camps et prendre des prisonniers de guerre dont les chefs de ce mouvement pour les renvoyer au Rwanda.

Ce que l’on ne saura pas ce sera par quels moyens et le véritable auteur de cette opération militaire gigantesque qui a fait que les Etats majors ugandais et burundais ont perdu tout espoir de revanche sur leur voisin rwandais et qu’ils se sont résignés à, cette fois-ci, négocier la paix des braves pour la sécurité de la région.

Les Chefs d’Etats renégocieront la cogestion du ratissage des groupes armés de l’Est

Radio Okapi de ce 11 septembre se perd dans les conjectures. Il croit que sur l’agenda de ce mini sommet, il sera question de  » décrisper les tensions entre l’Ouganda et le Rwanda, d’une part, et entre le Burundi et le Rwanda de l’autre. Une forte méfiance est observée ces derniers mois entre l’Ouganda et le Rwanda. Ces 2 pays s’accusent mutuellement d’espionnage, d’ingérence et de déstabilisation ».

Mais cette façon de voir le problème est simpliste. Ni l’Uganda, ni le Burundi ne peuvent abriter des foyers de guerrilla à l’endroit du Rwanda. Tout ce qu’ils peuvent, c’est d’appuyer ces foyers qui profitent de l’immensité, du relief accidenté et de l’ingouvernabilité d’une grande partie de l’Est de la RDC pour s’y implanter. Une parade des FARDC : Sur ordre de Fatshi, elles tentent de venir à bout des groupes armés locaux et surtout étranger ; un travail de Titans

La thèse de Fatshi est parfaitement souhaitée par le Rwanda qui, à lui seul, pourrait faire tout le travail. Il suffira de certaines influences dont probablement celle de la Monusco contre l’idée de cet Etat Major Intégré des Forces armées des pays de la Région avec à leur tête, un commandant suprême congolais, pour voir l’Ugandais Museveni ou le Burundais Ndayishimiye se désolidariser du souhait de Tshisekedi.

Du reste, il s’entend que le projet de Tschisekedi de ratissage de cet Est de la RDC signerait la fin précipitée de la mastodonte Monusco. Cela, logiquement, ne doit pas épouser l’assentiment de la Communauté internationale qui, avec cette force géostratégique stationnaire, fait le monitoring des forces et puissances économiques indésirables, (Chine ? Russie ?…), qui voudraient elles aussi s’implanter dans ce géant de l’Afrique centrale.

Dans ce jeu d’échecs, le poids de Joao l’Angolais sera décisif pour changer les cartes de la région. Mais c’est aussi et surtout le camps des observateurs qui y seront associés, la Monusco, l’ICGLR et surtout cet AFRICOM. Ces observateurs sont si influents qu’ils font pencher la balance où ils veulent dans de tels contentieux internationaux et inter-Etats.

Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 11 septembre 2020

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