Seule la société civile était encore épargnée de la Françafrique

Le 8 octobre prochain à Montpellier, le président Macron organise pour la première fois un sommet France-Afrique sans aucun chef d’Etat de ce continent. Ces derniers avaient pris l’habitude de se faire convoquer dans une ville de France ou dans un pays africain, selon le choix et le bon vouloir de Paris. Cette situation était devenue la norme car c’est Paris qui toujours convoque, fait l’ordre du jour et paie la facture. Mais Macron pour la première fois a décidé de laisser tomber ses homologues chefs d’Etat et de convoquer la société civile africaine. Curieuse démarche d’un chef d’Etat, qui convoque la société civile d’autres pays.   

Contrairement à certains chefs d’Etat qui doivent tout à la France, la société civile africaine, notamment celle de l’Afrique de l’Ouest sophistiquée ou celle des pays anglophones peuvent rendre inconfortable Macron par leurs revendications. En effet, elles sont beaucoup plus critiques en ce qui concerne l’appui de la France à certains régimes africains, et elles sont contre le Franc CFA, une création du gouvernement français, et qui bénéficie à la France, plus que les pays utilisateurs.  

D’autre part, beaucoup des gouvernements africains n’ont jamais bien cohabité avec ces organisations qui se disent « non gouvernementale », car ce genre d’appellation certains l’ont considérée comme une opposition contre le gouvernement en tenue de camouflage. Alors que leurs consœurs de l’Europe,  qui se disent aussi « non gouvernemental » sont, non seulement financées par leurs gouvernements, mais aussi certaines d’entre elles sont des exécutants de la politique de leurs gouvernements en Afrique.

Selon Benoît Verdeaux, le secrétaire général de ce Sommet de Montpellier: « le sommet Afrique-France doit faire entendre les forces vives des pays africains ». De quel droit un pays étranger peut-il prendre une telle initiative en invitant les organisations nationales non gouvernementales de tout un continent ? On peut se demander si cette initiative vient de chefs d’Etat africains. Si ce n’est pas le cas, Macron s’immisce dans les affaires intérieures des pays africains. Et ce geste peut être considéré comme une nouvelle voie de manipulation de la population des populations des anciennes colonies. Surtout que l’on sait que la France s’est engagée avec détermination dans la politique néocoloniale caractérisée par sa présence permanente sous différentes formes en Afrique.  Les résultats de ce Sommet risquent d’aboutir à la naissance ou au réveil des nouveaux problèmes dans certains pays. Est-ce cela que vise la France? Alors le pyromane va devenir le pompier. Un nouveau truc pour n’est jamais quitter le continent. 

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La Françafrique pour les nuls de Seneplus

Sachant la situation délicate et l’équilibrage politique dans les pays africains qui se cherchent encore et se construisent, est-il le moment approprié pour que la France s’y misse dans la vie de la société civile africaine ? Au moment où tout le monde s’attendait à la fin de la Françafrique,  celle-ci, au contraire, est en train d’étendre ses tentacules, non seulement sur les gouvernements africains, mais aussi vers la société civile qui en était épargnée.   

On peut aussi se demander de quel droit et pour quel but Macron peut-il convoquer une société civile des pays africain. Pourquoi Macron n’a-t-il pas facilité plutôt la rencontre entre la société civile française avec ses homologues africaines car souvent elles se connaissent et depuis des années, elles collaborent a travers divers projets et programmes. D’autre part, il a été remarqué beaucoup de similitudes entre les populations ouvrières et  rurales européennes et  les mêmes groupes au sein de la population africaine. Leurs problèmes  ont certains points qui sont communs, et les échanges entre les groupes du Nord et les groupes du Sud sont très enrichissants et utiles, comme ont pu le prouver les rencontres à Bruxelles entre la société civile africaine et celle du Nord, qui ont été organisées il y a quelques années par la FAO et l’IFAD.

La convocation de ce sommet par Macron, est simplement une immixtion des affaires intérieures des pays africains, voire une preuve de plus que la France est toujours prête à décider ce qui est bon pour ce continent mais surtout de se maintenir sur place par tous les moyens.  L’idée de rencontre et d’échange est bonne, c’est la mise en application paternaliste ….

https://blogs.mediapart.fr/rwanda-podium/blog/150921/francafrique-de-quel-droit-macron-peut-il-convoquer-la-societe-civile-africaine