En marge de la tenue des Rencontres Internationales du Livre qui sont organisées à Kigali du 03 à 05 Mars 2022, et du constat que l’écrivain se meut dans un univers de plusieurs langues renforcé par le Français, l’Ambassadeur de France, Antoine Anfré, constate aussi que les Rwandais n’ont pas d’autre choix que de devenir polyglottes. Lire son interview à André Gakwaya de l’Agence Rwandaide d’Information (ARI-RNA) :
Amb. Antoine Anfré (A.A) – Ces rencontres littéraires internationales ont un double objectif : la promotion de la Francophonie au Rwanda, et le second objectif, la promotion du livre et de la lecture en général. Pourquoi la Francophonie ? La langue maternelle des Rwandais, c’est le Kinyarwanda. Ensuite ils ont comme langue d’enseignement l’Anglais, mais aussi le Français. Le Français revient de manière significative dans les écoles publiques, et il a une place assez importante dans certaines écoles privées. Et compte tenu de ce que j’ai pu constater, si je prends en compte le patrimoine artistique, culturel, littéraire de ce pays, il est évident que la maîtrise du Français est importante pour que les Rwandais puissent continuer à découvrira ce patrimoine. Je prends l’exemple de la pièce de Dorcy Rugamba publié récemment. Le titre est en Anglais, mais tout le texte est en Français. Je pense que cette pièce s’adresse à toute l’humanité, mais elle est essentielle pour qui veut comprendre le Rwandais.
Ça, c’est la langue mais l’autre aspect, c’est le livre. Au Rwanda comme ailleurs, le livre a souffert de l’irruption des réseaux sociaux, mais il est clair que le livre est quand même est une de savoir et de la culture qui reste essentiel, qui est plus exigent effectivement qu’une simple vision d’un semple vidéo ou un youtoube, mais qui permet d’approfondir les choses, d’avoir un vrai savoir, de s’ouvrir à l’autre, de s’ouvrir à l’écriture. Une bonne maîtrise de l’écriture passe par une bonne maîtrise de la lecture. C’est pour cela que ces rencontres sont organisées avec des éditeurs rwandais, avec ici la présence de la Directrice du Centre national du Livre en France, Mme Régine Hatchondo, le président du syndicat national des éditeurs, Mr Vincent Montagne, etc… Et on espère un a écosystème du livre francophone qui pourra permettre de développer le livre et la lecture dans un pays comme le Rwanda.
L’Amb. Antoine Anfré s’adresse aux écrivains réunis à Kigali
ARI – Le Rwanda de par sa situation géographique montre que la maîtrise des langues étrangères est d’une importance capitale…
A.A. – Le Rwanda a la vocation d’être un hub logistique à l’échelle continentale. On le voit par exemple avec cet aéroport qui va être construit dans le Bugesera, on parle d’une capacité des 10 millions de passagers par an. Il est évident que ces passagers ne vont pas tous rester au Rwanda. Ils vont aussi rayonner ailleurs. Le Rwanda est également frontalier de l’immense RDC et tout l’Est de ce pays. On sait que c’est davantage orienté vers l’Océan Indien que vers l’Atlantique pour des raisons évidentes. Et donc le Rwanda, s’il veut effectivement développer sa vocation de carrefour d’échanges, de plateforme logistique, il faut qu’il parle la langue de ses voisins. Il y a les populations rwandophones dans les pays voisins. Mais le Kinyarwanda est une langue compliquée. Je crois donc il y a plus de gens qui parlent Swahili, Anglais ou Français. Et donc, les Rwandais n’ont pas d’autre choix que de devenir polyglottes. Beaucoup le sont déjà. Mais je comprends que c’est un défi pour les petits garçons et les petites filles rwandaises qui finalement parlent le kinyarwanda avec leurs parents, mais finalement quand ils arrivent à l’école, doivent se mettre à l’Anglais, ils doivent se mettre parfois aussi au Français, mais parfois aussi au Swahili …. (Fin)
«Les Rwandais n’ont pas d’autre choix que de devenir polyglottes» -Amb. Anfré