LA NUIT RWANDAISE. REVUE ANNUELLE, N °3. ÉDITIONS L’ESPRIT FRAPPEUR, 2009, 484 PAGES, 10 EUROS. Paraissant chaque 7 avril, date anniversaire du début du massacre des démocrates hutu et du génocide de la population tutsi, la Nuit rwandaise ambitionne de faire la lumière sur l’implication française dans ce crime contre l’humanité. Sa troisième livraison est en partie axée sur le discours négationniste développé dans notre pays à travers, notamment, les derniers ouvrages de Pierre Péan en prolongement de l’ordonnance de soit-communiqué délivrée par le juge Bruguière, ordonnance qui provoqua la suspension des relations diplomatiques entre Paris et Kigali. Soulignons que plusieurs des principaux témoins produits par le magistrat (dont les liens avec l’UMP lui ont valu d’être candidat de ce parti lors d’une récente élection) se sont depuis rétractés, dénonçant les pressions et manipulations dont ils assurent avoir été l’objet. Ce qui n’a pas impressionné Pierre Péan, continuant d’évoquer lesdits « témoignages » comme si de rien n’était… La revue poursuit la publication de récits individuels. Ainsi de ceux collectés par Cécile Grenier, scénariste de la bande dessinée en deux tomes Rwanda 1994 (Albin Michel éditeur). Ou encore du témoignage de Bernard Kayumba, l’un des rares survivants des massacres de Bisesero, en pleine zone dite alors « humanitaire sûre » contrôlée par le corps expéditionnaire français. Recueilli par Jacques Morel, il est publié sous ce titre citation : « L’opération Turquoise avait pour objectif de sauver l’armée gouvernementale, pas les Tutsi. » Un diagnostic encore renforcé par le « Chiffon de papier », étude historique minutieusement documentée par Emmanuel Cattier concernant les premiers accords de cessez-le-feu entre le gouvernement de Habyarimana et le Front patriotique rwandais (FPR). Signés le 29 mars 1991, ils stipulaient expressément le départ des troupes françaises encadrant et épaulant l’armée de la dictature raciste ainsi que l’interdiction des approvisionnements en armes des belligérants. En vertu de quoi, les militaires français demeurèrent sur place jusqu’en décembre 1993, avant de revenir en force en juin suivant grâce à Turquoise. Quant au trafic d’armes, il n’a été interrompu à aucun moment par Paris. Après le génocide, il se prolongea vers Goma au Zaïre, le matériel étant destiné aux ex-militaires et miliciens qui faisaient la loi dans les camps de réfugiés au Kivu, région frontalière avec le Rwanda. Jean Chatain

http://www.humanite.fr/2009-06-22_Tribune-libre_LA-FRANCE-AU-RWANDA

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