Une génération de Rwandais a refusée l’héritage du statut de réfugié et sa transmission à sa descendance.

Face aux manœuvres dilatoires du régime Habyarimana, la mobilisation fut générale, aisée car on prêchait aux convertis.

Ils partirent des pays limitrophes ou lointains, rejoindre les rangs du Front Patriotique Rwanda « FPR » et de l’Armée Patriotique Rwandaise « APR » pour combattre l’injustice au Rwanda ; convaincus de la justesse de leur cause.

L’un d’eux, en partant clandestinement au front, laissa ce mot aux siens, chargé symboliquement et émotionnellement, mais qui traduisait sa détermination :

« Je pars pour libérer mon pays. Rendez-vous à Kigali ou au ciel. Tonton Emma ».

Ils devaient tous être dans cet état d’esprit.

Rarement on a pris part à une telle ferveur. Aux quatre coins du monde, « Impuruza » avait sonné l’alerte, était entendu et suivi en masse. Un immense retentissement a travers le monde.

Il y avait la force de caractère, la fermeté dans l’âme et l’endurance des souffrances physiques et morales.

Un dévouement inconditionnel pour recouvrer ses droits. Rien ni personne ne pouvait arrêter cet engagement.

Ils mériteront longtemps notre reconnaissance et notre respect.

Du 1er octobre 1990 au 4 juillet 1994. Cette période sera marquée par la mobilisation générale, la solidarité, la chaleur humaine et la communion partout et pour tous.

L’enthousiasme était perceptible sur chaque visage et dans les actions qui accompagnaient et soutenaient la guerre de libération.

C’est cet état d’esprit qui reste une configuration rare dans l’histoire.

Très vite Habyarimana va perdre à la fois la guerre militaire et celle de l’opinion. Exacerbant les tensions et la haine ethnique culminant jusqu’au génocide contre les tutsis.

Le 4 juillet 1994, l’APR défait les forces génocidaires et leurs alliés. Les vaincus pratiquent la politique de la terre brûlée. Dans leur fuite, ils embarquent la population.

Cette date permet chaque année de célébrer la victoire sur l’obscurantisme et de méditer sur le chemin parcouru.

De revisiter les nouveaux repères sociaux, politiques, historiques ; conduisant à de nouveaux positionnements et induisant de nouvelles références.

Que des défis relevés.

Le défi sécuritaire d’abord, contre les forces génocidaires qui pratiquaient des incursions depuis les camps installés à la frontière Zaïroise avec le Rwanda. Kibumba, Mugunga prêt de Goma et Panzi à Bukavu.

Il aura fallu démanteler ces camps d’entraînement militaire d’où partaient les attaques et rapatrier la population prise en otage et qui servait de bouclier humain.

Il y eut la guerre de libération du Congo avec l’AFDL de Laurent Desire Kabila, puis celle dite des « bacengezi ».

Le défi idéologique qui jusqu’à ce jour est encore rampant.

Il fallait à la fois reconstruire le pays en lui dotant des infrastructures et lutter contre les éléments perturbateurs qui l’auraient fait chavirer.

Et Dieu sait qu’il existait toute une mosaïque avec des caractéristiques propres.

L’année 2000 signe un tournant avec des dissensions graves au sein des partis politiques, le FPR en tête. Deux lignes de fractures s’affrontent.

Au sein du FPR, elles opposaient les tenants d’un « système clientéliste » soutenus par le Président Bizimungu et les gardiens du temple, derrière le Vice-Président et Ministre de la Défense. Et de surcroit, Président du parti.

On aboutira à la démission du Président Bizimungu le 23 mars 2000. L’onde de choc verra des grandes figures de l’époque tombées en disgrâce et d’autres devenir des dissidents.

Certains se sont radicalisés au point de rejoindre jambo asbl, un mouvement des négationnistes.

Au sein du MDR, ceux attachés à l’héritage des « pères fondateurs » s’affrontent à ceux qui exigent un aggiornamento.

Le Premier Ministre Pierre Celestin Rwigema quittera le gouvernement et s’exilera.

Au sein du parti libéral « PL » c’est la course a la tête du parti qui fera trébucher Joseph Sebarenzi, Président de l’Assemblée Nationale de transition. Il prendra le chemin de l’exil.

Il y eut en 2003, la dissolution du « MDR » et son association satellite « Itara » accusés de divisionnisme, menaçant de saper la politique de l’unité et la réconciliation.

Et des départs en exile de certains caciques du parmehutu.

Le MDR Parmehutu qui a semé les graines de division, du ressentiment et des pogroms successifs.

Le 4 juillet permet de pérenniser les souvenirs en célébrant ceux qui ont payé le sacrifice suprême pour nos droits.

Ce 4 juillet est une cérémonie patriotique, un moment de partage, de recueillement et d’émotions. Tout cela nous est précieux.

« Le Rwanda a réalisé des progrès spectaculaires en termes de développement depuis le génocide contre les tutsis de 1994 » dit le rapport de la Banque Mondiale de 2021.

Et cela couvre tous les secteurs de la vie nationale : éducation, sante, énergie, agriculture, tourisme, nouvelles technologies…

Le Rwanda est classé 38e pays au monde et 2e en Afrique pour le « doing business ».

Sur le plan diplomatique, le Rwanda est parmi les meilleurs pourvoyeurs des casques bleus aux troupes de maintien de la paix de l’ONU.

Le drapeau Rwandais flotte au Soudan, Haiti, en Centrafrique. Le General Jean Bosco Kazura a commandé la mission des nations unies au Mali « MINUSMA ».

Le Mozambique a chassé les djihadistes grâce aux « boys » Rwandais.

Le président Kagame est président en exercice du Commonwealth pour les deux ans à venir. Louise Mushikiwabo trône sur l’organisation internationale de la francophonie à Paris.

L’ambassadrice Valentine Rugwabiza est représentante spéciale du secrétaire général des nations unies en Centrafrique.

En définitive, le 4 juillet commémore la fin du génocide perpétré contre les tutsis, le début d’une ère nouvelle marquée du sceau de l’unité et la réconciliation et le développement du pays.

Le plus grand défi sera de maintenir la flamme.


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