Devant un parterre de plus de 200 jeunes, le 3 décembre 2022, le président congolais Félix Tshisekedi a fait une déclaration alarmante. « Le régime rwandais, avec Paul Kagame à sa tête, est l’ennemi de la RDC ».

Il a ensuite appelé la population congolaise à ne pas considérer tous les rwandais comme des ennemis, affirmant qu’ils (les rwandais) avaient besoin de la solidarité de la RDC pour se débarrasser de leurs dirigeants rétrogrades.

Le discours de Tshisekedi sur la « solidarité » a eu un bénéficiaire majeur et ce n’est pas le peuple congolais qui commerce quotidiennement avec ses voisins rwandais, principalement à travers le poste frontière de Goma-Rubavu. Et ce ne sont certainement pas les rwandais qui veulent profiter des sons éternels de la rumba congolaise dans la BK Arena de 10 000 places.

Le seul groupe rwandais qui bénéficie de la solidarité de Tshisekedi est celui qui tue des rwandais (et des congolais) pour atteindre son objectif de renverser par la violence le gouvernement dirigé par le président Kagame. Je parle des FDLR et autres groupes terroristes en exil.

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Vous pensez que je mens ?

C’est ce que le représentant alternatif des États-Unis pour les affaires politiques spéciales, Robert Wood, a déclaré en mars 2023 devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Les États-Unis « sont depuis longtemps préoccupés par la collaboration des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) avec les groupes armés de l’Est, en particulier les FDLR… ». Nous réitérons notre appel au gouvernement de la RDC pour qu’il professionnalise pleinement ses forces de sécurité et mette immédiatement fin à sa coopération avec les groupes armés ».

Le diplomate américain réagissait au rapport du groupe d’experts de l’ONU publié à la mi-décembre 2022. À la page 13 du rapport, il est révélé que lors d’une réunion tenue dans le petit village de Pinga, en mai 2022, deux commandants des FDLR, surnommés Silencieux et Potifaro, ont rencontré en secret le colonel Salomon Tokolonga des FARDC. Lors de cette réunion, le groupe génocidaire a proposé de mobiliser environ 600 combattants pour soutenir les FARDC. En retour, les groupes recevraient des armes et des munitions des FARDC.

À la suite de cette réunion, selon les témoignages d’anciens et d’actuels combattants, de sources de la société civile, d’autorités locales et de chercheurs, les FDLR (et d’autres groupes armés locaux) ont reçu des armes et des munitions de la part des FARDC à plusieurs reprises. En fournissant ces armes aux FDLR, Tshisekedi tenait sa promesse d’aider à déposer le gouvernement rwandais.

Aujourd’hui, une photo partagée sur les médias sociaux montre apparemment Tshisekedi en train de rencontrer Eugène-Richard Gasana, un ancien diplomate en disgrâce. C’est son droit, je suppose. Ce qui a éveillé mes soupçons quant au motif de cette rencontre, c’est un communiqué publié le 20 mai par un autre mouvement d’exilés rwandais nouvellement fondé, appelé « Platform for Rwandans Common Good » (Plateforme pour le bien commun des Rwandais). Signé par un universitaire discrédité, Charles Kambanda, le communiqué demandait l’ouverture de l’espace politique rwandais.

Bien que le nom du groupe soit nouveau, ses membres sont en grande partie issus de la cabale RNC/P5 qui, si l’on se souvient, a vainement tenté d’établir un groupe armé à la frontière entre la RDC et le Rwanda. L’un de leurs commandants, le major (Rt) Habib Mudathiru, a été condamné à 25 ans de prison par la Haute Cour militaire en 2021, après avoir été capturé en 2019 sur le champ de bataille en RDC, pour des accusations liées au terrorisme.

Il ne serait donc pas exagéré de conclure que Tshisekedi et Gasana préparent un mauvais coup.

Et, comme toutes les preuves précédentes l’ont montré, ce partenariat se terminera inévitablement par des larmes. Les rwandais continueront à dormir paisiblement dans leur lit tandis que les congolais continueront à vivre dans la terreur, les milices génocidaires rwandaises continuant à faire des ravages dans l’Est de la RDC.

Ce qui est vraiment regrettable, c’est l’ampleur des efforts déployés par l’ensemble de la région pour tenter de trouver une solution au problème de l’est de la RDC. Les soldats sont sur le terrain, loin de leurs familles, et les diplomates et présidents de la région font la navette d’une capitale Est-africaine à l’autre, tout cela dans le but de créer un Congo stable.

Et pendant que tout le monde dépense tout cet argent et tout ce temps, que fait Tshisekedi ? Il s’adonne à la plaisanterie. On dit qu’on peut mener un cheval à l’eau, mais qu’on ne peut pas le forcer à boire. J’en suis malheureusement arrivé à la conclusion que Tshisekedi est le cheval qui ne veut tout simplement pas boire à la fontaine de la paix. Toutefois, je ne me priverai pas d’une bonne surprise. On ne sait jamais.

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L’auteur est un chroniqueur socio-économique.