Face aux turbulences sécuritaires qui secouent l’Est de la République démocratique du Congo, (RDC), l’Europe et les États-Unis sont carrément ambivalents quant à la résolution durable de cette crise. Malgré leurs appels publics pour la cessation des hostilités, des questionnements subsistent quant à leur rôle dans cette problématique. Eclairage.

Faire du Rwanda, le mouton noir de la guerre à l’Est de la RDC tient de tout un programme occidental, son hégémonie.

Raison pour laquelle, rapport après rapport, dans le but de défendre leurs intérêts financiers en RDC, à travers l’exploitation des minerais précieux du pays de Lumumba, les deux puissances impliquent à tour de bras dans un écran de fumée, le Rwanda dans la crise Congolaise, malgré ses vigoureuses et nombreuses protestations.

Un poker-menteur qui perdure ; mais dont on connait d’ores et déjà les tenants et aboutissants.

L’or, la pépite par laquelle le malheur est arrivé

Dans la genèse de ce jeu de dupes, l’enjeu majeur demeurera l’accord signé le 26 juin 2022 entre les ministres de l’Industrie Rwando-Congolais, portant sur l’exploitation et la commercialisation des pierres précieuses, l’or en tête. Le deal a fait tilt chez les occidentaux qui se sont dépêchés à trouver un subterfuge pour contrer cette épine dans leur pied. Dans leurs tours de passe-passe, l’idée fut vite trouver d’aiguillonner le Rwanda au M23, et ainsi susciter un malentendu entre les deux partenaires.

Des éléments du M23 sur un front lambda affrontent les FARDC à l’Est du Congo-Kinshasa, qui ne cesse de clamer que la rébellion perdure grâce au soutien du Rwanda ; allégation rejetée énergiquement de tous temps par Kigali.

Et apparemment la farce a réussi car la RDC est tombé dans le panneau pieds et poings liés, elle qui accuse sans coup férir le pays des mille collines et des neuf volcans à toutes les tribunes internationales de soutenir cette rébellion. Les dénégations du Rwanda qui argumente sur sa propre sécurité, allusion faite à la présence des FDLR, cette milice génocidaire qui lutte aux côtés de l’armée régulière congolaise, tombent dans l’oreille d’un sourd, le voisin continuant de faire-fi de ce problème existentiel pour notre pays.

Les accords entre le Rwanda et la RDC auraient procuré des avantages significatifs à la RDC, contrairement aux accords conclus avec les occidentaux, qui ne lui laissaient que des miettes.

Les accords auraient propulsé la RDC hors des abysses

Selon l’accord Rwando-Congolais, ces minéraux, extraits en RDC, seraient traités au Rwanda avant d’être exportés à l’international. Un système qui offrirait des bénéfices substantiels à la RDC en comparaison avec d’autres accords passés, souvent au détriment de la nation congolaise.

Tina Salama, porte-parole de la présidence en RDC, avait peu après la signature de l’accord déclaré à Radio Canada :

“Une collaboration entre ces deux entités sera établie, supervisant tout le processus, de l’extraction par Sakima à la transformation avec valeur ajoutée par Dither SA.”

“Sakima“ est une entreprise basée en RDC, tandis que “Dither SA” opère au Rwanda.

Le but principal de cette initiative était d’éliminer le financement des groupes armés par la vente de ces minéraux, tout en augmentant les revenus générés par la RDC et le Rwanda grâce à cette coopération.

Pourtant, cet accord, du point de vue occidental, menaçait les intérêts des pays dits de l’Ouest, notamment les États-Unis et d’autres pays européen dans son giron, réticents à voir se renforcer une telle collaboration entre pays africains.

Cette coopération Rwanda-RDC ne s’arrêtait pas à la seule exploitation des minéraux.

Le président Paul Kagame avait promis la construction d’un village-modèle à Goma pour les victimes de l’éruption du volcan Nyiragongo.

Conçu pour être plus avancé que ceux du Rwanda, ce village aurait été un symbole tangible du renforcement des liens entre les deux pays.

Un analyste familier de la situation a commenté :

« L’Occident craignait qu’avec cette coopération, la RDC commence à tirer des avantages tangibles de ses ressources, renversant ainsi le statuquo ».

L’idée était que le Rwanda, en utilisant une fraction de ses ressources, pourrait aider au développement de la RDC, proposant des partenariats gagnant-gagnant pour les deux pays.

Fortunat Biselele, ancien conseiller économique de Tshisekedi, a souligné l’importance de cette collaboration pour la RDC, évoquant les contacts que possède le Rwanda (« carnet d’adresses ») avec de nombreuses entreprises clés pour stimuler le développement de la RDC.

Les analystes suggèrent que cette coopération aurait pu conduire à des partenariats entre entreprises congolaises, rwandaises et étrangères, avec des contrats transparents et équitables, dans la lignée de ce qui se fait au Rwanda.

Ce qui se ressemble s’assemble, dit la sagesse populaire, et je ne parle pas de visages SVP, mais de la dégaine à la débauche !

Pourquoi Américains et Européens freinent-ils le développement africain
 ?

Cependant, face aux pressions occidentales, la RDC et le Rwanda ont vu leur rapprochement entravé.

La richesse minérale de la région demeure ainsi la pomme de discorde majeure dans cette affaire, avec des acteurs externes qui semblent privilégier leurs intérêts économiques au détriment du bien-être et du développement durable de la population locale, la RDC ne faisant que des rentrées en miettes, pendant que les occidentaux se remplissent les poches à son détriment.

La question de la démographie africaine, avec ses implications socio-économiques et politiques, s’avère être au cœur des préoccupations occidentales, notamment de l’Europe et de l’Amérique. Ces superpuissances semblent redouter l’émergence de pays africains comme le Rwanda, y voyant potentiellement une menace pour leur hégémonie.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

D’ici 2050, un individu sur quatre sur la planète sera africain, représentant une hausse fulgurante par rapport à la part de 10% qu’occupait le continent dans la population mondiale en 1950.

Avec une prédominance juvénile notable, 40% des Africains ont moins de 14 ans, un chiffre qui s’élève même jusqu’à 60% pour ceux de moins de 30 ans dans certains pays.

Edward Paice, dans son ouvrage « Youthquake – Why African Demography Should Matter to the World », souligne l’urgence de repenser notre approche du continent, compte tenu des conséquences globales de cette explosion démographique.

Historiquement, l’Europe, avec une population de 408 millions en 1900, surpassait largement l’Afrique et ses 133 millions d’habitants. Mais le vent a tourné en faveur de l’Afrique qui, en 2021, comptait 1,3 milliard d’habitants contre 747 millions pour l’Europe.

Ursula Von Leyen, la présidente en exercice de l’Union Européenne dont les pays membres sont bien ancrés sous la coupole de l’oncle Sam

Le potentiel économique de l’Afrique est également indéniable.
Son PIB actuel est estimé à 3,1 trillions de dollars, avec des projections le portant à 29 trillions de dollars d’ici 2050.

Dans ce contexte, les États-Unis pourraient perdre leur place de première puissance économique mondiale, dépassés par la Chine et l’Inde.

Programme US de 1963 : L’initiative secrète pour contrer l’essor africain »

Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus sombre.

Certains analystes suggèrent que les puissances occidentales pourraient être tentées de freiner l’élan africain.

Un exemple évoqué est celui de la République Démocratique du Congo (RDC), un pays doté d’une richesse de son sous-sol colossale, voire meme energetique à l’aune notamment du barrage d’Inga qui pourrait produire plus d’électricité que n’importe quelle autre centrale dans le monde.

Le rapport « NSSM 200 » de 1974, commandé par Henry Kissinger, ancien Secrétaire d’État américain, jette une lumière crue sur cette question.

Intitulé « Implications of Worldwide Population Growth For U.S. Security and Overseas Interests », ce document de 123 pages illustre la vision américaine des enjeux démographiques mondiaux et de leur impact sur la sécurité de l’oncle Sam.

Il met en évidence l’inquiétude des États-Unis face à la croissance démographique des pays en développement, en particulier africains.

Selon ce rapport, la croissance de la population dans les pays en voie de développement pourrait compromettre l’accès des États-Unis à leurs ressources vitales.

Il émet également des recommandations controversées, suggérant notamment des interventions directes dans les politiques démographiques de ces pays, voire des changements de régime.

En fin de compte, cette complexe interaction entre enjeux démographiques, économiques et géopolitiques nécessite une analyse approfondie, tout en interrogeant l’éthique des interventions extérieures dans les affaires intérieures des pays africains.

Et quid des boucs-émissaires comme le Rwanda dans la crise en RDC, seul l’appel à l’éveil des consciences nationales et nationalistes africaines devraient être réactivés pour freiner cette suprématie occidentale qui s’enrichit depuis des lustres, alors que ceux qui devait bénéficier de son patrimoine sont au propre comme au figuré « à genoux. »

https://fr.igihe.com/Les-non-dits-de-l-implication-du-Rwanda-dans-la-crise-en-RDC.html