Les communautés africaines à travers le monde se réunissent, 25 mai, pour célébrer le 61e anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aujourd’hui connue sous le nom d’Union africaine (UA). Cette date marque une étape significative dans la lutte pour l’indépendance et l’unité africaine.

Reconnu comme la Journée de la Libération de l’Afrique, ou Journée de l’Afrique, cet événement annuel symbolise les progrès réalisés par les nations africaines pour se libérer de la domination coloniale et atteindre l’autodétermination.

Au Rwanda, les célébrations sont coordonnées par le chapitre rwandais du Mouvement Panafricain, qui vise à évaluer les avancées du continent, ses défis et ses perspectives futures.

Parmi les dignitaires présents, Janet Mwawasi Oben, ambassadrice du Kenya au Rwanda, joue un rôle clé dans l’organisation des festivités.

Elle a été particulièrement active dans la préparation des événements qui ont précédé la célébration, dont un tournoi de football organisé à Kicukiro le dimanche 19 mai pour célébrer cette journée spéciale.

Lors d’une entrevue exclusive accordée à IGIHE dans son bureau de Kacyiru, l’ambassadrisse a partagé ses impressions sur les avancées de l’Afrique, les problèmes qui entravent le progrès économique six décennies après que la plupart des pays du continent aient atteint l’autonomie, et les mesures nécessaires pour orienter le continent vers la prospérité.

À l’occasion de la Journée de la Libération de l’Afrique le 25 mai, quelles sont les principales réalisations que le continent peut célébrer après plus de six décennies d’indépendance ?

Le 25 mai est un jour important pour l’Afrique, car il marque la fondation de l’Organisation de l’Unité Africaine, aujourd’hui connue sous le nom d’Union Africaine. C’est une grande journée pour l’Afrique. Nous avons beaucoup à célébrer malgré nos défis.

Depuis sa création, nous avons assisté à la croissance de l’Afrique qui, s’affirmant progressivement, a dépassé l’époque du colonialisme, 1963 étant l’année où la plupart des pays africains ont acquis leur indépendance.

En examinant les progrès réalisés depuis lors, nous pouvons mettre en avant des réussites telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), qui permet aux pays africains de commercer librement. Bien que cela ne soit pas encore totalement abouti, des progrès considérables ont été réalisés.

Nous disposons également des centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) via l’Union Africaine, qui se sont nettement concentrés sur la santé publique, notamment pendant la pandémie de COVID-19, les États membres collaborant pour trouver des solutions en matière de santé publique. Nous avons vu l’inclusion des femmes dans les sphères économiques et financières, un changement significatif par rapport au passé.

Il y a eu une croissance des infrastructures, avec des améliorations des systèmes routiers et de l’accès à l’eau. Dans le domaine de l’éducation, nous sommes passés d’un système basé uniquement sur la religion à un système qui a connu une croissance substantielle, bien qu’il reste encore beaucoup à faire.

Bien que l’Afrique ait acquis son indépendance, elle demeure la région, la moins développée du monde, malgré ses abondantes ressources naturelles. Qu’est-ce qui, selon vous, a freiné le développement à travers le continent ?

Historiquement, l’Afrique a été lourdement colonisée, et ses ressources naturelles ont été exploitées par les puissances coloniales et l’Occident, ce qui a entraîné des bénéfices minimes pour le continent. Maintenant que nous sommes indépendants, nous possédons toujours des ressources naturelles, bien qu’elles soient épuisées.

Un problème réside dans le fait que les pays riches en ressources naturelles se concentrent souvent exclusivement sur celles-ci, ce qui entrave les progrès dans d’autres domaines tels que les infrastructures et l’économie numérique.

La mauvaise gouvernance, la corruption et les institutions non responsables ont également entravé la pleine croissance de l’Afrique. Nous sommes confrontés à des défis infrastructurels, avec des routes, des chemins de fer, des transports aériens et des secteurs énergétiques sous-développés, ce qui nous place dans une position défavorable.

L’instabilité politique, les élections contestées, les conflits armés et les guerres civiles ont également freiné les progrès. Notre système éducatif nécessite des améliorations et la qualité médiocre des soins de santé reste un problème.

Le changement climatique est une question significative, affectant les pays à travers le continent. Récemment, le Kenya a été touché par des inondations, tandis que l’Afrique australe a été confrontée à la sécheresse et à la faim. Cela entrave la croissance de l’Afrique malgré ses ressources naturelles.

Quelles étapes considérez-vous comme nécessaires pour que l’Afrique atteigne une indépendance économique et politique complète ?

Nous devons développer des solutions indigènes adaptées à l’Afrique pour favoriser la croissance économique, telles que la création d’industries pour transformer nos ressources naturelles. Il est essentiel de disposer d’une main-d’œuvre possédant des compétences critiques pour être compétitive à l’échelle mondiale.

Des techniques agricoles modernes sont nécessaires pour renforcer la sécurité alimentaire. Nous devons nous unir pour créer des politiques économiques qui favorisent la croissance socio-économique et améliorent les échanges commerciaux.

La paix et la stabilité sont cruciales ; certains États restent en proie au chaos, et nous avons besoin de stratégies pour aborder ces problèmes.

Le thème des célébrations de cette année est axé sur la construction de systèmes éducatifs résilients. Quels domaines de l’éducation devrions-nous améliorer en tant que continent pour atteindre les standards des nations développées ?

Nous devrions nous concentrer sur l’éducation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM). De nombreuses écoles adoptent cette approche, s’éloignant d’un système basé uniquement sur la religion pour privilégier le progrès technologique et l’innovation. En mettant l’accent sur ces domaines, nous pouvons développer une main-d’œuvre capable non seulement de faire croître l’Afrique mais aussi de rivaliser à l’échelle mondiale.

L’ambassadrice Janet Mwawasi Oben souligne les nombreuses réalisations de l’Afrique au cours des 60 dernières années

https://fr.igihe.com/Journee-de-la-Liberation-de-l-Afrique-l-ambassadrice-du-Kenya-revient-sur-les.html