Selon cet opérateur, les Rwandais n’en reviennent pas. C’est la toute première fois qu’elle se sent sujette à toutes les sollicitudes positives de la part des dirigeants. Ici les dirigeants ne leur demandent pas des devoirs. Ils leurs doivent également un environnement leur permettant l’accès à la jouissance de leurs droits.
« De mémoire de Rwandais, on n’a jamais vu un régime, qu’il soit ancien monarchiste ou celui de Grégoire Kayibanda (1962-1973) ou du Général Juvénal Habyarimana (1973-1994), un régime qui se lève quand un citoyen de la bourgade la plus reculée est assassiné. Même s’il meurt de maladie, les autorités médicales sont poursuivies pour savoir s’il n’est pas question d’irresponsabilité. Dans ces circonstances, ajouter le fait qu’il n’existe plus de procès injustes car Kagame circule dans les districts pour des assemblées ayant l’allure de cour judiciaire suprême qui tranche sur des cas difficiles, comment nous demander de ne pas le plier pour qu’il accepte de nous diriger encore et encore ? », a dit Kayibanda, un fermier de Nyakarenzo du District de Rusizi.
Les citoyens rwandais ont leur Président en la personne de Paul Kagame.
Et c’est là que le bât blesse la Communauté internationale surtout occidentale. Pourtant, dans leurs balbutiements pour asseoir le mode de gouvernance démocratique, les régimes occidentaux français ou anglais, allemand ou américain, belge ou romain, tous sont passés par des sauvageries y compris des pogroms. Pour asseoir la victoire du capitalisme, les régimes occidentaux ont eu recours à des tas de violations massives des droits de l’homme y compris l’esclavage et le colonialisme, véritables dénis de la démocratie.
« Le Royaume uni n’est pas en faveur d’une réforme de la Constitution pouvant permettre à Paul Kagame de briguer un troisième mandat », a déclaré à la presse Grant Shapps, Ministre de la Couronne britannique en charge du Développement international en visite au Rwanda ce vendredi 11 septembre 2015.
La RFI qui a suivi le déplacement de ce ministre à Kigali rapporte qu’au cours de son entretien avec le Président Paul Kagame,
« La Constitution, mais aussi l’arrestation à Londres en juin dernier du chef des services secrets rwandais et la suspension d’une partie des programmes de la BBC à la suite de la diffusion d’un documentaire controversé sur le génocide sur une des chaines du diffuseur britannique ont été à l’ordre du jour de l’entretien que le ministre britannique a eu avec le président Kagame. Des points qui ont été abordés ensuite lors d’une conférence de presse ».
Ah ! Le Pragmatisme anglais va entrer en action. Il faut à tout prix que les choix de Kigali, selon lui, n’influencent d’autres pays de la sous-région.
« La difficulté avec les amendements de constitutions est qu’une fois qu’un pays le fait, tout le monde pense pouvoir le faire en retour. Beaucoup de pays voisins n’ont pas les mêmes standards que ceux d’ici », a déclaré à la Presse Shapps à la sortie de l’entretien avec Paul Kagame.
Mais ces Britanniques exercent sur le Rwanda un œil observateur critique normal autant qu’ils jugent d’autres pays de la région reconnus pour leur long stabilité politique et économique, ce qui leur permet de …..
« Nous croyons que tous les pays dans le monde devraient avoir une presse libre et dynamique, a déclaré Grant Shapps. Nous pensons qu’il devrait y avoir de l’espace pour la société civile. Nous croyons qu’il devrait y avoir de la place pour du débat politique. Nous ne pensons pas que la constitution devrait être amendée ».
Certains intellectuels et politiciens rwandais sont outrés par cette injonction aussi claire et limpide que de l’eau du ministre de sa Majesté britannique.
« Surtout pas d’injonctions sur le mode de gouvernance de nous autres Africains. On ne donne pas des injonctions à des hommes et femmes adultes. Les conseils de nos amis sont les bienvenus mais pas les injonctions », s’est révoltée la ministre rwandaise des Affaires Etrangères, Louise Mushikiwabo, en visite ce 12 septembre à Oyo congolaise , ville du président Sassou Nguesso.
Le débat citoyen très présent… la Société civile en moins
Les citoyens ont leur débat permanent rendu possible par les révolutionnantes TIC/Technologies de l’Information et de la Communication. Un certain Semakweli réagit sur TV Monde à propos de la critique du ministre britannique sur la prétendue absence de l’espace démocratique au Rwanda qui fait que l’idée du troisième mandat fait son cours à Kigali.
« Le Rwanda est l’un des pays d’Afrique où le débat via les réseaux sociaux est le plus vif et le plus répandu dans la population et au sein de la diaspora, eu égards aux smartphones et au PC . Grâce au développement de l’ITC.
Autrement dit, la liberté d’expression vue sur cet angle y est garantie en considérant les commentaires des titres et des postings dans différents média : comme igihe , umuseke, ubukungu, etc..
Aussi le changement de la constitution est débattu sur les collines par des canaux classiques et modernes. Il n’y a, ni à l’intérieur du pays, ni à l’extérieur au sein de la diaspora, des manifestations contre comme on l’a vu au Burundi ou au Burkina Faso.
Au total ne pas lier le changement de la constitution à une personnalité y compris Kagame est l’argument imparable. Car il n’est pas dit que HE KAGAME va se représenter même si la constitution lui donne ce droit ».
En clair, les citoyens rwandais des villages désormais regroupés ont une autre lecture de la geste politique rwandaise. Ils expériencent un nouveau produit politique qui veut qu’on parle peut et qu’on travaille pour beaucoup produire et ainsi changer de mentalités et de styles de vie.
La démocratie du verbe ? Oui, Le pain d’abord !
Il faut d’abord que le citoyen maîtrise et s’approprie de méthodes sûres de production du pain dans un environnement ‘conducive’ : assurance de sécurité, de santé, d’éducation et culture.
Une société civile ? Plus de 1400 ONGs au dernier recensement du DG de la Rwanda Governance Board dont au moins 500 confessions religieuses devraient répondre de leur contribution à la reconstruction du tissu national. Ne côtoient-elles au quotidien les citoyens rwandais pour leur donner des armes intellectuelles et de production ?
La société civile rwandaise ne sait sur quel pied danser
Une bonne étude sociologique impartiale montrera sans contredit que le Rwanda est malade d’une société civile atone qui aura abdiqué de ses principales responsabilités citoyennes surtout que les pouvoirs publics suppléent à sa carence. En effet, les recettes civiles des pouvoirs publics ne lui permettent de faire des revendications sensitives. Un toit ? Le gouvernement exige des citoyens qu’ils vivent décemment dans des villages regroupés avec un accès aisé à l’eau potable et au raccordement électrique. Santé ? Le même gouvernement a initié une Mutuelle de santé et sévit contre ceux qui n’y souscrivent pas. Il va même plus loin et paie cette Mutuelle pour les catégories sociales démunies. Education ? Ce n’est plus comme dans les régimes précédents. Chaque enfant a droit à l’éducation jusqu’en fin Humanités. Demain, la société civile ne pourra pas réclamer pour ce jeune l’accès à l’enseignement supérieur technique qui lui donnera toutes les armes pour ne pas manquer de l’emploi.
Voilà pourquoi l’Occident croit que la société civile rwandaise est muselée. Cet Occident conçoit la société civile comme quelque institution proche des partis de l’opposition politique. C’est que le Gouvernement rwandais a institutionnalisé certaines de ses structures qui ressemblent à des garde-fous très actifs qui font un monitoring très rapproché des faits et gestes des officiels au point que tout dérapage de leur part est dénoncé et sanctionné. L’Office de l’Ombudsman (anti corruption et injustice), l’Office de l’Auditeur Général des Comptes de l’Etat (Contre les détournements de fonds publics), Commission Rwandaise des droits Humains (Contre injustices et violation des droits)… ces institutions publiques ont damé le pion à une société civile rwandaise dont l’existence à l’Occidental n’est que décrier et dénoncer les démesures gouvernementales.
Il ne reste que les droits politiques.
Ça, c’est autre chose ! Quoi donc si dans la conscience populaire collective, la conception de la politique rwandaise cherche à admirer différemment les grands hommes politiques comme le timonier chinois Mao Tsé Toung, le singapourien Lee Kwan Yew ou le révolutionnaire Fidel Castro ? Ils ont dirigé leurs peuples durant des demi-siècles pour les changer du tout au tout et de les faire respecter dans la communauté internationale. Les Rwandais, sans le dire de cette façon, ne pensent pas autrement pour Paul Kagame. Pourvu qu’au cours de son 3ème mandat il leur allège les rigueurs du capitalisme sauvage qui les frappe de plein fouet !
Publié le 14-09-2015 – par Jovin Ndayishimiye
http://fr.igihe.com/politique/anglosaxons-et-democratie-formelle-le-rwanda-a-la.html
Posté le 14/09/2015 par rwandaises.com