La Franco Rwandaise Sonia Rolland auteure de « Rwanda, histoire d’une reconstruction ; 2014 » était l’invitée de Radio du Parlement français LCP ce 11 avril 2016. Elle entend recueillir des appréciations d’un certain Jean Marie Vianney Ndagijimana, ancien ministre rwandais des Affaires Etrangères (1994), de François Loncle, député PS d’un département français L’Eure et ancien Membre de la Mission Parlementaire française 1998 sur le Rwanda. Etait aussi présent, le journaliste Boisbouvier de RFI.
Une reconstruction du Rwanda au-delà d’un lourd passé de génocide.
Les débatteurs ne peuvent que lui lancer des fleurs pour avoir donné la parole aux différents intervenants y compris des chercheurs universitaires, sociologues, politiciens et autres activistes des droits humains.

 

Sonia Rolland et le Député PS Eure François Loncle

Le sieur Ndagijimana trouve semble ne pas accepter la « face très avenante du Rwanda » dépeinte par l’auteure. « Je ne mets pas en doute l’honnêteté intellectuelle de Sonia ni la volonté de vouloir brosser une image exacte du Rwanda actuel. Mais elle a décrit ce qu’on a voulu lui montrer », dit Ndagijimana qui accuse le régime actuel de rétrécir l’espace politique, d’absence de consensus, d’unilateralisme. Il est vite contré par François Loncle :

« J’ai aimé le film de Sonia au point que je rêve que la France et le Rwanda se réconcilient. J’aimerais dire à notre ami, ancien Ministre du Rwanda que parmi les dix pays du monde ayant connu une forte croissance économique, le Rwanda vient parmi les 5 premiers pays du continent africain après l’Angola, l’Ethiopie et le Mozambique et avant le Tchad. Le Rwanda est incontestablement une réussite économique. Pour ce qui est de la réconciliation que relève Sonia dans son film, c’est une entreprise sans cesse évolutive pour effacer la coupure ethnique ».

Mais il n’y a pas que l’entreprise ‘réconciliation’ strictement nécessaire pour ressouder le tissu social déchiré par les Interahamwe en 1994 et qui, à travers le négationnisme du génocide fleurit en Occident, tentent de se dédouaner et de montrer qu’ils ont été victimes des massacres lors, en 1996, de la tentative du FPR de « retour forcé des réfugiés hutus » qui campaient le long de la frontière rwandaise.
Le Négationnisme du génocide de cet ancien ministre est vite contré par Boisbouvier qui trouve qu’il va plus loin, qu’il ne peut pas comparer le génocide à un quelconque crime.

Espace politique fermé ?

Reconstruction du pays en faillite à travers des programmes de développement menés conjointement avec des programmes d’unité et réconciliation, 2 millions d’affaires devant la justice traditionnelle Gacaca ; tout cela demandait un réapprentissage des valeurs de la démocratie consensuelle et non celle de la confrontation.

Dans une séquence du film de Sonia Rolland visionnée, un certain Benoît Guillou trouve que certains observateurs politiques vont trop loin en n’exigeant rien qu’en 20 ans où on réapprend à se tenir debout de voir le Rwanda pratiquer la démocratie calqué sur le modèle occidental donc le débat contradictoire :

« La démocratie, ce n’est pas du café soluble. Il faut du temps. Il faut des étapes et des principes à respecter… », dit-il à son interlocutrice.

Boisbouvier raille lui aussi les négationnistes de la trempe de JMV Ndagijimana pour avoir eu l’occasion de « connaître deux Rwanda ; le Rwanda du temps du génocide et le Rwanda de 20 ans après ce génocide des tutsi ».

 

Les débatteurs

« (J’ai vu des gens trimbaler) un traumatisme terrible de l’un des plus grandes apocalyspes du 20ème siècle où un million de Tutsi ont été tués en 100 jours en 1994 au Rwanda », est ainsi intervenu Boisbouvier tentant de montrer à l’ancien ministre rwandais qui tente de relativiser le génocide des Tutsi de 1994 qui a été organisé sur toutes les collines du pays.

Loncle appelle les autorités françaises à la raison

A la question du journaliste de savoir en quoi la France participe-t-elle à la reconstruction du Rwanda, le député PS François Loncle est catégorique. Il faut une nouvelle formule de la diplomatie bilatérale franco rwandaise. Mais pourquoi cela ne tient-il pas ? Loncle pointe sur les erreurs qui ont caractérisé l’histoire mouvementée des relations entre les deux Etats en passant par l’action désastreuse du juge antiterroriste Bruguière et l’émission de ses mandats d’arrêt internationaux contre les hauts gradés militaires rwandais. Il survole l’embellie qui a brillé juste le temps du passage de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

 

« Dans l’histoire, il y a toujours eu dans la politique africaine de la France, tous les gouvernements confondus, des tête-à-queue qui n’ont pas cherché à résoudre des problèmes de fond et l’établissement d’une relation qui devait être bien meilleure avec le Rwanda. Je pense qu’actuellement, il faut éviter de mettre l’huile sur le feu et voir de quelle façon on peut rejoindre une vraie relation franco rwandaise qui serait salutaire. Il faut faire en sorte qu’on s’adresse aux bonnes personnes, et que ce soit ces bonnes personnes qui rencontrent nos intérêts », a dit le député François Loncle avant de proposer carrément les stratégies de relance de la coopération :

« Sur le plan économique, il y a beaucoup à faire. Il ne faut pas attendre qu’il y ait une réconciliation politique entre les deux Etats pour entreprendre des échanges économiques salutaires ».

http://fr.igihe.com/politique/sonia-rolland-etson-film-rwanda-histoire-d-une.html

Posté le 15/04/2016 par rwandaises.com