Au moment où le monde commémore le 71e anniversaire de la Convention Internationale sur la Prévention et la Répression du Crime de Génocide, le Rwanda a rappelé les pays à extrader les présumés génocidaires contre les Tutsi en 1994.






Six des huit fugitifs du génocide mis en examen par le tribunal de l’ONU. Net Photo.

Adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution du 9 décembre 1948 et entrée en vigueur le 12 janvier 1951, la convention sur le génocide est un instrument de droit international qui a codifié pour la première fois le crime de génocide.

En 1947, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté le fait que le «génocide» est un crime international qui devrait être poursuivi aux niveaux national et international, bien qu’il soit généralement commis par des individus ou des États.

La Convention sur le génocide a été le premier traité sur les droits de l’homme adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies et a marqué l’engagement de la communauté internationale à «plus jamais ça !» après les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale contre les juifs.

Son adoption a marqué une étape cruciale dans le monde vers le développement des droits de l’homme et du droit pénal international tel qu’il est connu aujourd’hui.

Alors que le monde commémore, la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG) rappelle aux pays qui accueillent des criminels qui ont participé au génocide contre les Tutsis de «respecter les lois internationales et de les poursuivre ou de les extrader en conséquence».

Plus de 1100 actes d’accusation

À ce jour, le Rwanda, par l’intermédiaire de l’Autorité nationale des poursuites pénales (NPPA), a envoyé 1 144 mandats d’arrêt contre des auteurs présumés de génocide dans le monde.

Cependant, outre ceux qui ont été inculpés par le NPPA, il y a huit autres inculpés par le Tribunal pénal international des Nations Unies pour le Rwanda (TPIR). Il y a Félicien Kabuga, Protais Mpiranya Augustin, Bizimana, Fulgence Kayishema, Phéneas Munyarugarama, Aloys Ndimbati, Charles Sikubwabo et Charles Ryandikayo, qui sont toujours en fuite.

Dans un communiqué, le CNLG a également rappelé à tous les pays qui accueillent les négationnistes du génocide contre les Tutsi, ces pays doivent respecter la résolution N ° 2150 de l’ONU et punir ces individus en conséquence.

Le CNLG a également appelé tous les Rwandais, en particulier les jeunes, à jouer un rôle actif dans la lutte contre l’idéologie du génocide et les délits connexes.

«Les citoyens peuvent le faire en participant à des activités pour commémorer le génocide contre les Tutsi, en dénonçant ceux qui nieraient ou minimiseraient le génocide, et en enregistrant et en préservant l’histoire du génocide contre les Tutsi dans leurs études et recherches», indique le communiqué.

Il est intéressant de noter que le gouvernement du Rwanda, de la deuxième république au Rwanda, qui a commis le génocide contre les Tutsi,  a ratifié la convention le 16 avril 1975. Mais en même temps il a refusé de ratifier son 9e article qui stipulait qu’un pays pouvait être poursuivi par la Cour internationale des Nations Unies dans le cas où il se trouverait non conforme à la dispositions de la présente Convention ou si un génocide et des délits connexes sont observés dans ce pays.

Le refus du Rwanda de ratifier l’article 9 était de couvrir  la première république pour les actes du génocide commises  en 1963 qui ont été précédées et préparées par un nettoyage ethnique sans relâche appliquée depuis 1959 et qui a continué tout le long de gouvernance de la deuxième république jusqu’en 1994.

Ce génocide de 1963 avait été annoncé par le président Kayibanda lui-même, comme Bagosora avait annoncé celui de 1974 en le catégorisant de « l’apocalypse ». Les massacres observés sur le terrain, avant et après ce discours du président Kayibanda, ont  été reconnus et dénoncés publiquement à l’époque par le philosophe Bertrand Russel et la Radio Vatican.

Le génocide contre les Tutsi est un crime international reconnu par les Nations Unies, qui a conduit à la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a fermé ses portes le 31 décembre 2015 après avoir jugé 75 fugitifs du génocide qui avaient cherché refuge à l’étranger.

Le 16 avril 2014, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution N0 2150 (2014) qui implore tous les pays de prendre des mesures pour poursuivre et punir les auteurs du génocide au Rwanda qui se trouvent à l’étranger.

Le 28 janvier 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution pour corriger l’appellation des massacres commis au Rwanda et les a appelés «le génocide contre les Tutsi» et a consacré le 7 avril Journée internationale de réflexion sur la Génocide contre les Tutsi au Rwanda