Elimane Diouf, premier secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal

Avez-vous le sentiment que les acteurs locaux africains, très présents à Marrakech, ont été écoutés dans l’enceinte de Copenhague ?

Pas suffisamment, c’est pour cela qu’ils marchent et manifestent, mais les grands décideurs les oublient, les négociations semblent monopolisées sinon bloquées par les grandes puissances. La chance pour l’ Afrique, c’est que cette fois ci au moins nos autorités, dans presque tous les pays, avaient pris soin, avant de participer au sommet, de bâtir une stratégie de négociation avec les organisations de base, les représentants de la société civile. Le fait que ce sommet ait été bien préparé avec la base a permis de déboucher sur une stratégie commune de négociations Pour l’Afrique, une telle symbiose représente une première. Moi-même, au Sénégal, j’avais participé à la préparation du sommet, et je peux vous dire que toutes les structures avaient été consultées (Assemblée nationale, syndicats, organisations agricoles)…

Quel était votre message ?

Nous ce qui nous préoccupe tous, c’est l’avancée de la mer. Dans de grandes villes comme Dakar et Rufisque, c’est un enjeu capital : nous venons d’avoir de graves inondations.. Pendant des années il n’y a pas eu de pluie et subitement, lorsqu’il a plu à torrents, la ville s’est retrouvée sous eau, rien n’avait été planifié..
Un autre secteur qui, à l’avenir sera affecté par le réchauffement climatique, c’est celui de la pêche… Les ressources halieutiques diminuent. Il y a des mois où les côtes sénégalaises sont presque vides ; en ces moments là, les pêcheurs artisanaux du Sénégal vont jusqu’en Guinée Conakry, en Mauritanie, en Guinée Bissau. Là ils se heurtent aux pêcheurs locaux, cela crée des conflits et incite les jeunes à utiliser leurs pirogues pour tenter de gagner l’Europe comme migrants clandestins…
Un autre péril pour le Sénégal, c’est la désertification. Elle explique pourquoi la pluviométrie a été insuffisante pendant des années…

Des mesures sont elles prises pour enrayer cette désertification ?

Nous travaillons en ce moment sur ce que nous appelons la grande muraille verte, qui court tout le long du fleuve Niger et traverse plusieurs pays, afin d’enrayer la désertification. Ce projet devrait être mieux expliqué aux populations concernées. Cette muraille peut freiner le désert mais aussi l’avancée de la mer…Le colonel Kaddhafi soutient vivement ce projet qui a été soumis à l’approbation de l’Unité africaine.
A propos d’Africités, il faut souligner que désormais, à côté des représentants des gouvernements, des ONG, des syndicats, les élus locaux se font entendre à leur tour. Des synergies s’établissent entre tous ces centres de pouvoir et d’influence.

Que retenez vous de l’expérience marocaine ?

Ce qui me frappe, c’est la bonne symbiose entre tous les acteurs. Voyez le maire de Fez : il a expliqué ici comment il avait procédé à la rénovation de sa ville et, en même temps, il est le président d’une grande centrale syndicale Nous sommes impressionnés par le succès des expériences marocaines, par le fait que tous les acteurs de développement veuillent travailler ensemble…
Au Sénégal, aussi des synergies se développent : notre syndicat s’est ouvert aux organisations paysannes, aux syndicats des techniciens de l’agriculture, désormais nous essayons d’aborder ensemble les problèmes de l’agriculture de la pèche, du chômage des jeunes.

 

 http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/12/17/africitesla-voix-d-un-syndicaliste-senegalais/

Posté par rwandanews.be