La situation très instable de la Guinée Conakry ne laisse pas indifférent Bea Diallo, député au parlement bruxellois et président de la Commission des relations extérieures de la Communauté française de Belgique : la vedette sportive, qui est aussi échevin de la commune d’Ixelles, n’a rien renié de ses origines guinéennes. Il a gardé le contact avec un pays où il voyage fréquemment, il investit une grande partie de ses revenus dans une fondation qui soutient des projets de développement et c’est dans le grand stade de la capitale, là où naguère Sékou Touré, le père de l’indépendance, osa dire « non » au général de Gaulle et refuser l’accord d’association avec la France, que Bea Diallo a tenu à livrer le match de boxe qui lui conféra le titre de champion du monde. Mais c’est dans ce stade là aussi que, le 28 septembre dernier, les militaires tirèrent à bout portant sur une foule qui s’opposait à ce que le chef de la junte, le capitaine Dadis Camara, se présente aux élections. Depuis ce bain de sang qui a fait plus de 200 morts, Bea Diallo, comme tous les Guinéens, a déchanté et il désavoue une dictature qu’il qualifie d’irresponsable.
Le député bruxellois reconnaît cependant qu’au lendemain de la mort du vieux dictateur Lansana Conte, il s’était rendu à Conakry et avait été reçu par le nouveau président, le capitaine Dadis Camara : « j’avais été impressionné par sa volonté d’éradiquer le trafic de drogue, dont la Guinée était devenue une plaque tournante, sa détermination à lutter contre la corruption, quitte à s’en prendre à d’anciens Premiers Ministres, jusque là réputés intouchables… » Mais le nouvel homme fort de la Guinée lui avait cependant paru « idéaliste mais aussi incohérent, à la limite du déséquilibre… »Bea Diallo rappelle que la manifestation du 28 septembre dernier (date anniversaire du « non » de la Guinée à de Gaulle)avait été interdite mais que les « forces vives » alimentées par les syndicats et d’anciens politiciens, étaient passées outre, entraînant la réaction très violente des militaires. Le député bruxellois confirme que parmi les bérets rouges qui tirèrent à bout portant dans la foule se trouvaient de nombreux « anciens enfants soldats » revenus du Liberia et de Sierra Leone, des jeunes qui n’ont connu d’autre éducation que celle de la violence extrême.
Pour Diallo, les évènements récents, où l’on vit le chef d’état major Tumba Diakité tirer sur Dadis en visant la tête (le président portait un gilet pare balles…)ressemblent d’abord à un règlement de comptes au sommet de la junte : « lorsque les enquêteurs de l’ONU ont débarqué et entamé les investigations sur les responsables des massacres, le président Dadis a voulu présenter son aide de camp, le capitaine Tumba Diakité, comme le seul responsable, celui qui avait pris la décision de faire tirer sur la foule. Ce dernier n’a pas accepté d’être présenté comme bouc émissaire et a tenté d’éliminer le chef de l’Etat. »
Aujourd’hui que le président Dadis, gravement blessé à la tête et ayant perdu l’usage de la parole lutte contre la mort dans un hôpital marocain, le capitaine Tumba, toujours en fuite pourrait avoir gagné un pays voisin, un troisième homme attend peut-être son heure, le ministre de la Défense Sékouba Konaté. Ce dernier avait déjà pris ses distances à l’égard de Dadis et refusé de participer aux négociations de Ouagadougou, où le président du Burkina Faso, homme fort de la région, a tenté de sauver la mise des militaires et recherché une solution négociée avec la classe politique et les « forces vives ». Loin des intrigues de Conakry, Sékouba Konaté a préféré voyager, au Liban, aux Etats Unis…
Béa Diallo, lui, a décidé de foncer. Il dénonce l’émiettement de la classe politique, qui s’est divisée en plusieurs dizaines de petits partis, il critique le manque de substance des « forces vives » qui ne sont unies que pour réclamer le départ de Dadis et s’est décidé à lancer un grand mouvement d’unité nationale, le « Mouvement Guinée nouvelle » qui devrait réunir, le 22 décembre prochain, une « conférence stratégique » rassemblant toutes les parties en présence, y compris les militaires.
Le député bruxellois aime rappeler les richesses de sa patrie d’origine : « 40% des réserves mondiales de bauxite se trouvent en Guinée, ce pays possède des réserves de fer, d’or, de diamants, des terres fertiles, des réserves d’eau potable… Tout cela est aujourd’hui galvaudé, la population reste misérable et ceux qui étudient n’ont qu’une seule idée, entrer dans la fonction publique… C’est pour ramener les Guinéens au travail productif que ma fondation est aussi très active dans le domaine de l’éducation. »
Alors qu’à Conakry le Ministre de la Défense exerce le pouvoir par interim et que la population redoute un affrontement entre factions militaires, Béa Diallo, depuis la Belgique (où résident, officiellement, plus de 10.000 Guinéens) espère mobiliser la diaspora afin de dire »non » une fois de plus, à l’arbitraire…
http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/12/10/bea-diallo-se-lance-sur-le-ring-guineen/
Posté par rwandanews.be