vendredi 19 septembre 2008
NETTALI – En riposte aux mandats d’arrêts lancés contre l’ex(Premier ministre Mame Madior Boye et 8 autres personnalités sénégalaises, le Sénégal a décidé de traduire le juge français Jean-Wilfrid Noël pour "forfaiture et discrédit sur les institutions". L’annonce a été faite par le collectif des avocats devant assurer la défense des autorités sénégalaises.
(Photo : La coque du bateau Le Joola après le naufrage)
Selon Me Moussa Sow, le Procureur de la République a initié la procédure depuis jeudi. Car pour les avocats Sénégalais, les mandats d’arrêts lancés par le juge français d’Evry pour "homicides volontaires et défaut d’assistance à personne en danger" dans le cadre du naufrage du bateau Le Joola en fin septembre 2002, et qui a fait environ 2000 morts.
En croire les avocats sénégalais, la mesure du juge français est une violation du droit international et une atteinte à la dignité du pays. Le collectif d’avocats argue que la procédure initiée par le juge français a fait fi des règles de privilège de juridiction dont bénéficient ces autorités sénégalaises. Raison pour laquelle, ils entendent apporter cette riposte pour annuler les mandats d’arrêts.
Pour Me Massokhna Kane, c’est l’occasion d’en finir avec les menaces et l’épée de Damoclès qui pèse sur Mame Madior Boye et les autres concernés dont les ministres de l’Equipement et des transports et de la Défense d’alors, Yousouph Sakho et Youba Sambou, ainsi que le chef d’Etat major des armées, le général Babacar Gaye.
Les avocats de l’Etat du Sénégal craignent qu’avec ces mandats internationaux, ces autorités sénégalaises soient arrêtées à cause de la coopération entre pays européen. Me Ousmane Sèye, n’y est pas allé par quatre chemins estimant que c’est une forme d’"humiliation" du peuple sénégalais. L’attitude de l’auteur des mandats d’arrêts n’est pas motivée par le droit, selon Me Sèye, qui ajoute qu’il s’agit d’une preuve de zèle d’un juge d’instruction qui veut sortir de l’anonymat à cause de la médiatisation de cette fonction.
Embouchant la même trompette, Me El Hadj Diouf, considère que le juge Jean-Wilfrid Noël a été "manipulé" car il ne peut pas ignorer que la responsabilité pénale est personnelle. D’ailleurs concernant la question de la responsabilité, Me Sèye rappelle que l’Etat l’a reconnu dès le début de la tragédie. Le parquet de Dakar avait classé le dossier pénal arguant de la disparition du commandant du bateau seul responsable de ce qui est arrivé. Les familles des victimes sénégalaises ont été indemnisées par l’Etat par la suite.
Mais en France, les familles des 22 victimes françaises ont porté plainte en 2003 débouchant sur l’instruction ouverte à Evry pour "homicides involontaires et défaut d’assistance à personne en danger".
Après le mandat d’arrêt lancé il y a quelques jours contre lesdites autorités sénégalaises, Dakar a immédiatement répliqué. "Si, pour des actes quelconques, on recherche en cascade la responsabilité des auteurs pour arriver à des hommes d’Etat sénégalais, dont manifestement aucun acte n’a de lien avec ce délit-là, il est évident que cette chose est très grave et nous appliquerons la réciprocité", a prévenu le porte-parole de la présidence de la République, Me El Hadji Amadou Sall
Source: www.nettali.net