Le président de l’Assemblée nationale et leader du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, Pascal Nyabenda.

Au Burundi, le parti au pouvoir, le CNDD-FDD s’en prend une nouvelle fois à son voisin rwandais. Dans un communiqué publié la semaine dernière, mardi 16 août, le parti au pouvoir va jusqu’à remettre en cause le génocide perpétré contre les batutsi rwandais en 1994. Depuis des mois, le Burundi, dirigé par le président Pierre Nkurunziza, un Hutu, accuse le rwandais Paul Kagame, de vouloir déstabiliser le Burundi. Le communiqué épingle également le Canada, accusé de planifier une « invasion » dans le pays. C’est la première fois que le parti au pouvoir remet en cause de manière aussi directe le génocide rwandais.

Le CNDD-FDD l’affirme sans détour : « des montages génocidaires ont été mis au point contre le gouvernement hutu de Kigali » de l’époque dans le but de lui attribuer la responsabilité du génocide 1994. Pour Filip Reyntjens, professeur à l’université d’Anvers et spécialiste de la région des Grands Lacs, cette déclaration est une nouvelle étape dans le durcissement du discours du parti envers le voisin rwandais

« Là, on est très près du négationnisme du génocide. Parce qu’ici en substance le président du CNDD-FDD dit qu’il n’y a pas eu de génocide mais que c’est en fait le vainqueur de la guerre civile au Rwanda en 94 qui a manipulé tout cela. C’est une accusation qui, du côté rwandais, doit être perçu comme extrêmement grave parce que toute la légitimité du FPR repose sur le fait qu’il a défait les forces du génocide. Donc c’est un langage qui est très rarement utilisé même par ceux qui, au Rwanda, sont soupçonnés d’avoir participé au génocide. Donc ça va vraiment très loin. »