> Après la demande de poursuites contre le président Kagamé formulée
par le juge français Jean-Louis Brugière pour sa « participation
présumée » à l´attentat qui a provoqué la mort du président Juvénal
Habyarimana le 6 avril 1994 et marqué le début du génocide, Kigali
publie un rapport de 331 pages. Ce document, dont « le Soleil » a pu
obtenir une copie, porte la signature de la commission chargée
d´enquêter sur l´implication de la France dans les tueries. Dix-huit
mois d´investigations ont rendu possible ce travail. La commission a
établi l´implication de la France avant, pendant et après le
génocide qui a causé 800.000 morts selon l´Onu. Celle-ci va du
soutien militaire aux Forces armées rwandaises à la participation à
la violence contre les Tutsis. Les autorités françaises ont rejeté
ces accusations.
> « Depuis le début des hostilités entre le Far (Front patriotique
rwandais) et les Far (Forces armées rwandaises), le 1er octobre
1990, jusqu´au déclenchement du génocide, le soutien accordé par la
France au Rwanda, au titre de la coopération civile et militaire,
s´est intensifié », lit-on dans le document publié par la commission
chargée d´enquêter sur l´implication de la France dans le génocide
au Rwanda en 1994.
> Adoptée en 2004, cette commission, au terme de 18 mois
d´investigations, accuse Paris d´être impliquée dans les massacres.
Fort de 331 pages, le rapport qu´elle a établi a analysé le rôle de
l´Hexagone avant, pendant et après le génocide en faisant une large
ouverture sur la coopération civile et militaire. Il a surtout mis
en exergue la structure de l´intervention militaire française dans
ce pays, d´octobre 1990 à avril 1994. Et il en est arrivé à la
conclusion que l´Etat français est mouillé dans les tueries qui ont
secoué ce pays qui, à l´époque, « était marqué par la permanence
d´une politique de discrimination ethnique et régionale
institutionnalisé e, une gouvernance tendant à un contrôle politique
et social par le parti unique, le Mrnd, une grave crise économique
et sociale, une corruption galopante ainsi que par une violence
politique nourrie d´assassinats de personnes considérées comme
dangereuses
> politiquement » . L´ensemble de ces éléments contribue à créer une
atmosphère de déliquescence politique et de profonde angoisse
économique et sociale.
> C´est dans ce contexte que le Fpr a lancé, le 1er octobre 1990,
depuis l´Ouganda, une attaque d´envergure. Il déclare que sa lutte a
pour but d´instaurer un Etat de droit au Rwanda, de mettre fin à la
politique de discrimination ethnique et régionale institutionnalisé e
et de permettre le retour des réfugiés éparpillés dans la région des
Grands Lacs et dans le monde, certains depuis trente-cinq ans. Selon
le rapport, cette attaque est l´aboutissement de plusieurs années de
mobilisation des communautés réfugiées de par le monde depuis le
milieu des années 1980, que ce soit au Kenya, en Ouganda, au
Burundi, au Sénégal, en Suisse, en France, aux Etats-Unis ou
ailleurs.
> Intervention militaire de la France
> L´attaque du Fpr dans ses premiers jours connaît un succès
immédiat. Ce dernier parvient à prendre le camp militaire de Gabiro
et entre à 60 km à l´intérieur du pays. Ce succès a-t-il précipité
l´intervention de la France ? Le rapport informe que le 02 octobre
1990, le fils du président Mitterrand, Jean-Christophe, chef de la
cellule africaine de l´Elysée, reçoit un appel téléphonique du
président Habyarimana en présence du chercheur Gérard Prunier,
sollicitant l´intervention militaire de la France.
> Selon le général Maurice Schmitt, chef d´état-major des armées
françaises, le président Mitterrand, alors en voyage en Arabie
saoudite, décide le 4 octobre, peu avant l´heure du déjeuner,
d´envoyer des troupes au Rwanda. Cette décision intervient après un
bref conseil de défense tenu avec ses collaborateurs présents,
précise le document qui ajoute que le jour même, les premiers
éléments de l´opération « Noroît » en provenance de Centrafrique
débarquent à Kigali.
> Le débarquement des Français à travers l´opération « Noroît » a
trois objectifs officiellement déclarés : protéger l´ambassade de
France, assurer la protection des ressortissants français et leur
éventuelle évacuation. Cette protection devait s´élargir à tous les
Européens et impliquait le contrôle de l´aéroport en cas
d´évacuation. Selon l´amiral Lanxade, ces troupes ne devaient en
aucun cas se mêler des questions de maintien de l´ordre.
> Selon le rapport, après l´offensive du Fpr et en réponse aux
demandes pressantes du président Habyarimana qui souhaite ardemment
une aide française directe dans les combats, la France décide
d´apporter son appui sous forme de conseil, d´assistance et
d´instruction, afin de permettre aux Far de faire face au Fpr. Le 15
mars 1991, l´ambassadeur Martres est prié d´informer le président
Habyarimana de la décision de la France de mettre à la disposition
du Rwanda un Détachement d´assistance militaire et d´instruction
(Dami). Celui-ci a pour tache de former et de recycler les unités
des Far, oeuvrant dans les secteurs opérationnels, former la Garde
présidentielle.
> Comment les autorités politiques françaises ont-elles justifié
l´engagement militaire de leurs troupes au Rwanda entre octobre 1990
et décembre 1993, date du retrait officiel de celles-ci ? Selon le
rapport, elles ont donné différentes explications au fur et à mesure
du déploiement des troupes. Dix jours après le lancement de
l´intervention militaire, le président Mitterrand, lors d´une
conférence de presse, l´explique de la façon suivante : " La France
a envoyé deux Compagnies qui ont permis l´évacuation des Français et
d´un certain nombre d´étrangers qui se sont mis sous notre
protection, nous avons d´ailleurs agi en harmonie avec le
gouvernement belge, qui a agi de même. Voilà, c´est tout. Cette
troupe n´a pas d´autre mission que celle-là et cette mission
remplie, bien entendu, elle rentrera en France ».
> Ce message sera inlassablement répété par tous les ministres et
fonctionnaires appelés à justifier l´opération « Noroît ». Parmi
ceux-ci, le Premier ministre Michel Rocard et le ministre de la
Défense Jean-Pierre Chevènement.
> Cependant, l´enquête a ainsi permis de constater que,
contrairement aux déclarations officielles, l´aide militaire
française à la guerre a été multiforme et souvent directe, comme
dans le cas de la collecte de renseignements militaires, de
supervision stratégique et opérationnelle de la guerre, de
contribution en feu d´artillerie ou de minage par des militaires
français. Le rapport informe que le soutien s´est également
matérialisé à travers un appui en renseignements militaires et
écoutes téléphoniques.
> « L´aide militaire et politique de la France au Rwanda, entre 1990
et 1994, a été intense et visible. Cependant, à d´autres égards,
elle a été discrète et clandestine, grâce à l´étroite collaboration
entre les services de renseignements des deux Etats et au soutien
consenti par des cadres supérieurs français », nous apprend le
document. français s´est aussi manifesté à travers l´octroi à
l´armée rwandaise d´un équipement d´écoutes, à savoir deux systèmes
de radio surveillance, deux radiogoniomètres TRC 195, des
équipements radio-tactiques et radio-surveillance, trois équipements
de radio-surveillance. Cet équipement a permis de capter les
communications secrètes du Fpr pourtant considérées comme très
protégées, selon le rapport citant Pierre Péan.
> Les Far ont pu bénéficier de conseils stratégiques et d´appui
tactique par le canal de réunions d´évaluation et de planification
stratégique. " Au début de la guerre, des réunions régulières
étaient tenues à l´état-major de l´armée rwandaise. Y participaient
une dizaine d´officiers, parfois moins, dont des Belges et des
Français. L´examen de certains comptes-rendus de ces réunions montre
que les officiers français y étaient souvent conviés ", informe le
rapport.
> Selon le rapport, la France a directement participé aux combats
entre 1990-1993. Cette participation a été systématique à chacune
des offensives importantes du Fpr. On la perçoit en octobre 1990, en
janvier 1991, de juin à septembre 1992 et enfin en février 1993, lit-
on dans le document. Il existe de fortes présomptions indiquant
qu´au tout début de la guerre en octobre 1990, des pilotes français
ont été aux commandes des hélicoptères de combat qui, selon des
sources françaises, auraient fortement contribué à la mise en
déroute du Fpr.
> Programme de défense civile
> La France est aussi accusée d´avoir participé à la formation des
miliciens Interahamwes et à l´autodéfense civile. Les Interahamwes
étaient le fer de lance de l´exécution du génocide, selon le
rapport. A côté du mouvement proprement dit, un second processus de
formation militaire et d´armement de civils a pris forme, appelé
Organisation de la défense civile qui a pour mission d´entraver les
infiltrations des combattants du Fpr et de surveiller les
populations civiles tutsi des localités concernées et de les
massacrer aussi au moment opportun.
> Le rapport retient que des militaires français, vraisemblablement
des éléments du Dami, ont participé, dès février 1992, au démarrage
du programme de "défense civile" qui avait pour but de former une
milice de civils dont l´un des objectifs était de les préparer à
tuer les civils tutsi de leur localité. Dès le mois de février 1992,
poursuit le document, " les Interahamwes ont joué un rôle
prépondérant dans les massacres, tueries et assassinats perpétrés
dans le pays, tout particulièrement dans le Bugesera début mars 1992
et dans le Nord du pays de fin novembre 1992 à fin janvier 1993 ".
> Ces massacres ont été qualifiés, en mars 1993 et en août 1993,
d´actes de génocide par différentes organisations de défense des
droits de l´Homme. Malgré cela, se désole le document, les
militaires français ont continué à former les miliciens et ont
participé à l´intensification de leur formation vers la fin de
l´année 1993. Il apparaît que cette intensification de la formation
des Interahamwes fut un des éléments de préparation du génocide
d´avril-juillet 1994. Les militaires français ont une part de
responsabilité dans les tueries et les massacres qualifiés d´actes
de génocide commis par les Interahamwes en mars 1992 et décembre
1993, indique le rapport.
> L´assistance militaire française s´est étendue au Centre de
recherche criminelle et de documentation (Crcd) qui était l´organe
d´investigation criminelle de la Gendarmerie. La coopération
militaire française avait déployé quatre instructeurs dans cette
institution. Ceux-ci ont pris le contrôle de l´institution et se
sont employés à protéger les agissements criminels du régime par la
désinformation ou le silence, que ce soit les massacres ethniques ou
certains actes de terrorisme. Enfin, ont-ils informatisé le fichier
central sans savoir qu´il serait utilisé pour ficher les Tutsi et
les opposants politiques ?
> La France a apporté son expertise dans la formation en technique
et déontologie de Police judiciaire et la conduite d´enquêtes et
aidé à l´informatisation du fichier central. Cette informatisation
du fichier aurait aidé à la confection des listes des personnes à
tuer. Des viols, violences physiques et autres humiliations ont été
perpétrés par des Français, selon le rapport. La commission a
recueilli nombre de témoignages montrant les humiliations et
violences subies par les Tutsi dans ces barrières, parfois commises
directement par des Français, souvent par des Rwandais au vu et au
su des Français.
> Et les autorités de l´Hexagone étaient bien au courant des
massacres qui se passaient, selon le rapport, qui indique qu´il y a
eu ségrégation ethnique et arrestations arbitraires, disparitions de
personnes arrêtées sous les yeux des Français. Le rapport va plus
loin en indiquant que des Français ont participé ou assisté aux
assassinats dans les camps militaires et en dehors des barrières.
> Avec des témoignages poignants de victimes, le rapport révèle que
les militaires français ont commis des viols et agressions sexuelles
sur des filles rwandaises. Pourtant, l´alerte a été sonnée à travers
des rapports. La commission indique dans les premiers jours du
conflit en octobre 1990, l´attaché de défense en poste à Kigali, le
colonel Jacques Galinié, envoie plusieurs messages à ses supérieurs
en France, qui plaident pour l´octroi d´une aide militaire accrue en
faveur de l´Armée rwandaise, mais mentionne aussi la possibilité
d´un génocide contre les Tutsi. Les rapports des Organisations non-
gouvernementales et de la Société civile rwandaise avaient aussi
averti. Mais la France, qui a réussi « instrumentaliser l´Onu », a
poursuivi son soutien, contribuant à la radicalisation ethnique du
conflit, malgré l´insuccès de la tentative d´impliquer des autres
pays européens.
> LES ACCUSATIONS VUES DE PARIS : La France rejette les accusations
et offre une nouvelle relation au Rwanda
> Les autorités françaises rejettent en bloc les accusations portées
contre leur pays sur le génocide rwandais de 1994, par le commission
chargée d´enquêter sur son implication dans les tueries ayant
occasionné des milliers de morts dans ce pays d´Afrique.
> La France a dénoncé les accusations contenues dans le rapport
publié par la commission adoptée par Kigali chargée d´établir son
implication dans le génocide de 1994. Selon la radio française, Rfi,
Paris a rejeté les griefs portés à son endroit, tout en affirmant sa
volonté de construire une nouvelle relation avec cet Etat africain.
Selon le porte-parole du ministère français des Affaires
étrangères, « il y a dans ce rapport des accusation inacceptables à
l´égard de responsables politiques et militaires français ». Le
porte-parole a néanmoins ajouté que la « détermination » de son pays
de construire « une nouvelle relation avec le Rwanda, au-delà de ce
passé difficile, reste intacte ».
> D´autres personnalités françaises se sont indigné du rapport.
Ministre des Affaires étrangères au moment des faits, Alain Juppé
renvoie à un article qu´il a publié sur son blog en janvier dernier.
Selon Rfi, il a écrit, par exemple, que, depuis plusieurs
années, « on assiste à une réécriture de l´histoire visant à
transformer la France d´acteur engagé en complice du génocide ».
Toujours selon la radio française, Hubert Védrine, ancien ministre
socialiste des Affaires étrangères, renvoie à un éditorial écrit en
juin dernier pour l´Institut François Mitterrand. Dans cet article
publié en juin 2004, il a rappelé la politique que François
Mitterrand a entendu mener dans un Rwanda miné par une tension vive
entre Hutu et Tutsi. Selon lui, c´est dans une situation de
profondes crises que la France est parvenue quand même à faire
signer par les uns et par les autres, le 4 août 1993, les accords
d´Arusha au prix de
> très fortes pressions sur les deux camps.
> Il s´indigne des accusations proférées contre l´Hexagone. Celles-
ci se focalisent en général sur les seules semaines du génocide. Ces
griefs font l´impasse sur les données générales de la politique
africaine de la France, déplore-t-il, ajoutant que ces remarques
négligent la question de l´attentat qui a coûté la vie au président
Habyarimana et ne s´intéressent pas à ce qu´est devenu « le régime
rwandais par la suite ni aux massacres commis par son armée dans le
Nord-Est de la République démocratique du Congo, ni à sa rupture
avec l´Ouganda ».
> Restant toujours sur les efforts de la France, M. Védrine convoque
l´opération « Turquoise » déclenchée par la France, malgré la non-
participation des autres grandes puissances. Toutefois, il réfute
les propos, selon lesquels, cette mission avait pour objet d´aider
les génocidaires à fuir. C´est une accusation sans fondement,
martèle-t-il. « Si cela avait été son intention, la France n´aurait
pas attendu une autorisation du Conseil de sécurité pour y aller !
De toute façon, c´est absurde, les génocidaires pouvant partir par
n´importe quelles frontières, en dehors de celles de l´Ouganda. Et
de fait, ils sont notamment partis par Goma », explique-t-il.
> Mise en cause par le document, les militaires ne sont pas en
reste. Le ministère français de la Défense réoriente, lui, vers un
communiqué du 9 février dans lequel il déclarait que : « la France
assume son action au Rwanda en 1994 et ne reconnaît ni la
légitimité, ni la compétence » de la commission d´enquête créée à
Kigali. Enfin, poursuit Rfi, le général Fourcade, commandant de
l´opération militaire « Turquoise », accusée de complicité, est en
train d´étudier le rapport, mais estime que c´est aux politiques de
s´exprimer en premier.
> MORT DU PRESIDENT HABYARIMANA : Un avion abattu en plein
atterrissage, un massacre prend son envol…
> Fait déclencheur du génocide rwandais en 1994, l´abattage, en
plein atterrissage, de l´avion du président Habyarimana, de retour
de Dar-es-Salam. Selon le rapport de la commission nationale
indépendante chargée de rassembler les preuves montrant
l´implication de l´Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda
en 1994, dès cette soirée même, les militaires de la Garde
présidentielle, du Bataillon de parachutistes et de celui de
reconnaissance ainsi que des miliciens interahamwes, dressent des
barrières sur tous les grands axes routiers et dans plusieurs
quartiers de la capitale. Les tueries commencent. Ceci précipite la
décision de la France de l´envoi « d´un contingent militaire au
Rwanda ».
> Cette intervention militaire, qui a duré du 9 au 12 avril 1994, se
verra attribuer le nom de code « Amaryllis ». La principale
justification donnée à l´opération sera l´évacuation des
ressortissants français. Mais le rapport révèle que l´évacuation
simple des ressortissants français et étrangers n´est pas la seule
option envisagée. Elle aura aussi approvisionné les Far engagées
dans le génocide en munitions.
> L´opération « Amaryllis » est composée de 464 soldats d´élite. La
collaboration entre les troupes françaises et les Far est
excellente. « Les instructeurs français des unités d´élite des Far
les plus impliquées dans les tueries sont encore présents à
Kigali », révèle le rapport qui établit un soutien de la France au
colonel Bagosora qui a donné des ordres de massacres à la Garde
présidentielle, au Bataillon de reconnaissance et au Bataillon para-
commando avec lesquels il disposait d´une liaison radio directe et
privée. Ce dernier est aujourd´hui poursuivi par le Tpir comme
organisateur du génocide, indique le rapport qui ajoute que
l´ambassadeur français, Jean-Philippe Marlaud, s´est impliqué
personnellement aux côtés du colonel Bagosora, dans la formation du
gouvernement intérimaire. La France a également aidé à la protection
des extrémistes du Hutu Power et au soutien des Far à travers
l´opération
> « Turquoise » en juin 1994.
> LES RECOMMANDATIONS DE LA COMMISSION : Entre les juridictions
internationales et la diplomatie
> La commission demande au gouvernement rwandais de se réserver le
droit de porter plainte contre l´Etat français pour sa
responsabilité dans la préparation et l´exécution du génocide de
1994 au Rwanda devant les instances judiciaires internationales
habilitées.
> « En décidant de garder et de collaborer avec le personnel
politique et administratif, avec les hommes de main et leurs
infrastructures qui avaient perpétré le génocide durant les deux
mois et demi précédents, en leur demandant et/ou les laissant
continuer les assassinats de Tutsi qui, dans le contexte, étaient
constitutifs du crime de génocide, souvent sous leurs yeux, les
militaires français de « Turquoise » et leurs commanditaires ont
pleinement pris en charge le projet génocidaire », indique-t-elle
dans la panoplie d´argumentations émises.
> La commission recommande au gouvernement rwandais de trouver un
règlement diplomatique de la question avec l´Etat français dans la
mesure où ce dernier est prêt à reconnaître l´entière étendue de sa
responsabilité dans la préparation et l´exécution du génocide au
Rwanda et de prendre les mesures de réparation conséquentes en
accord avec le gouvernement rwandais.
> Elle demande aussi au gouvernement rwandais de soutenir toute
action individuelle ou collective de victimes qui souhaiteraient
porter plainte devant les tribunaux pour le préjudice causé par les
actions de l´Etat français et/ou ses agents au Rwanda. La commission
recommande au gouvernement rwandais de faire une large diffusion du
présent rapport et de mettre en place une instance de suivi de la
question.

> Par Babacar Dione
> Chantal Karara