(L'Avenir Quotidien 21/10/2008)

Le sommet de Québec s’est terminé sous un triste constat. L’image de cette organisation n’a que très peu changé à comparer avec d’autres organisations du même genre ! Que d’agendas qui n’ont que faire avec les objectifs de cette organisation ! Que d’intérêts mesquins ! La désignation de la ville qui devra abriter le prochain sommet l’a démontré. Le contenu des débats aussi. Pour des gens qui estiment partager des valeurs fortes, c’est inimaginable. Chez nous, lorsqu’on parle une même langue, on est appelé à un certain devoir de solidarité. On ne peut laisser la case du voisin brûler. Québec a mis en veilleuse tous les problèmes urgents qui se posent dans l’espace francophone au profit de la crise financière. Pour le déplacé du Kivu, la crise financière est plus supportable que son errance dans les forêts et brousse. Pour ce paysan, la priorité aurait été la solution à sa situation. Malheureusement, on n’a rien entendu même une simple interpellation du Rwanda qui, craignant une quelconque condamnation de la Francophonie, a devancé l’événement en faisant des déclarations tonitruantes.

On serait au Congo d’avant 2006, le sommet de Québec se serait contenté de demander aux Congolais de se démocratiser. On constate que ce qui compte, ce ne sont pas les questions particulières des Etats, mais des solutions génériques. Moralité, on doit se comporter dans l’Oif comme des membres anonymes. Seul l’ensemble compte. La Francophonie devient un machin. Pire, c’est que pour se faire entendre, il faut parler haut, crier. C’est ce que le Madagascar a compris. Il a brandi la menace de se retirer du cirque et on a craint cette mauvaise propagande qui donnerait raison à Kigali. En effet, si le Madagascar avait quelque chose à gagner dans la Francophonie, il ne brandirait pas telle menace. Kinshasa aurait assimilé la leçon, pour enfourcher le même cheval, la donne aurait changé. Mais pourquoi dépenser toute cette énergie dans un monde des anonymes ? D’aucuns pensent même que le chef de l’Etat congolais devrait renverser l’échelle de préférence pour aller à Québec à la seule idée de se battre pour accueillir le cirque en 2010. Que Kinshasa ait apuré ses arriérés de cotisation en dépit d’énormes besoins d’argent qu’a le gouvernement pour faire face aux problèmes autrement plus prioritaires, qu’un complexe hôtelier et qu’un centre de conférence à inaugurer le 30 juin 2010 pour accueillir ce sommet, soit en construction, que Kinshasa ait renouvelé par écrit sa candidature, tout cela ne suffisait pas. On voulait la présence de Kabila, non pas pour l’intérêt du Congo, mais pour des conciliabules qui ne sont pas des priorités aujourd’hui pour la Rdc. A entendre ceux qui soutenaient (sic) la candidature de la Rdc, « l’organisation de ce sommet à Kinshasa aurait été une façon de manifester la solidarité avec ce pays qui sort de la guerre et qui connaît encore la guerre ». Si c’est ce que la Rdc devrait gagner en abritant ce sommet, félicitation pour ceux qui ont choisi le Madagascar. Parce que Kinshasa ne peut avoir de la Francophonie qu’une consolation aux allures d’une larme de crocodile, autant oublier la Francophonie. On n’a que faire de Pierre de Coubertin dans ce genre de forum. Comme qui perd gagne, Kinshasa qui a perdu le sommet de 2010, gagne celui de 2012 en espérant qu’un autre événement ne viendra pas imposer l’inéligibilité de la Rdc comme autrefois avec Mobutu. Il suffirait d’un témoignage fourbe de Compaoré ou d’un autre privilégié de la France, pour que tout change. Tant pis, alors.

Joachim Diana G.