FILMS & DOCUMENTAIRES

TUEZ LES TOUS. Histoire d’un génocide ’sans importance’. Dum Dum films / la Classe américaine (Sortie DVD le 31/05/2005) Documentaire. 1h40 + 1h de bonus.

Raphaël Glucksmann, David Hazan et Pierre Mezerette, trois journalistes français interrogatifs sur le passé trouble de la France au Rwanda signent ici une enquête approfondie de l’Histoire du génocide. Divisée en cinq grandes parties, la dernière s’attaque particulièrement à la complicité française. Envoi d’expert français de la lutte antiguérilla, restructuration complète de l’armée rwandaise, savoir faire français en terme de guerre anti-subversive (organisation de structures d’autodéfense populaires, quadrillage des populations dans tout le pays, guerre psychologique, formation de milices, hiérarchies parallèles), participation de militaires français au contrôles d’identité ethniques, livraisons d’armes, expérimentations de génocide à Musenyi, Mayange et Maranyundo et ambiguités de l’Opération Turquoise, le film pose les questions de cet engagement. Un documentaire très pédagogique, salué par la presse et les spectateurs pour son rôle salutaire. Prix Michel Mitrani au FIPA 2005.

 

THE BLOODY TRICOLOUR. de Stephen BRADSHAW. Panorama, BBC, 1995. Disponible en Version française.

Diffusé sur la BBC en 1995, ce documentaire dévoile l’engagement militaire français au Rwanda et en particulier depuis 1990, le rôle occulte de la cellule africaine de l’Elysée et notamment de Jean Christophe Mitterrand.

SOMETIMES IN APRIL (Quelques jours en avril) film de Raoul Peck. 2005. 2h20.

Célèbre depuis la biographie de Lumumba (2000), le réalisateur Raoul Peck signe avec Sometimes In April l’un des films les plus rigoureux de l’Histoire du génocide des Tutsi du Rwanda. A travers la fiction de deux frères séparés par le génocide, Raoul Peck retrace l’Histoire du Rwanda, de la colonisation à l’après génocide et le besoin de justice. Loin du sentimentalisme d’Hotel Rwanda, l’approche historique, amplement documentée, est prédominante. Débarrassé des clichés de l’"Afrique sauvage", Raoul Peck montre que le génocide des Tutsi du Rwanda n’a rien à voir avec une haine ethnique ancestrale. Il s’agit d’une histoire politique et moderne, qu’il décrit comme la soif de pouvoir d’un clan extrémiste, largement armé par la France. Un film fort, à voir absolument.
Diffusé sur Arte (22/02/2008) , disponible en DVD [Amazon].

 

The Dead Are Alive : An Eyewitness in Rwanda. Documentaire de Anna Van Der Wee, Els de Temmerman, Katerina Cizek, Belgique, 40 min. 1996.

Une enquête dans les coulisses du génocide rwandais compilée à partir de plus de 100 bandes vidéo de séquences inédites. Ce documentaire est basé sur le journal tenu par le journaliste belge Els De Temmerman sur une période de cinq mois en 1994.

 

J’AI SERRE LA MAIN DU DIABLE (Shake hand with the Devil). Film de Roger Spottiswoode avec Roy Dupuis, Jean-Hugues Anglade. Canada, 2007.

Le lieutenant-général Roméo Dallaire a assuré en 1993-1994 le commandement de la Force internationale de maintien de la paix des Nations unies au Rwanda (MINUAR). Face à ses supérieurs qui l’empêcheront de mener à bien sa mission, Roméo Dallaire prend la décision de rester au Rwanda lorsqu’il reçoit l’ordre d’évacuer le pays au début du génocide. Avec des effectifs et moyens insuffisants pour arrêter le génocide, Roméo Dallaire reste pour témoigner, et ne cessera de remuer ciel et terre pour alerter le monde. Le film de Roger Spottiswoode est fidèlement adapté du livre autobiographique du Lt-Gal Romeo Dallaire "J’ai serré la main du diable, la faillite de l’humanité au Rwanda" (Libre Expression, 2003). Roméo Dallaire y est interprété par Roy Dupuis.

 

RWANDA, RECIT d’UN SURVIVANT. un film de Robert Genoud & Venuste Kayimahe. L’Harmattan / Zarafa films 2005. DVD. 52 min.

Venuste Kayimahe a travaillé pendant vingts ans comme employé du centre Culturel français de Kigali. Abandonné par la France à une mort certaine lors de l’évacuation des expatriés quelques jours après le déclenchement du génocide, il parvient à être évacué in extremis par les belges. Robert Genoud, ami de longue date de Venuste signe ici un portrait d’un homme profondément meurtri par la perte de sa fille, sa mère, ses frères et soeurs. Témoin privilégié des relations franco-rwandaise à Kigali, Venuste accomplit son devoir de Mémoire par l’écriture, et la publication d’un livre autobiographique "France-Rwanda : les coulisses du génocide" (Dagorno-L’esprit frappeur, 2002).

 

OPERATION TURQUOISE. téléfilm d’Alain Tasma. France. 2007.

Fiction TV Canal+ sur l’Opération Turquoise (22 juin 1994 – 21 août 1994).
Le film commence avec le débarquement des militaires français de Turquoise fin juin 1994 au Rwanda, à la fin du génocide. En suivant ces militaires, le spectateur reconstitue peu à peu l’objet du génocide, le bref rappel historique très approximatif ne lui donnant que peu de clés de compréhension. Si le film a le courage d’avancer sur le terrain de l’implication française dans le génocide des Tutsi (rappelant au travers de dialogues la formation militaire dispensée aux militaires et miliciens avant le génocide, la participation de français aux contrôles d’identité ethniques en 1993, le soutien diplomatique français au régime extrémiste, et l’appui militaire au Congo après le génocide), la fiction se perd dans une version humanitaire amplement surestimée, oubliant de même quelques livraisons d’armes et munitions.

 

Escadrons de la mort, l’école française. Marie-Monique ROBIN. DVD Ideale Audience International, 2006

Dans les années 1970 et 1980, les dictatures militaires du Cône sud de l’Amérique latine ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à une échelle sans précédent les techniques de la " guerre sale " : rafles indiscriminées, torture systématique, exécutions extrajudiciaires et " disparitions ", escadrons de la mort… C’est en enquêtant sur l’organisation transnationale dont s’étaient dotées ces dictatures – le fameux " Plan Condor "- que Marie-Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains (et en particulier argentins). Des méthodes expérimentées en Indochine, puis généralisées au cours de la guerre d’Algérie, pendant laquelle des officiers théoriseront le concept de " guerre révolutionnaire ". Dès la fin des années 1950, les méthodes de la " Bataille d’Alger " sont enseignées à l’Ecole supérieure de guerre de Paris, puis en Argentin, où s’installe une " mission militaire permanente française " constituée d’anciens d’Algérie (elle siégera dans les bureaux de l’état-major argentin jusqu’à la dictature du général Videla). De même, en 1960, des experts français en lutte antisubversive, dont le général Paul Aussaresses, formeront les officiers américains aux techniques de la " guerre moderne " qu’ils appliqueront au Sud-Viêtnam. Fruit d’une enquête de deux ans, menée en Amérique Latine et en Europe, ce livre apporte d’étonnantes révélations, appuyées sur des archives inédites et sur les déclarations exclusives de nombreux anciens généraux – français, américains, argentins, chiliens… Des dessous encore méconnus des guerres françaises en Indochine et en Algérie, jusqu’à la collaboration politique secrète établie par le gouvernement de Valéry Giscard D’Estaing avec les dictatures de Pinochet et Videla, ce documentaire, bref condensé du livre homonyme dévoile une page occulte de l’histoire de France, où se croisent aussi des anciens de l’OAS, des fascistes européens ou des " moines soldats " agissant pour le compte de l’organisation intégriste de la Cité catholique…

Laurier du meilleur Documentaire Politique (Club Audiovisuel de Paris) en 2003, Prix de la Meilleure Investigation au FIGRA 2004), Prix du Mérite décerné par The Latin American Studies Association de Las Vegas (2004).