Arusha, 21 novembre 2008 (FH) – Claudine Vidal et André Guichaoua, les deux sociologues francais, spécialistes du Rwanda, qui avaient respectivement préfacé et postfacé en 2005 le livre d'Abdul Ruzibiza intitulé "Rwanda, l'histoire secrète", s'étonnent de son revirement et rappelent dans un communiqué que Ruzibiza a, le 14 mars 2004, mis sur le net un long témoignage en kinyarwanda, suivi, le 7 avril 2004, d'un communiqué (dans une traduction approuvée par l'auteur) accessible sur ce lien : http://www.inshuti.org/ruzibiza.htm

« Prétendre que tous les témoignages relèvent du négationnisme ou de la manipulation de la part de la France qui veut cacher son rôle dans le génocide, est un pur mensonge.[…] Ce sont les Français, devenus amis de Habyarimana et de son entourage, qui ont fait que je sois orphelin […] A quel prix puis-je donc oublier la mort de mon père, ma mère, mes six frères et sœurs ainsi que mes autres membres de la famille ? Quel génie peut inventer une histoire pareille ? Ce que je raconte est authentique. […] Kagame appelle cela du révisionnisme tout en sachant que c'est lui qui a déclenché ce génocide, et qui l'a rendu possible", dit Abdul Ruzibiza.

"Depuis ce cri de colère et ce serment de sincérité, estiment Vidal et Guichaoua, Abdul Ruzibiza n'a pas varié dans son récit, que ce soit dans son livre, Rwanda. L'histoire secrète, que ce soit au cours de son témoignage au TPIR, que ce soit à l'intention de nombreux médias internationaux. Aujourd'hui, écrivent ils, Abdul Ruzibiza déclare que ses témoignages précédents étaient des « montages » et que ceci vaut pour le livre qu'il atteste avoir écrit et que nous avons, l'une, préfacé, l'autre, postfacé".

"Nous rappelons cependant que ce livre a 494 pages sur lesquelles 15 pages seulement sont consacrées à l'attentat contre l'avion du Président Habyarimana. Dans ses déclarations, Ruzibiza intervient uniquement sur cet épisode pour affirmer qu'à ce sujet il a tout inventé. Nous avons eu cependant l'occcasion de vérifier, avant la publication de cet ouvrage, que nombre d'informations livrées par l'auteur étaient recoupées par d'autres témoignages, autres que ceux connus par Ruzibiza. Aujourd'hui nous ne sommes pas convaincus que Ruzibiza puisse prouver qu'il a menti sur toute la ligne depuis 2003 et notamment devant le TPIR, que ce soit sur l'attentat, que ce soit sur d'autres points. Quant aux mobiles de la rétractation d'Abdul Ruzibiza, nous ne savons que ce qu'il en dit lui-même et que nous n'avons pas à discuter. Il appartient aux juridictions concernées de réagir à cette revendication de faux-témoignage" écrivent André Guichaoua et Claudine Vidal.

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