(Reuters 24/11/2008)

Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner souhaite que la France rétablisse ses relations diplomatiques avec le Rwanda.

Intervenant sur RFI et TV5, il a également souhaité que Rose Kabuye, une proche du président rwandais Paul Kagame, puisse obtenir un règlement favorable dans ses démêlés avec la justice française.

Elle a été mise en examen la semaine dernière à Paris pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste", dans un dossier lié au début du génocide de 1994, mais laissée en liberté.

"Madame Kabuye a été assez courageuse pour faire face à tout le monde et est maintenant en liberté chez nous. J'espère que, ayant accès au dossier, elle pourra, grâce a ses avocats, dissiper ces énormes malentendus. Je le souhaite infiniment", a dit le ministre français.

"Avec ce Rwanda qui renaît, il faut rétablir des relations normales", a-t-il ajouté.

La remise en liberté de Rose Kabuye demandée par le parquet a été interprétée comme un geste de Paris pour régler son litige avec Kigali. Les relations diplomatiques sont rompues depuis la délivrance en 2006 de mandats d'arrêt contre neuf officiels rwandais, dont Rose Kabuye.

Le dossier concerne l'attentat qui a coûté la vie au prédécesseur du Tutsi Paul Kagame, le Hutu Juvénal Habyarimana. Cet événement est considéré par beaucoup comme le détonateur du génocide qui s'est traduit par la mort de quelque 800.000 Tutsis et Hutus modérés entre juin et avril 1994.

Bernard Kouchner dit ne pas savoir et ne pas vouloir savoir si Paul Kagame est ou non coupable. Il penche en revanche pour la thèse d'un génocide prémédité, comme le régime actuel de Kigali.

"Je peux vous dire qu'il était préparé, qu'il a été déterminé, et je ne sais pas si c'est l'avion qui l'a déclenché mais il aurait été déclenché de toutes façons", a-t-il dit.

Officier dans le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé en 1994, Rose Kabuye a été désignée par trois témoins et certains documents comme une des organisatrices de l'attentat imputé par les juges français à un commando du FPR.

Le gouvernement de Kigali nie et accuse Paris d'avoir favorisé le génocide en soutenant le régime dont étaient issus ses auteurs. Bernard Kouchner a déclaré ne pas croire que des militaires français soient impliqués.

François Murphy et Thierry Lévêque