NEW YORK — Le représentant de l’ONU en République démocratique du Congo Alan Doss a mis en garde vendredi contre tout relâchement de la pression sur les rebelles hutu rwandais dans l’est du pays, malgré les meurtres et viols dont sont accusées les troupes gouvernementales.
Dans un compte-rendu au Conseil de sécurité, M. Doss a reconnu que la situation humanitaire sur place était très mauvaise, notamment que les violences sexuelles demeuraient « un énorme problème ».
Il a souligné d’une part les progrès accomplis contre les rebelles, d’autre part « l’impossibilité de protéger tout le monde, partout et tout le temps » au Nord et Sud-Kivu, « un territoire grand comme la Californie avec 8 millions d’habitants ».
Et il s’est opposé catégoriquement à l’idée d’une suspension de l’opération « Kimia II », qu’un autre expert onusien a qualifiée de « catastrophe ».
Une suspension de cette opération, menée depuis mars dans les Kivus par les Forces armées de RDC (FARDC), appuyées par les Casques bleus de l’ONU (Monuc), contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), « donnerait à celles-ci le temps de se regrouper et se réarmer », a-t-il affirmé.
« Cela enverrait également un message ambigu à certains éléments des FARDC qui ont dans le passé coopéré avec les FDLR », a-t-il ajouté.
« Une suspension rendrait plus difficile pour le gouvernement d’imposer l’autorité de l’Etat et d’empêcher la réapparition d’autres groupes armés », « serait célébrée comme une victoire par les FDLR », saperait la détermination de l’armée congolaise et « paradoxalement affaiblirait encore sa discipline », a argué M. Doss.
Dans un rapport accablant sur les droits de l’Homme en RDC, le rapporteur spécial de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, presse la communauté internationale d’agir pour éviter « une nouvelle effusion de sang » dans certaines régions du pays où tueries et violences continuent et où l’impunité est « chronique ».
« Il est clair que l’opération Kimia II a été une catastrophe, un désastre, en matière des droits de l’Homme », a-t-il jugé jeudi dans une conférence de presse à Kinshasa.
Déplacés par centaines de milliers, violences sexuelles « à grande échelle », au moins mille civils tués, villages brûlés par les rebelles ou l’armée régulière: FARDC et Monuc « doivent changer leur stratégie », plaide M. Alston.
Les rebelles hutu rwandais des FDLR, autrefois supplétifs des forces gouvernementales congolaises, sont estimés entre 4.000 et 6.000 combattants. Certains ont participé au génocide de 1994 contre la minorité tutsi au Rwanda avant de s’installer dans l’est de la RDC.
Postè par rwandaise.com