Fabienne Pous et Michele Ganascia.

Fabienne Pous et Michele Ganascia. Crédits photo : AFP

Les magistrates vont enquêter sur les plaintes visant des Rwandais installés en France et soupçonnés d’être impliqués dans le massacre de 1994. Une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali en 2006.

Un signe de détente entre Paris et Kigali, qui n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis l’automne 2006 ? Selon France Culture, deux juges parisiennes ont pu se rendre au Rwanda pour la première fois en trois ans. Dans le cadre d’une commission rogatoire internationale, Fabienne Pous et Michèle Ganascia enquêtent depuis samedi et pendant une semaine sur des plaintes visant des Rwandais installés en France et soupçonnés d’avoir pris part au massacre des tutsis minoritaires et d’avoir commis des crimes contre l’humanité.

Une dizaine d’enquêtes judiciaires ont été ouvertes et sont instruites à Paris. Elles concernent notamment Agathe Habyarimana, veuve du président rwandais Juvénal Habyarimana mort dans l’attentat le 6 avril 1994, dont on considère qu’il a donné le coup d’envoi du génocide où 800.000 tutsis et hutus modérés ont péri. Agathe Habyarimana aurait participé à la «planification, à l’organisation et à la direction» du massacre, selon des familles de victimes. Paris lui a refusé le statut de réfugiée politique, mais elle réside toujours en région parisienne sans être inquiétée.

Sont aussi visés un médecin installé à Maubeuge, Eugène Rwamycio, et Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali. A ce stade, seuls le religieux et un ancien préfet, Laurent Bucyibaruta, sont mis en examen en France pour des faits liés au génocide, respectivement depuis 1995 et 2000.

 

Mandats d’arrêt contre des proches du président rwandais

Mais c’est une autre affaire judiciaire sur les événements de 1994 qui est à l’origine du froid régnant entre Paris et Kigali. Les liens entre les deux pays ont été rompus lorsque le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière a émis en novembre 2006, neuf mandats d’arrêt contre des proches de l’actuel chef d’Etat rwandais tutsi Paul Kagame chef de la rébellion au moment du génocide, soupçonnés d’avoir participé à l’attentat contre l’avion du président hutu Habyarimana. Il n’en fallait pas plus pour tendre les relations déjà très difficiles entre les deux pays depuis le drame de 1994. Les autorités tutsies de Kigali accusent Paris d’avoir aidé les génocidaires hutus. Ce que la France a toujours démenti.

Les avocats de trois des Rwandais visés par ces mandats d’arrêt ont demandé au juge Marc Trévidic, qui a repris l’enquête de Jean-Louis Bruguière, de se rendre au Rwanda. Celui-ci est prêt, sur le principe, à y aller pour y entendre les témoignages de ces ressortissants. Or, la normalisation des relations entre les deux pays dépend de l’évolution de ce dossier. Kigali exige en effet la levée de tous les mandats d’arrêt.

 

 

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Posté par rwandaises.com