Joël Schuermans est un ancien para. Depuis 1999, il a quitté l’armée et exercé divers métiers : voyageur, berger, couturier, bûcheron… et désormais : écrivain. Son premier roman, « Karm Africa », est en train de faire une percée en librairie par le simple bouche à oreilles.

Pas de campagne de pub, pas d’attachée de presse, pas de communiqué tapageur : le livre de Joël Schuermans est sorti dans un relatif anonymat. Porté par l’enthousiasme de quelques lecteurs et sans aucun doute par celui de quelques libraires – dont on ne dira jamais assez le rôle essentiel de prescripteurs ! -, il est en train de tracer sa route.

 

KarmAfrica est un premier roman. Difficile de ne pas s’en rendre compte. L’auteur tombe dans les pièges du genre et n’a manifestement pas bénéficié des conseils avisés d’un véritable éditeur pour « toiletter » son texte et éviter les formules éculées, les redites, les descriptions parfois trop plates ou les dialogues attendus. Mais s’en dégage une sincérité, une force, qui méritent l’attention. Joël Schuermans s’attaque à l’une des pages les plus noires de l’histoire de l’armée belge, qui a fait les gros titres des journaux : la mission de l’ONU en Somalie, en 1993.

 

En partant d’un événement tragique dans sa vie – la maladie quasi incurable de son fils – le narrateur, dix ans après une bavure en Somalie, se pose la question du retour de bâton. Doit-on payer, tôt ou tard, pour ce qu’on a fait, ou ce qu’on a couvert, comme responsable d’une opération ? Le livre se divise en deux : le présent, période d’angoisse et d’hallucinations et le passé, dix ans plus tôt, livrant les clés de ce que cet ex-Casque Bleu pense être un « retour de karma ». Les chapitres alternent les deux périodes et proposent aux lecteurs de suivre l’errance de cet ex-militaire entre doute, culpabilité, souvenir et tentative de réconciliation avec lui-même.

 

Le final est surprenant, inattendu. Il fait de ce premier roman une œuvre singulière, qui se détache du lot de livres proposés depuis la rentrée littéraire. Joël Schuermans annonce un second livre vers 2010. Et il s’attaquera cette fois à la question du génocide au Rwanda.  On sent qu’il a l’étoffe d’un romancier. Et c’est tout ce qu’on lui souhaite.

 

Thierry Bellefroid